BELGICATHO

Dans l'église des Augustins de Würzburg également, tous les couples - y compris expressément les couples de même sexe - ont été invités à "venir chercher" la bénédiction individuelle dans une arrière-salle après le service.

L'ordre du service varie d'un endroit à l'autre. Un participant qui a assisté à la cérémonie de bénédiction à Cologne a déclaré à CNA Deutsch que la cérémonie ressemblait à un "événement politique". L'événement était dirigé par une conseillère pastorale en robe liturgique, qui a expliqué qu'elle avait déjà quitté son service religieux.

Après quelques déclarations politiques, l'Évangile a été lu à haute voix, suivi d'un discours. Enfin, la chanson Imagine de John Lennon a été jouée.

À l'église des jeunes de Würzburg, un organisateur a parlé de la "colère et de la tristesse" qui régnaient depuis l'intervention du Vatican. Un "mur" temporaire a été installé dans le sanctuaire, et les participants ont été invités à écrire "tout ce qui vous contrarie" et à placer leurs écrits sur le mur.

L'Église ne devrait pas avoir la prétention de définir ce qu'est l'amour, a commenté l'organisateur : "L'amour n'est pas un péché ; nous sommes tous bénis, fondamentalement. Construisons sur cette base".

Dans le même temps, dans l'église augustinienne voisine, le prêtre a souligné que la bénédiction de Dieu appartient à "tous les gens."

"Nous ne pouvons pas nous empêcher de bénir", a poursuivi le prêtre, ajoutant que ceux qui bénissaient des partenariats homosexuels suivaient leur conscience.

Le pasteur étudiant de Würzburg, le père Burkard Hose, a confirmé dans son discours lors de la cérémonie de bénédiction que, par le passé, de nombreuses personnes avaient été bénies "en secret".

"Nous continuerons à le faire", a-t-il déclaré, ajoutant : "L'Église n'a pas l'autorité de refuser des bénédictions".

Certaines bénédictions ont eu lieu avant le 10 mai. Les médias diocésains ont rapporté que le 7 mai, dans la ville de Geldern, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, deux prêtres catholiques ont procédé à la bénédiction de 35 couples devant un autel recouvert d'un drapeau arc-en-ciel.

La Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) a publié sa déclaration le 15 mars dans un document connu sous le nom de responsum ad dubium (réponse à une question). À la question "l'Église a-t-elle le pouvoir de donner la bénédiction aux unions de personnes de même sexe ?", la CDF répond par la négative. La congrégation a exposé son raisonnement dans une note explicative et un commentaire d'accompagnement.

La déclaration du Vatican, publiée avec l'approbation du pape François, a suscité des protestations dans le monde catholique germanophone. Plusieurs évêques ont exprimé leur soutien à la bénédiction des couples de même sexe, tandis que des églises ont arboré des drapeaux de fierté "LGBT" et qu'un groupe de plus de 200 professeurs de théologie a signé une déclaration critiquant le Vatican.

Cette réaction a incité des évêques d'autres pays à craindre que l'Église allemande ne se dirige vers un schisme. Parmi eux, l'évêque anglais Philip Egan, le cardinal australien George Pell et le cardinal italien Camillo Ruini.

Le cardinal Joseph Zen, ancien évêque de Hong Kong, a ajouté son nom à un appel, lancé au Portugal, demandant à Rome d'agir pour empêcher un "schisme" en Allemagne.

Les catholiques allemands ont également critiqué la journée de bénédiction des services. Le groupe "Maria 1.0" a exhorté les évêques du pays à s'unir à Rome face aux protestations.

Helmut Hoping, professeur de théologie dogmatique à l'université de Fribourg, a déclaré à CNA Deutsch que certains des prêtres procédant aux bénédictions "prônent aussi ouvertement l'ouverture du sacrement du mariage aux couples de même sexe à moyen terme".

Le théologien a également parlé de "tendances schismatiques" dans l'Église en Allemagne.

Selon lui, "dans plusieurs domaines de la doctrine et de la discipline de l'Église, la communion avec le pape est en train d'être rompue, par exemple lorsque des prêtres violent le "non" clair de la Congrégation pour la doctrine de la foi aux bénédictions de couples de même sexe, qui a été publié avec l'approbation du pape, et lorsque des évêques déclarent à l'avance qu'ils tolèrent généreusement cela ou déclarent ces bénédictions théologiquement possibles et pastoralement nécessaires."

Le père Gero Weishaupt, vicaire judiciaire de l'archidiocèse de Cologne et spécialiste du droit canonique, a noté dans une interview accordée à CNA Deutsch que l'ancien chef doctrinal du Vatican, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, et d'autres théologiens ont mis en garde contre un possible schisme en Allemagne.

"Et on peut se demander si cela ne se réalise pas déjà de manière latente", a commenté le père Weishaupt.

Plusieurs évêques allemands se sont déjà prononcés en faveur de la bénédiction des unions homosexuelles, notamment Mgr Georg Bätzing, évêque de Limburg, Mgr Franz-Josef Overbeck, évêque d'Essen, Mgr Helmut Dieser, évêque d'Aix-la-Chapelle, le cardinal Reinhard Marx, évêque de Munich et Freising, Mgr Franz-Josef Bode, évêque d'Osnabrück, Mgr Peter Kohlgraf, évêque de Mayence et Mgr Heinrich Timmerevers, évêque de Dresde-Meissen.

CNA Deutsch rapporte que l'évêque d'Essen a déclaré dans une interview le mois dernier qu'il "ne suspendrait pas un prêtre de son diocèse ou ne lui imposerait pas d'autres sanctions ecclésiastiques" si celui-ci bénissait des couples de même sexe.

Le diocèse d'Essen a récemment organisé un événement au cours duquel il a déclaré que la bénédiction de couples homosexuels n'était pas une question de "si, mais de comment".

Mais d'autres évêques allemands ont salué l'intervention de la CDF. Parmi eux, le cardinal Rainer Maria Woelki de Cologne, l'archevêque Stephan Burger de Freiburg, l'évêque Ulrich Neymeyr d'Erfurt, l'évêque Gregor Maria Hanke d'Eichstätt, l'évêque Wolfgang Ipolt de Görlitz, l'évêque Stefan Oster de Passau et l'évêque Rudolf Voderholzer de Regensburg.

Mgr Bätzing, élu chef de la conférence épiscopale allemande en 2020, a déclaré le mois dernier que la journée de protestation n'était pas un "signe utile."

Il a ajouté que les services de bénédiction n'étaient "pas adaptés en tant qu'instrument pour les manifestations politico-ecclésiastiques ou les actions de protestation."

Dans une interview accordée le 6 mai à ACI Stampa, le partenaire d'information en langue italienne de CNA, l'évêque de 60 ans a insisté sur le fait que l'Église en Allemagne restait proche de Rome, malgré les tensions sur les bénédictions de couples de même sexe, la communion pour les protestants et la "voie synodale" du pays.

Il a déclaré : "Il est absolument clair qu'il y a des questions que nous ne pouvons discuter qu'au niveau de l'Église universelle. Nous apporterons la contribution de l'Allemagne avec nos réflexions."

Il a ajouté : "Je voudrais toutefois rejeter l'accusation maintes fois utilisée de nous considérer comme des schismatiques ou de vouloir nous détacher de Rome en tant qu'Église nationale allemande. Notre lien avec Rome et le Saint-Père est très étroit."