L'Eglise à la sauce synodale (25/05/2021)

De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana (traduction de Benoît et moi) :

Un calvaire synodal pour l’Eglise

Une nouveau long calvaire synodal nous attend. Trois années synodales : d’abord les synodes nationaux, puis les synodes continentaux et enfin le synode universel, le tout d’ici à 2023. Cette nouvelle Église démocratique est déjà là : nous l’avons vue à l’œuvre lors des derniers synodes. Mais c’est une démocratie imposée par la force et la tromperie, une démocratie pilotée depuis le centre. Ce sera une « démocratie totalitaire ». Après le calvaire de la  » mère  » de tous les synodes, c’est-à-dire le (double) synode sur la famille en 2014 et 2015, la synodalité se gonfle sur elle-même et recouvre toute l’Église sans laisser d’échappatoire. Elle la recouvre non seulement en tant que méthode (si seulement elle n’était qu’une méthode de travail, certes improductive, mais tout de même une méthode), mais aussi en tant que substance et contenu.  

La synodalité – dit-on – est un chemin, elle est être en chemin, c’est le chemin en tant qu’être, ainsi l’Église synodale n’est pas en chemin mais elle est son propre chemin, elle est sa propre marche. C’est ainsi que de la synodalité naîtra la nouvelle Église, non plus une Église en chemin comme Église, mais une Église qui coïncide avec son propre chemin. En réalité, cette nouvelle Église est peut-être déjà là, dans le projet de ce nouveau calvaire synodal. Une Église en-chemin est une Église qui oriente son propre chemin à partir de sa propre essence et de son propre but, une Église qui est son propre chemin est une Église qui se réduit à son propre devenir, une Église qui devient temps, donc dans l’impossibilité de le racheter et de le sauver.

Il y a quelques années, le théologien Giacomo Canobbio a écrit que, de même que l’Église s’est autrefois inspirée de la monarchie pour sa constitution interne, elle devrait maintenant s’inspirer de la démocratie. Il n’y aurait aucun scandale – disait-il – si cela se produisait, car il s’agirait toujours, dans les deux cas, d’exemples politiques fournis par l’histoire.

Nous savons bien que ce n’est pas l’Église qui s’est inspirée de la royauté politique, mais le contraire, et cela aussi pour les versions progressivement frelatées de la monarchie qui – comme l’enseignent [Carl] Schmitt et d’autres – sont des imitations sécularisées du pouvoir divin. Malgré cela, on ne peut nier que l’Église d’aujourd’hui se veut démocratique et que la synodalité est la substance d’une Église démocratique.

Certes, c’est une démocratie imposée par la force et la tromperie, c’est une démocratie pilotée depuis le centre, c’est une « démocratie totalitaire », mais sur le fond, c’est une démocratie. Je me souviens que lorsque le synode du diocèse de Bolzano-Bressanone (2013-2015, ndt) a conclu ses travaux par des déclarations sans conteste hétérodoxes, contraires au dépôt de la foi et déviantes de la morale naturelle et catholique, l’évêque n’a pas dit un mot: qui suis-je pour m’opposer à un synode?
C’était une démocratie programmée, parce que l’évêque connaissait déjà ce résultat lorsqu’il a convoqué le synode et a convoqué le synode pour avoir ce résultat. C’est une démocratie imposée avec les motivations désormais habituelles de fidélité aux « signes des temps », de « docilité à l’Esprit », de ne pas avoir peur de la nouveauté. Cependant, elle reste formellement une démocratie parce que l’Esprit parlerait précisément dans une Église démocratique, ou plutôt dans la nature démocratique de l’Église.

Le même mécanisme a été suivi lors du double synode sur la famille, qui a été planifié dans les moindres détails dès le départ, mené avec les pressions et les contrôles typiques d’une police secrète, et conclu par un document qui, comme prévu, confirmait ce qu’il avait été décidé de confirmer lors de la convocation du synode. Avec une formule typique du pouvoir paternaliste, au cours de ce double synode, les synodaux ont été autorisés à dire des choses indignes du point de vue doctrinal et moral, afin que l’exhortation apostolique finale se révèle même équilibrée, apaisante, modérée.

Le même schéma a été suivi par le synode d’Amazonie, tandis que le synode allemand a fait un pas de plus dans la clarté de la confusion: le centre a simplement laissé faire, permettant à la démocratie ecclésiale allemande – qui, comme toute démocratie, est la dictature d’une minorité – de se prévaloir comme justification uniquement de sa propre praxis: nous voulons faire ainsi, nous faisons déjà ainsi et nous ferons ainsi. Très peu, sur le plan purement théorique, mais beaucoup pour la nouvelle démocratie ecclésiale pour laquelle la vérité naît de l’action pastorale d’en bas (pilotée d’en haut).

Compte tenu de ces prémisses, rien de rassurant pour la foi ne ressort du nouveau calvaire synodal de trois ans. Les affirmations les plus téméraires passent pour le souffle de l’Esprit Saint, l’adverbe « ensemble » comme garantie de la vérité du nom auquel il se réfère, le « comment » (généralement exprimé par le mot « convenir ») devenant critère du « quoi », la forme – au sens procédural de la démocratie – étant confondue avec la matière.

Nous le savons, et nous prévoyons déjà le caravansérail d’étrangetés auquel nous allons assister. Nous le savons parce que nous en avons déjà fait l’expérience lors de la récente phase synodale, mais nous ne pouvons pas nous plaindre des dangers du nouveau calvaire synodal de trois ans en nous contentant de rappeler les fruits négatifs des précédents. Il ne suffit pas de déplorer que ce sera, malheureusement, comme un grand synode allemand à pleine puissance. Ce qu’il faut faire, c’est aller à la racine et critiquer sévèrement le concept même de synodalité en usage dans l’Église aujourd’hui.

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