Certainement, ils ont manifesté – parce que c’était eux et eux seuls – contre le mariage pour tous en 2013, et ils ont perdu, se pensant forts dans la débandade. Il n’en reste rien. Non plus que de la fameuse « génération Jean-Paul II » qui eut son heure de gloire avec son million de gamins qui envahit les rues de Paris en 1997. Trente ans après, la « nouvelle évangélisation » n’est plus si neuve et, essoufflée comme une vieille cougar, attend la relève du soir qui ne vient jamais.
Dans l’incroyable Young Pope de Sorrentino, le jeune pape américain qu’incarne Jude Law, rétablissant la sedia et rachetant la tiare, faisant à nouveau enfin de l’Église catholique l’immense vaisseau hiératique qu’elle aurait toujours dû demeurer, décide devant des cardinaux mis au pas que désormais ce ne serait plus à Elle, l’Église de Jésus-Christ de « s’ouvrir au monde », mais que ce serait à lui, le monde, de mériter d’entrer dans le véhicule du Christ sur terre. Que désormais la porte serait étroite et qu’il faudrait ramper pour la passer, dans l’humilité du pécheur. Bien entendu, c’est une fable et un vœu pieux : quel contemporain serait capable de savoir vraiment ce que serait l’humilité, celle qui a jeté jadis des grands seigneurs sur les routes des croisades, et fait d’une jeunesse dorée des Templiers, c’est-à-dire des moines-soldats, déjà morts au monde et capables de mourir à la bataille ?
Quel parti politique porterait ce discours? Aucun, bien sûr, et peut-être n’est-ce pas leur rôle. Car ils sont du monde, et y restent, et sont un petit peu nuls. Que faire ? « Il faut parler du mal, nous confie Yann Raison du Cleuziou. Il faut que l’Église et ses prêtres en parlent parce que c‘est ça qui a été oublié ». Le mal ? Quel mal? Il est évidemment partout, et particulièrement à l’intérieur de l’Église, à croire qu’un tunnel a été creusé entre l’enfer et le Vatican. Oui, l’Église est remplie de porcs, depuis le curé de paroisse faussement modeste et réellement tripoteur jusqu’au « prince de l’Église » empourpré qui organise des partouzes dans un 800 m² romain avec l’argent des bonnes sœurs. À moins que ce soit celui de la mafia.
C’est finalement dans la coupe du Christ, celle du sacrifice, et elle seule que le Français trouvera son salut. Il s’agirait de le lui faire savoir, et ça commence maintenant
Mais ce mal-là, comme le raconte dans ces pages Yrieix Denis, l’Église qui en demeure consciente malgré toutes ses saletés est capable de s’en nettoyer. Le vrai mal, celui qui est dans le monde et que le monde ne veut pas savoir, est l’ennemi véritable. Et le pauvre enfant de l’époque, quand il en est triste sans en savoir l’origine, ira chercher qui sait l’en débarrasser. La technique, la jouissance, le confort, la mort en fait, au premier rang de ses médicaments. L’autre truc qui fait régner l’ordre et fait croire qu’il est une foi, qu’on appelle l’islam, prendra bien sûr son bénéfice. Mais rien ne se passera parce que toutes ces machines n’ont rien à proposer.
C’est finalement dans la coupe du Christ, celle du sacrifice, et elle seule que le Français trouvera son salut. Il s’agirait de le lui faire savoir, et ça commence maintenant.