« Il n’y a pas de miséricorde sans justice »
Sauver tout le monde après la mort : quel est le problème ? « Si nous sommes tous sauvés quoique nous fassions sur terre, que sauvegarde-t-on de la liberté humaine ? détaille le frère Marie Augustin. Est-ce que Dieu est tellement tout puissant qu’il puisse contraindre l’Homme au salut ? Dieu peut il nous imposer d’être sauvés contre notre gré ? »
Il s’agirait d’une « prédestination inversée » qui suscite encore d’autres questions, explique le dominicain : « Si nous sommes tous destinés au salut, à quoi bon travailler au bien de notre prochain sur terre ? » Nous pourrions répondre que faire le bien n’attend pas forcément de rétribution. Néanmoins, se pose une question de justice : « Notre Dieu est un Dieu de miséricorde, précise le frère Marie Augustin. Il veut donc le salut de tous. Mais il n’y a pas de miséricorde sans justice ; on le voit bien à l’échelle humaine dans les affaires d’abus sexuels. C’est la même chose pour Dieu, il ne peut pas laisser le mal impuni. »
« Il faut maintenir l’enfer comme possibilité réelle, mais il faut espérer qu’il soit vide »
N’est-il pas terrible de concevoir un Dieu autorisant l’existence de l’enfer ? Sur ce point, le dominicain renvoie à un court ouvrage écrit par le théologien Hans Urs Von Balthazar, L’enfer. Une question paru en 1992. « Il dit en somme : il faut maintenir l’enfer comme possibilité réelle, mais il faut espérer qu’il soit vide. »
Il faut aussi rappeler que le débat sur l’enfer est, comme toutes les questions eschatologiques (c'est-à-dire touchant aux fins dernières), hautement spéculatif. Pour ne pas s’enferrer dans des débats abscons, frère Marie Augustin propose un critère simple : « Est-ce que ce que nous disons sur la vie de l’homme dans la vie éternelle est compatible avec notre expérience présente de la vie ? » La vie éternelle étant le prolongement de la vie terrestre, l’une ne saurait contredire radicalement l’autre. Et Dieu ne saurait se contredire lui-même.
Une stratégie de petites phrases
Revenons au pape François. L’épisode de l’avion est difficile à interpréter car ambigu : sa petite phrase est immédiatement corrigée par l’assertion que Dieu « veut » sauver tout le monde, ce qui annule sa première assertion et est parfaitement conforme à la doctrine catholique.
« Cet épisode participe de son attitude générale assez ouverte, décomplexée, sympathique, estime frère Marie Augustin. Il sait très bien que ce sujet suppose une élaboration beaucoup plus profonde, mais n’estime-t-il pas que ces constructions théologiques subtiles n’intéressent pas grand monde aujourd’hui ? » En homme de média, le pape François n’ignore certainement pas cette réalité.
Quant au fait que son intervention se situe au sein d’une question sur le mariage homosexuel, ce n’est pas anodin. « On voit bien que depuis le début de son pontificat, sur les questions LGBT, il adopte une stratégie de petites phrases, indique le dominicain. Une façon de contourner l’impossibilité catholique de faire évoluer les textes du magistère. » Cela donne la mesure du propos du pape qui s’adresse au grand public : « Certes l’Eglise ne vous paraît pas très inclusive aujourd’hui, mais vous verrez, dans l’éternité, elle sera inclusive. Le salut est offert à tous sans distinction malgré ce que les apparences laissent croire dans la vie de l’Eglise aujourd’hui : l’accès au salut ne se fait pas en fonction de l’orientation sexuelle. »
Comme l’écrivait le grand mystique espagnol saint Jean de la Croix : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour ».
Commentaires
Je suis étonné qu'il ait eu des débats sur le sujet de l'enfer alors que Jésus est absolument claire la dessus dans Mathieu 25 : 46 "Alors il leur répondra, disant : En vérité, je vous dis : En tant que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, vous ne l'avez pas fait non plus à moi.
Et ceux-ci s'en iront dans les tourments éternels, et les justes, dans la vie éternelle".
C'est Jésus qui parle.
Et il parle clairement.
Que dire de la parabole des vierges sages et des vierges folles ; de la parabole de l'habit de noce, celui que le maître a demandé à ce qu'il soit jeté dehors, dans les ténèbres où il y a des pleurs et des grincements de dents ; des ouvriers homicides à qui il a été réservé un châtiment exemplaire ? Et la parabole du riche qui s'est retrouvé dans de grandes souffrances après sa mort et de Lazare qui connaissait enfin le bonheur ?
Enseigner aux hommes qu'il n'y a point d'enfer veut faire croire que Dieu n'est pas juste. Il est lâche, il a peur de nous et comme des enfants gâtés, il nous laisse nos caprices, nos méchancetés impunis, alors que dès l'ancien testament, Dieu ne laisse pas nos actions impunies parfois dès ici bas.
Tous ces textes sont pourtant très claire quant à la réalité de l'enfer !
Enseigner aux hommes que tous seront sauvés est un grave erreur qui sera sévèrement punie.
Écrit par : Alexis | 20/09/2021