L'arrêt de la pilule : une libération (20/10/2021)

Bien sûr, cet article de (sur le site de La Libre) ne constitue pas une charge contre la contraception en tant que telle, bien loin de là, mais ce rétropédalage concernant la pilule est intéressant d'autant plus qu'une ouverture y est pratiquée en faveur des méthodes naturelles. Nous le relayons sans souscrire bien évidemment aux alternatives artificielles proposées ni à la pratique "libérée" de la sexualité telle qu'elle y est présentée :

20 octobre 2021

Ces femmes ont décidé d'arrêter la pilule: "J'ai eu la sensation de redécouvrir qui j'étais vraiment"

Aujourd'hui, de plus en plus de femmes arrêtent la pilule - et les contraceptifs hormonaux de façon plus générale - afin de se tourner vers d'autres méthodes de contraception plus naturelles. Pourquoi font-elles ce choix? Comment se sentent-elles ensuite? Est-ce si facile d'arrêter la pilule? Explications.

Dans les discussions entre filles, il y a souvent un moment où le sujet de la contraception est mis sur la table. D'une part, parce que c'est une charge mentale qui pèse encore trop souvent sur les femmes et, d'autre part, parce que beaucoup en ont marre de prendre des hormones depuis des années. Preuve que le sujet est brûlant, notre demande de témoignages a reçu des dizaines et des dizaines de réponses en l'espace de quelques minutes. Toutes voulaient partager les raisons qui les ont amenées à arrêter la pilule.

Précisons d'emblée que ce moyen de contraception convient à beaucoup de personnes, et que nous ne voulons en aucun cas les encourager à le laisser tomber. Nous voulons simplement mettre en lumière les nombreux témoignages de femmes qui ont mal vécu la prise de contraceptifs hormonaux. Et leur montrer qu'elles ne sont pas les seules à se questionner sur leur méthode de contraception.

Pourquoi arrêter la pilule?

D'après les témoignages que nous avons reçus, le déclic est souvent le même : après de nombreuses années de prise de pilule (ou d'autres contraceptifs hormonaux), les femmes se rendent compte qu'elles souffrent d'effets secondaires potentiellement liés à leur contraceptif. Tout à coup, elles réalisent que leurs migraines, leur prise de poids, leur baisse de libido ou leurs problèmes intestinaux sont peut-être liés au comprimé qu'elles prennent quotidiennement. Alors, elles décident de changer leurs habitudes. C'est le cas de Gahine, 28 ans. "J'ai commencé la pilule à 15-16 ans, pour des problèmes d'acné. Mais très vite, j'ai souffert de désordres intestinaux assez forts. Depuis que j'ai arrêté la pilule, je n'ai plus du tout mal au ventre." Emilie, 27 ans, a quant à elle vécu une terrible prise de poids juste après avoir commencé la pilule. "Du coup, j'ai décidé de l'arrêter il y a deux ans, et maintenant mon poids est beaucoup plus stable." Nombreuses sont également les femmes qui pointent des problèmes de libido sous pilule. "Cela avait un impact négatif sur ma vie sexuelle. Forcément que la pilule est un moyen de contraception efficace, à partir du moment où on n'a plus envie de faire l'amour", ironise Marie, 24 ans.

Le Pr Philippe Simon, chef de la Clinique de Gynécologie à Erasme, entend aussi souvent ce genre de témoignages lors de ses consultations. Si certains effets secondaires de la pilule sont reconnus - la pilule est d'ailleurs déconseillée aux femmes en surpoids, qui fument ou qui présentent des risques de thromboses -, d'autres sont plus flous"Il y a sans doute un effet placebo qui n'est pas nul", explique-t-il. Gahine reconnaît d'ailleurs qu'elle n'a pas de preuves que ses problèmes intestinaux ont vraiment été résolus suite à l'arrêt de sa pilule puisque, comme elle l'explique, elle a également changé de mode d'alimentation au même moment. Le lien entre baisse de libido et pilule n'est pas non plus clairement établi. Certaines femmes ne remarquent aucun changement sur leur désir suite à la prise d'une pilule, d'autres constatent une augmentation de leur appétit sexuel, d'autres une baisse. "Cela dépend de chaque femme. Une femme qui connaît une baisse de libido sous une certaine pilule n'en connaîtra pas forcément sous une autre. Les femmes doivent trouver le mode de contraception qui leur convient", résume Philippe Simon.

Un retour au naturel

Pour beaucoup de jeunes femmes, âgées entre 25 et 35 ans, le mode de contraception qui leur convient est l'arrêt pur et simple de toute hormone artificielle. "Il y a un retour au naturel assez présent ces dernières années", explique Maëlle Kaddah, qui a fondé la plateforme "Ma vie après la pilule" en 2019, avec son amie Florette Le-Brech. "Avant, les femmes qui arrêtaient définitivement la pilule le faisaient après avoir voulu tomber enceinte. Durant toute cette période sans hormones, elles réalisaient les effets positifs sur leur corps. Aujourd'hui, elles sont nombreuses à faire ce choix après avoir lu des articles ou des livres sur le sujet. Elles se posent de plus en plus de questions sur ce qu'elles prennent", explique Maëlle. Si elle tient à préciser qu'elle n'est pas du tout "anti-pilule", elle rappelle que la prise d'un tel comprimé n'est pas un geste aussi banal qu'il y paraît.

Bien souvent, les femmes adoptent pourtant ce mode de contraception dès l'adolescence. Celles que nous avons interrogées expliquent avoir commencé la pilule "pour réguler leurs cycles", "pour diminuer leurs problèmes d'acné" ou "pour être protégées lors de leur première fois". "La pilule est le moyen contraceptif qu'on prescrit le plus", acquiesce le Pr Philippe Simon. "Certaines patientes viennent et demandent directement la pilule, d'autres demandent des informations sur les différents moyens de contraception. On leur explique alors ce qui existe et, bien souvent, les jeunes filles se tournent vers la pilule." Selon lui, les alternatives ne sont pas toujours évidentes à appréhender pour une jeune femme qui n'a pas encore eu de rapports sexuels. "Placer un stérilet peut être impressionnant pour une fille encore vierge, il faut également bien connaître son corps pour utiliser l'anneau contraceptif", illustre-t-il.

Peu importe les raisons invoquées, le constat est là : "la majorité des femmes ont vécu le passage de l'adolescence à l'âge adulte accompagnées d'hormones de synthèse", note Maëlle. "L'arrêt de la pilule est donc un grand pas dans la vie d'une femme." Celles qui se sentent prêtes à arrêter la pilule peuvent toutefois se sentir seules dans cette démarche, c'est pourquoi Maëlle et son amie Florette ont écrit le livre "Génération No Pilule". Dans cet ouvrage, les deux amies détaillent toutes les étapes par lesquelles une femme peut passer après l'arrêt de sa pilule. Car, même si l'arrêt de leur pilule est vu comme une libération pour les personnes interrogées, le processus n'est pas un long fleuve tranquille.

Un parcours qui n'est pas simple

Les femmes convaincues du bien-fondé d'arrêter les hormones de synthèse pensent parfois que tous leurs problèmes disparaîtront le jour-même de l'arrêt de leur pilule. Mais ce n'est pas si simple. "En plus de diminuer de moitié les risques de cancer de l'ovaire ou de l'utérus, la pilule régularise le cycle et diminue de moitié le volume des règles. Une femme qui arrête la pilule doit se rendre compte que ses cycles risquent d'être moins prévisibles et ses règles plus abondantes", note le Pr Philippe Simon. C'est ce qu'on appelle le syndrome post-pilule. Gahine confirme avoir eu des règles plus abondantes et beaucoup plus douloureuses. Sophie, 29 ans, a noté une pilosité plus importante depuis qu'elle a arrêté la pilule, ainsi qu'une peau plus grasse. "Mais j'ai simplement adapté ma routine beauté", explique-t-elle. Il n'empêche que les femmes doivent être au courant des chamboulements qui auront lieu les premiers mois. "Elles peuvent développer de l'acné, avoir des pertes de cheveux, des cycles irréguliers. Il faut que le corps se réhabitue", pointe Maëlle. Dans son livre, celle qui est également naturopathe de formation donne des solutions naturelles pour soigner les problèmes qui peuvent être rencontrés.

Malgré ces inconvénients (qui sont pour la plupart éphémères), celles qui ont arrêté la pilule par choix se montrent ravies. "J'ai plus de sautes d'humeur qu'avant, mais je deviens la personne que j'aurais toujours dû être. Je comprends enfin qui je suis", explique Gahine. Elisabeth, 28 ans, explique avoir "vécu sa meilleure vie" pendant l'arrêt de sa pilule. "J'ai eu la sensation de redécouvrir mon corps", note-t-elle. Hermine, 26 ans, se dit aussi ravie d'avoir pu se reconnecter à son corps. "Beaucoup se sentent libérées suite à l'arrêt de leur pilule, même si elles ne parviennent pas toujours à citer d'exemples concrets", explique pour sa part le Pr Philippe Simon. "Certaines femmes qui ont commencé à prendre la pilule ont trouvé ça génial et se sont senties libérées d'un poids mais, par la suite, elles ont eu l'impression que cette libération devenait un carcan et qu'elles vivaient sous l'emprise de la pilule qu'elles prenaient", poursuit-il. Elisabeth confirme : "J'avais l'impression d'être un animal qu'on gavait de cachets et d'hormones."

La recherche d'un nouveau moyen de contraception

Les femmes, à qui la pilule ne convient plus, entament presque toutes la recherche d'un nouveau moyen de contraception non hormonal. Parmi les méthodes barrières les plus courantes, on peut citer le préservatif, le diaphragme, le spermicide ou encore le stérilet au cuivre. "Je suis mariée et on utilise le préservatif", explique Sophie, 29 ans. Le docteur Philippe Simon, pour sa part, explique à ses patientes que "les pilules avec œstrogènes naturels ne donnent pas le même ressenti que celles avec des œstrogènes artificiels. Il existe maintenant de nouvelles pilules qui donnent moins la sensation de prison hormonale". Toutefois, si ses patientes refusent de rester sous pilule mais désirent garder un moyen de contraception, il leur recommande la pose d'un stérilet au cuivre. "Il leur permet de garder leur cycle spontané et d'avoir une meilleure efficacité contraceptive qu'avec d'autres méthodes."

Certaines femmes, comme Gahine, optent en effet pour des méthodes plus naturelles, comme le retrait, la méthode de la prise de températures ou la symptothermie. Si certaines méthodes naturelles peuvent être envisagées par les couples, "elles restent moins efficaces qu'un moyen contraceptif comme la pilule ou un stérilet au cuivre", précise d'emblée le Pr Philippe Simon. Mais c'est toujours mieux que de ne rien utiliser du tout. "Les femmes qui optent pour ces méthodes doivent bien connaître leur corps et être conscientes qu'elles risquent de tomber enceintes. Mais si elles sont prêtes à accepter ce risque, alors pourquoi pas?", détaille-t-il. Il vaut en tout cas toujours mieux demander conseil à son médecin avant d'entamer une nouvelle contraception.

Le regard des hommes

Certaines femmes, en couple au moment de l'arrêt de leur pilule, confient avoir dû faire face aux inquiétudes de leur compagnon à ce sujet. "Mon copain n'a pas été d'accord avec mon choix. Parmi mes copines, je remarque aussi que certaines veulent arrêter la pilule mais qu'elles sont bloquées par leur mec. Ce n'est pas toujours facile à comprendre pour le garçon", analyse Emilie. D'autres avouent que leur compagnon n'était "pas chaud" au début, mais qu'il a fini par réaliser les effets positifs que cela engendrait. "Cela a ouvert la discussion sur la contraception au sein de mon couple", affirment plusieurs femmes interrogées. Certains hommes ont même commencé à se renseigner sur les méthodes de contraception masculine sur le marché. "Jusque-là, les hommes ont toujours vécu sans hormone, j'ai le droit de connaître ça aussi", conclut Elisabeth.

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