Dans le cadre de sa visite à Chypre, le Pape François s’est exprimé devant des migrants chrétiens réunis pour l’occasion dans l’église de la Sainte Croix de Nicosie. Dans son allocution, le Pape s’est permis une bien étrange comparaison qui risque de choquer les déportés des camps de la mort ou leurs descendants. En effet, le Pape a rapproché certains camps de réfugiés avec « des camps de concentration nazis » ou avec « ceux de Staline ». En effet :

Nous nous plaignons lorsque nous lisons les histoires des camps de concentration du siècle dernier, celles des nazis, celles de Staline […]. Cela se produit aujourd’hui sur des rivages tout proches

Or il existe une différence fondamentale entre des camps de réfugiés et des camps nazis: les premiers ne sont pas conçus dans une optique d’extermination, quelles qu’aient été les difficultés endurées par les réfugiés. Même avec les camps staliniens la comparaison ne tient pas, car les camps de réfugiés ne poursuivent pas une finalité répressive visant à l’internement des gens en raison de leurs opinions ou de leurs agissements. Ce sont des camps de regroupement dont les effectifs ont gonflé à cause d’un refus d’accueillir ailleurs. Que ce refus démontre une mauvaise volonté de la part des dirigeants politiques est une chose, mais il ne traduit pas le souhait de détruire physiquement les réfugiés ou de leur infliger des préjudices physiques ou psychiques.

Les mots ont un sens. Il est regrettable que le Pape admette une démarche qui banalise l’horreur des camps de concentration.