En Chine : des prisonniers exécutés par prélèvement d'organes ? (09/04/2022)

Une synthèse de presse de gènéthique.org :

Chine : des prisonniers exécutés par prélèvement d’organes ?

8 avril 2022

Une étude menée par des chercheurs de l’Australian National University (ANU) a mis en évidence « des preuves suggérant fortement que les chirurgiens chinois des hôpitaux civils et militaires d’État ont exécuté des condamnés à mort et des prisonniers d’opinion en leur retirant le cœur ». Une pratique développée pour sa rentabilité, qui a lieu depuis « plus de trois décennies », selon les auteurs. Leurs travaux ont été publiés dans l’American Journal of Transplantation  [1].

Des prisonniers en état de mort cérébrale ?

Ces conclusions ont été obtenues en analysant 124 770 archives médico-légales entre 1980 et 2020. Parmi elles, les auteurs de l’étude ont identifié 71 documents médicaux dans lesquels « l’ablation du cœur semblait être la cause du décès des prisonniers ». Mais ils soupçonnent un nombre réel « bien plus élevé » de prisonniers tués à la suite de ces interventions chirurgicales.

Selon les archives officielles, ces prisonniers étaient en état de mort cérébrale. Une version démentie par les chercheurs. Pour cela ils s’appuient principalement sur l’évaluation de la faculté du patient à respirer sans avoir recours à un ventilateur. Mais également sur la pose d’intraveineuse juste avant l’opération, ou encore sur l’emploi de la terminologie de « mort cérébrale aiguë ».

Trop de donneurs ?

Les chercheurs rappellent que de telles opérations sont contraires à l’éthique car « le prélèvement d’organes ne doit pas commencer avant que le donneur ne soit officiellement déclaré mort » (cf. Le protocole Maastricht III en France: retour vers une “technicisation de la mort”) et « le prélèvement d’organes ne doit pas causer la mort du donneur ».

De son côté, le professeur Arthur Caplan, chef de la division d’éthique médicale de la Grossman School of Medicine de l’université de New York (NYU), juge que « le volume des transplantations effectuées [en Chine] ne correspond pas à la quantité de dons volontaires ».

« J’espère que nos conclusions trouveront un écho dans le monde entier et contribueront à faire cesser ces pratiques », a déclaré le Dr Lavee, coauteur de l’étude.

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[1] Matthew P. Robertson et al, Execution by organ procurement: Breaching the dead donor rule in China, American Journal of Transplantation (2022). DOI: 10.1111/ajt.16969

Source : Medical Xpress, Australian National University (05/04/2022)

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