Stupeur : Monseigneur Rey prié de surseoir aux ordinations de la fin juin (03/06/2022)

Voici ce qu'on peut lire sur le site du diocèse de Fréjus-Toulon :

Ces derniers mois, l’archevêque métropolitain de notre province, Mgr Aveline, archevêque de Marseille, a conduit une visite fraternelle dans notre diocèse à la demande de Rome. À côté des nombreux beaux fruits que portent l’annonce de l’Évangile et la mission des chrétiens engagés – clercs, consacrés et laïcs – dans notre diocèse, ont pu être abordées les questions que certains dicastères romains se posaient autour de la restructuration du séminaire et de la politique d’accueil du diocèse. Un entretien sur ces sujets encore récemment, avec le Cardinal Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, a permis d’apporter des compléments utiles. Dans l’attente des suites de ces échanges en cours avec les dicastères romains, il a été demandé de surseoir aux ordinations diaconales et sacerdotales prévues fin juin.

Nous accueillons cette demande à la fois dans la douleur et la confiance, conscients de l’épreuve qu’elle représente avant tout pour ceux qui s’apprêtaient à recevoir l’ordination.
Nous aurons à cœur de les porter dans la prière et de continuer à les accompagner dans leur cheminement. Je vous encourage chacun à prier aussi pour notre diocèse, en attendant que puisse s’éclaircir la situation pour le bien de tous.

Que l’Esprit de Pentecôte garde nos cœurs dans la paix, heureux de servir et d’aimer,

+ Dominique Rey"

L'ère bergoglienne est décidément peu favorable à tout ce qui s'inscrit dans la ligne de la Tradition : les ordinations (6 diacres et 4 prêtres) prévues fin juin à Toulon n’auront pas lieu. Rome s’interrogerait sur la restructuration du séminaire de la Castille et sur sa politique d’accueil, notamment de membres de communautés nouvelles. Comme le dit Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro, "le fait est sans précédent dans l'histoire récente de l'Église de France. Sa violence également, trois semaines avant la cérémonie. (...) Si la décision est tombée aussi brutalement aujourd'hui - typique du mode de gouvernement du pape François -, ce serait, selon une source informée, en raison de « l'ouverture de Mgr Rey à l'option traditionaliste qui est maintenant ciblée et combattue depuis un an dans toute l'Église de France sur ordre de Rome et du pape.»"

D'après Antoine Pasquier, sur Famille Chrétienne, "cette décision fait suite à une visite « fraternelle », à la demande de Rome, entreprise ces derniers mois par le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille et métropolitain de la province éponyme dont dépend Toulon. Le prélat aurait relevé, selon nos informations, plusieurs points qui posent question dans la formation et le discernement des candidats du séminaire de la Castille, mais également l’accueil de membres de communautés nouvelles - charismatiques et traditionnelles - et de jeunes issus de diocèses extérieurs à Toulon."

Antoine Pasquier rappelle que "le séminaire de Fréjus-Toulon avait ordonné 6 prêtres en 2021, et 8 l’année précédente. "Depuis plusieurs années, le nombre de candidats à la prêtrise au sein du séminaire de la Castille figure parmi les plus élevés de France. En 2019, il en comptait 66, juste derrière les séminaires de Paris (100) de la communauté Saint-Martin (115). Parmi les explications de ce chiffre élevé, la forte présence de membres de communautés nouvelles venus se former à Toulon. Parmi elles, se trouvent notamment les missionnaires de la Miséricorde divine, la communauté ivoirienne Mère du Divin Amour ou encore la communauté Douce Mère de Dieu." « Mgr Rey a pour principe de donner une chance à toute communauté qui lui demande d’être accueillie », expliquait en 2019 le père Jean-Noël Dol, recteur du séminaire jusqu'en 2020, devenu vicaire général du diocèse. Les communautaires représentaient en 2019 entre « un tiers et la moitié » des 75 étudiants accueillis, propédeutiques et diacres compris.

René Poujol, journaliste et ancien directeur du Pèlerin, commente sur son compte Facebook (source) :

"La seule question que nous étions nombreux à nous poser était de savoir quand surviendrait "enfin" une décision de ce type. Bien évidemment on ne contestera pas au diocèse de Fréjus Toulon de porter aussi, ici ou là, de beaux fruits. Mais cela reposait sur de telles ambiguités qu'une clarification devenait nécessaire. Il semble que ce soit en cours. Et nul ne peut dire à ce stade sur quoi elle débouchera. Dans mon livre "Catholique en liberté" j'évoquais ces "diocèses de France qui sont dans l'Eglise ce que Panama est aux pavillons de complaisance." On ne peut pas, impunément, même au nom de l'urgence de la mission, ordonner sans réel discernement des candidats au sacerdoce dissuadés, ailleurs, de poursuivre vers l'ordination, ou provenant de communautés qui ont été et parfois restent à ce jour en délicatesse avec les autorités religieuses légitimes. Au risque de nourrir le soupçon de vouloir "faire du chiffre". Je sais qu'une telle décision va susciter des regains d'amertume et d'agressivité en certains milieux, nourrir des théories du complot, des procès d'intention, des accusations de division, un surcroît de détestation envers le pape François. Inutile d'en rajouter et de jeter de l'huile sur le feu. Mais réjouissons-nous que cette question soit enfin prise à bras le corps."

Evidemment, on peut s'étonner de cette rigueur à l'égard de Mgr Rey alors que Rome ne semble pas tenir rigueur aux évêques allemands engagés dans leur "chemin synodal" de défier l'orthodoxie catholique sur des points de doctrine extrêmement graves. Une affaire à suivre, donc, mais on ne peut s'empêcher d'y voir la manifestation maladroite d'un autoritarisme partial ou d'une jalousie interne comme le suggère Riposte Catholique :

"La brutale suspension des ordinations sacerdotales soulève de nombreuses questions sur la ou les causes qui a poussé Rome à prendre cette décision. Est-ce parce que l’évêque est tradismatique ? Il célébrait la messe de clôture du pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté à Chartres l’an dernier. Est-ce parce qu’il est un membre actif de l’Emmanuel et qu’il a transformé son diocèse en un véritable laboratoire d’évangélisation en accueillant des prêtres de toutes parts, ainsi qu’une trentaine de communautés françaises et étrangères. Est-ce parce que le séminaire diocésain de Fréjus Toulon est devenu le second séminaire de France avec plus d’une cinquantaine de séminaristes ? Est-ce parce que son ouverture d’esprit irrite beaucoup d’évêques français ?

Selon Jean-Marie-Guénois dans Le Figaro, la restructuration du séminaire pourrait être l’une des clés de la décision romaine :

La « restructuration du séminaire » a eu lieu il y a deux ans. Elle correspond à des réorganisations régulières. Le directeur, un prêtre qui fut alors remercié, n’aurait pas apprécié sa mise à l’écart et l’aurait fait savoir à Rome, notamment en accusant l’évêque d’une dérive « tradi ».

L’autre cause qui a provoqué cette décision pourrait être la politique d’accueil de l’évêque.

« La visite a été très bien menée par Mgr Aveline. Mais ce qui a pu provoquer la réaction romaine, qui connaît depuis longtemps l’œuvre de Mgr Rey, les risques qu’il a pris mais aussi ses résultats, est la proportion de profils atypiques dans son recrutement. Ce qui peut conduire à un problème d’unité dans le diocèse »."

07:56 | Lien permanent | Commentaires (5) |  Facebook | |  Imprimer |