« Très Saint-Père, nous, fidèles de l’Église en France, avons appris avec stupeur et douleur les interdictions qui pèsent sur Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, et ne comprenons pas ses motivations », est-il écrit dans ce texte, que La Croix a pu consulter. Le courrier est paraphé par une trentaine de premiers signataires. « Cette décision qui a été prise nous interroge profondément, et nous choque, en premier lieu pour les séminaristes privés d’ordination qui doivent y faire face. Si nous l’accueillons dans l’obéissance en l’Église, nous ne la comprenons pas, notamment au vu de ce que nous connaissons de Mgr Rey, de sa personnalité et de son action dans son diocèse depuis 22 ans ».

Collectif catholique varois

Les signataires prennent longuement la défense de leur évêque qui, écrivent-ils, « a donné, par son action mais aussi par sa personnalité, beaucoup d’espérance pour le renouveau de l’Église de France ». « Par son action, Mgr Dominique Rey essaie de servir l’unité de l’Église et fait en sorte que chacun y trouve une place. Nous sommes nombreux à avoir senti sa bienveillance. Ils peuvent en témoigner : les mendiants, les exclus en tout genre, les citoyens des périphéries du monde, ils sont ses amis. Il a été celui qui au plus près du prochain, est parti chercher la brebis perdue, accueillir le fils prodigue », écrivent-ils.

La lettre insiste aussi sur l’« élan missionnaire » du diocèse de Fréjus-Toulon, souvent vanté par ses responsables, et le « succès » – selon eux – « des nombreuses initiatives, en particulier celles qui touchent les plus défavorisés, ou encore la moyenne d’âge de 55 ans des prêtres ».

« Conséquences durables »

« Sans doute la décision qui a été prise à l’encontre des séminaristes et du diocèse est justifiée par des motifs, mais ce que nous savons c’est tout le mal immense que les interdictions qui pèsent sur Mgr Rey vont faire à l’Église en France », écrivent les signataires, qui disent s’inquiéter « avec gravité des conséquences durables sur les relations entre Rome et le peuple chrétien de France, déjà brutalement secoué ».

« Ne laissons pas les inquiétudes des chrétiens en France se multiplier », concluent-ils.

Le journal La Croix apporte ces précisions :

"Selon les informations de La Croix, c’est moins la formation dispensée au séminaire diocésain que la politique d’accueil à tous vents des communautés nouvelles et de leurs jeunes recrues, portée par Mgr Rey, qui serait l’objet de l’alarme romaine. L’accueil de certains futurs prêtres de sensibilité traditionaliste, dont l’ordination a pu susciter des réserves au sein même du diocèse, pose particulièrement question, d’après une source interne. À mots couverts, c’est d’un manque de discernement que l’évêque est accusé.

Évêque de Fréjus-Toulon depuis bientôt vingt-deux ans, Mgr Rey, venu lui-même de la Communauté de l’Emmanuel, a fait de son diocèse un laboratoire de la « nouvelle évangélisation », au carrefour de courants issus du Renouveau charismatique ou plus traditionalistes. Une « Église dans l’Église », soufflent certains de ses détracteurs, qui attire des jeunes hommes parfois venus de loin, notamment d’Amérique du Sud. Le presbyterium toulonnais est bien doté (environ 300 prêtres résidents), et plus jeune que la moyenne, quand tant de diocèses français affichent des effectifs réduits et vieillissants.

Parmi les dizaines de communautés accueillies dans le Var, l’évolution de certaines, comme la fraternité Eucharistein ou Points-Coeur, a justifié des visites voire des mesures canoniques. Dernièrement, la qualité de la préparation au sacerdoce – parfois en dehors du séminaire de la Castille – de futurs prêtres attachés au rite ancien a été sujette à caution. « Avec son tempérament allant, Mgr Rey a toujours tout béni. Son manque de discernement et de suivi des communautés le coule aujourd’hui », analyse un observateur."