Le bienheureux Marie-Joseph Cassant (17 juin) : une vie consacrée à l'amour du Coeur de Jésus (17/06/2022)

Du site de l'Eglise en Lot et Garonne :

Histoire du Père Marie-Joseph Cassant

L'histoire commence à Casseneuil sur Lot en 1878.

Joseph Cassant naît le 6 mars. Il est le 2ème enfant de Pierre et Marie-Anaïs Cassant, il arrive 9 ans après la naissance d'Emile son frère aîné. La famille Cassant travaille dur à la vigne et aux pruniers de la ferme des Gaillots. La tâche est rude mais elle leur assure à tous une vie confortable. La famille Cassant est très croyante et comme cela se fait fréquemment à l'époque, le petit Joseph est baptisé le lendemain de sa naissance à l'église Saint Pierre de Casseneuil. On y trouve aujourd'hui encore les fonds baptismaux au-dessus desquels l'enfant fût baptisé. (Ils se situent sous le vitrail offert par la famille Cassant à droite en entrant).

Le petit enfant grandit dans l'amour de ses parents, de son frère, d'une grand-mère très pieuse et de ses tantes religieuses. Très vite, on remarque cette attitude très priante qu'à le petit bonhomme à la messe. En grandissant, il se fabriquera des habits liturgiques avec du papier journal et des autels pour dire la messe... Tout petit aussi, il dit « je veux être turé ». Son frère Emile dira « sa vie était prière ». Bien des témoignages de l'époque ont confirmés cette « prédisposition » de Joseph.

Mais comme tout enfant, le 7 mars 1884, il prend le chemin du pensionnat de Saint Jean dirigé par les frères de saint Jean Baptiste de la Salle. Il y passera 9 ans comme demi-pensionnaire. Les deux premières années sont satisfaisantes mais l'adaptation est rude car Joseph n'aime pas le bruit, le chahut, il préfère souvent se réfugier dans la chapelle...

Puis arrivent les difficultés, Joseph ne mémorise pas. Il travaille beaucoup pour peu de résultats, pourtant il est attentif et se voit régulièrement décerner des billets d'honneur pour application. Il écrit beaucoup pour essayer de compenser le peu de mémoire. Les maîtres successifs lui trouvent des capacités à juger et du bon sens (ce qui contredit les rumeurs du village qui le présentent parfois comme un peu simple... )

Cependant, plus l'enfant s'applique moins les résultats sont bons et à 14 ans, il écrit: "Seigneur, le premier jour de l'an 1892, je viens vous demander la grâce d'arriver sur les autels. Seigneur, donnez-moi l'intelligence et tout ce qui sera utile pour être un bon prêtre."

Très tôt le jeune Joseph exprime cette volonté d'être prêtre et il vit les étapes de sa vie chrétienne avec beaucoup de profondeur comme en témoigne son carnet où pour la préparation de la première communion, il écrit le 11 juin 1890 à l'âge de 12 ans: « la première communion, c'est le plus grand acte de la vie » et un peu plus loin : « Monsieur le curé nous a recommandé 3 choses pour faire une bonne retraite 1 : le vouloir 2 : la prière 3 : la chose est le silence ou se taire »

M. le Curé, l'Abbé Filhol est un homme brave qui a depuis longtemps remarqué la ferveur de cet enfant et entendu son désir ardent d'être prêtre. Cependant, il sait que l'entrée au séminaire sera très difficile pour Joseph car ses résultats scolaires sont médiocres, il propose donc à ses parents de l'accueillir au presbytère pour lui donner des cours adapter afin de le préparer à son entrée au petit séminaire.

Bien que très pieuse, la famille Cassant a du mal à envisager le départ de ce garçon de 14 ans. Le père doit se résigner, Joseph n'est pas comme son frère Emile capable de travailler à la ferme, il est rêveur, il manque de force.

Son caractère doux et discret le fait aimer de tous et en cette fin du mois de septembre 1893, la séparation est douloureuse bien que le presbytère ne soit qu'à 2 km de la ferme. Soutenu par ses tantes religieuses, il quitte finalement « les Gaillots » pour s'installer au presbytère. Il y vivra une année entre, l'amitié de Pitrou le sacristain et de sa famille, l'affection du P Abbé, les leçons et le dimanche le retour aux Gaillots.

M. l'Abbé Filhol découvre tout au long de cette année d'apprentissage la profondeur d'âme de Joseph. Il perçoit que la voie du séminaire se révèle probablement impossible pour Joseph. Cependant afin de répondre à la vocation exprimée par son jeune « apprenti », l'idée de la vie monastique s'impose...Pour l'initier, il vivra avec Joseph cette vie monastique : lever tôt, journée de travail ponctuée par des offices, silence...Tout cela rend Joseph heureux. Le choix de la vocation religieuse est fait mais l'inquiétude concerne la constitution fragile de Joseph..Pourra-t-il assumer les rudes travaux agricoles et un régime austère ?

Après une visite à l'abbaye Sainte Marie du Désert et malgré la douleur d'une séparation difficile avec sa famille, le 30 novembre 1894, Joseph arrive à l'abbaye Sainte Marie du Désert à Bellegarde Sainte Marie.

Il est accueilli par Dom André Malet, maître des novices, qui dira de cette rencontre : « J'ai eu l'impression d'une âme très douce, très profonde qui cherchait Dieu. Je lui ai fait un signe de la Croix au front en lui disant : ayez confiance! Je vous aiderai à aimer Jésus.», Joseph entre en clôture le 5 décembre.

Tout est dit, Dom Malet sera le Père spirituel qui accompagnera Joseph, il lui fera découvrir l'amour du cœur de Jésus, il le soutiendra dans les difficultés intellectuelles qui continuent à handicaper Joseph dans ses études.

Joseph n'est pas parfait, il le sait. Il lui arrive d'être jaloux de la facilité des autres, il doute beaucoup de lui, il se sent responsable de la douloureuse séparation que vit sa famille..

6 janvier 1895 : Prise d'habit

17 janvier 1897 : Profession simple

24 mai 1900 : Profession solennelle

Dans le silence de la vie monastique, dans l'accompagnement éclairé de Dom Mallet et malgré la souffrance que lui impose son absence de mémorisation, les menaces d'expulsion qui rodent sur l'abbaye puis l'attente du conseil de révision qui le dégagerait définitivement du service militaire, malgré la dureté des travaux des champs, Joseph rayonne de cette vie simple et totalement consacrée à l'amour du cœur de Jésus. Sa discrétion, son sourire, sa bonté naturelle fait qu'il s'intègre dans la communauté et qu'il est apprécié de tous.

« La communion est ma vie. Dieu descend du ciel pour se donner à moi. Refuserai-je de faire un pas à sa rencontre ? »

Tout petit, déjà, il exprimait avec des mots d'enfants son désir de célébrer la messe. Tout naturellement, l'étude, la vie monastique, l'importance de l'eucharistie dans sa vie l'amène à vouloir être prêtre...Malgré l'absence de pédagogie d'un professeur de théologie qui l'humilie, malgré les difficultés persistantes à mémoriser, le frère Marie Joseph surmonte les épreuves en étudiant toujours plus avec l'espoir d'accéder au sacerdoce.

Le Père André Mallet soutient Marie Joseph et lui ouvre les voies de la confiance et de l'abandon à l'amour du Cœur de Jésus pour l'aider à dominer une émotivité presque maladive, la douleur et la déception dues à ses limites intellectuelles et à son manque de confiance en lui, la peur des examens..

3 juin 1900 : Les quatre ordres mineurs

2 mars 1901 : Sous diaconat

22 février 1902 : Diaconat

12 octobre 1902 : Ordination sacerdotale

C'est donc dans une certaine souffrance et allant jusqu'à l'épuisement physique qu'il franchit les étapes qui le mènent jusqu'au sacrement de l'ordre. Son état de santé se dégrade, comme beaucoup de jeunes gens de son époque, il est atteint de la tuberculose. Jamais il ne se plaint et ni ne demande d'être dispensé des tâches pénibles.

Dès le lendemain de son ordination le Père Abbé impose un temps de repos à Casseneuil au Père Marie Joseph Cassant qui quitte l'abbaye accompagnée de son frère.

Les retrouvailles familiales sont chaleureuses, son état semble s'améliorer. Mais très vite le Père Marie Joseph exprime le désire de retourner à l'abbaye. « en attendant le jour ou je pourrai revenir à Sainte Marie, j'y reste de cœur » écrit-il.

Le 2 décembre 1902, il quitte Casseneuil pour retrouver la vie monastique à laquelle il aspire tant.

Durant cette année 1903, très vite la maladie progresse. Il supporte les souffrances sans ce plaindre et envoie des lettres rassurantes à sa famille.

Après de long mois passés à l'infirmerie, le 17 juin 1903 mois du Sacré Cœur, le P. Marie Joseph Cassant rejoint le Sacré Cœur de Jésus. Il a 25 ans.

« Jamais, un moine ne doit faire parler de lui » tel était le principe de Dom Candide. Le silence enveloppe donc l'abbaye Sainte Marie du Désert. Cependant, les moines et le P André Mallet garde en mémoire le rayonnement de leur petit frère.

En 1911, le Père Mallet est nommé père Abbé, il publie un article sur le Père Marie-Joseph Cassant. Mais à l'abbaye le silence reste de règle.

De nombreux témoignages des faveurs obtenues par l'intercession du Père Marie-Joseph Cassant sont révélés. En 1935, la guérison d'un enfant est obtenue après une prière d'intercession de son père sur la tombe du P Cassant.

L'introduction de la cause est possible.

Le 3 octobre 2004, le pape Jean-Paul II célèbre à Rome, la béatification du Bienheureux Marie Joseph Cassant

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