Dès sa parution en juin 2015, Laudato si’fut très largement… louée ! L’onde de sympathie d’un texte papal très attendu se propagea dans les milieux écologiques, au-delà des cercles chrétiens. Une des nombreuses éditions françaises était même préfacée par Nicolas Hulot. L’encyclique était saluée, certes, mais fut-elle vraiment comprise et accueillie en totalité ? On peut en douter en mesurant l’onde de choc que le renversement de l’arrêt Roe v. Wade, par la Cour suprême des États-Unis a provoqué en France, notamment chez les écologistes.
Reconnaissons que le lecteur d’un nouveau texte doctrinal a le choix entre deux stratégies : la première, confortable, consiste à ne retenir que ce qui conforte ses points de vue ou ses modes de vie. Cette lecture n’est pas inutile, mais comporte un risque : l’instrumentalisation auto-justificatrice de la doctrine. Nous mettons volontiers en exergue ce qui nous justifie. La seconde façon de lire, complémentaire, est plus décapante, mais s’avère plus féconde : chacun tentera de se nourrir de ce qui le dérange, l’ébranle, l’incite à changer d’attitude ou de comportement. La conversion écologique n’est-elle pas, pour chacun, dans la reconnaissance que « tout est lié » ?