Intitulé Drogués et détenus dans les prisons psychiatriques de Chine, ce rapport confirme que « pendant des décennies, les autorités de Pékin ont utilisé le système d’hôpitaux psychiatriques du pays, connu sous le nom d’Ankang», pour punir les prisonniers politiques.

Des témoignages effrayants sur l’incarcération de militants chinois

Ainsi, en dépit de nombreuses lois chinoises sur la santé mentale votées dans les années 2010 ayant interdit officiellement la torture tout en renforçant le contrôle des tribunaux sur le système psychiatrique, la réalité est bien différente.

La majorité des données contenues dans le rapport proviennent d’entretiens avec des victimes et leurs familles mis en ligne par l’ONG chinoise Civil Rights and Livelihood Watch (CRLW), fondée par le militant et journaliste citoyen Liu Feiyue. Libéré après cinq années de détention, il est toujours placé en résidence surveillée et reste privé de tous ses droits civiques.

« Les médecins et les hôpitaux sont de connivence avec le Parti communiste chinois »

Les données de ce rapport portent sur les cas de 99 Chinois soumis à une hospitalisation psychiatrique pour des raisons politiques entre 2015 et 2021. « Le Parti communiste chinois (PCC) est en mesure de soustraire au système judiciaire les signataires de pétitions et les militants, leur ôtant l’espoir de consulter un avocat ou de passer en jugement, tout en leur diagnostiquant une maladie mentale qui les isole socialement même après leur libération », précise le rapport. De plus, selon le document, « les médecins et les hôpitaux sont de connivence avec le PCC pour soumettre les victimes à des hospitalisations non consenties et médicalement inutiles et à des prises de médicaments forcées ».

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Pour Jing-Jie Chen, chercheur au sein de Safeguard Defenders, « ce rapport apporte la preuve que la Chine utilise toujours ces moyens effrayants pour imposer le silence aux critiques du Parti communiste chinois ». Selon lui, il y aurait « une centaine d’hôpitaux psychiatriques liés à cette pratique mais il est impossible de savoir exactement combien de militants y sont emprisonnés ».« De tels chiffres indiquent que l’envoi de prisonniers politiques dans des services psychiatriques est répandu et routinier en Chine », poursuit le rapport.

Le document cite aussi des prisonniers qui affirment avoir été battus, soumis à des électrochocs et placés à l’isolement. Parmi les personnes détenues figurent Dong Yaoqiong, appelée Ink Girl (« la fille de l’encre »), qui, en direct sur Twitter en 2018, avait éclaboussé avec de la peinture un portrait du président chinois Xi Jinping.

Selon les ONG, la répression contre les dissidents politiques en Chine s’est intensifiée sous la présidence de Xi Jinping, le dirigeant le plus puissant du pays depuis des décennies.