Mikhaïl Gorbatchev (1931 - 2022) ou le fossoyeur de l'URSS malgré lui (31/08/2022)

Un rappel opportun du rôle joué par Gorbatchev, un dirigeant soviétique qui a tenté désespérément de sauver la Russie communiste :

De Pénélope Pélissier sur Herodote.net :

Mikhaïl Gorbatchev (1931 - 2022)

Fossoyeur malgré lui de l'URSS

Arrivé au pouvoir en 1985, dans une URSS à bout de souffle, Mikhaïl Gorbatchev tente de redresser le pays par des réformes innovantes, la perestroïka et la glasnost. Homme de conviction et de coeur, il engage une transition démocratique du régime. Il conclut par ailleurs un traité avec les États-Unis sur le désarmement nucléaire.

Mais la fin est proche. Dès 1989, les pays satellites et même les républiques de l'URSS se libèrent de l'emprise de Moscou et regagnent leur souveraineté tandis que les Russes se détournent de leur chef. Celui-ci va laisser le mouvement aller à son terme en empêchant l'Armée rouge et le KGB d'intervenir.

Une ascension fulgurante

Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev est né le 2 mars 1931 au nord du Caucase, de parents paysans kolkhoziens.  Il a à peine 31 ans quand il devient le dirigeant de sa région natale de Stavropol. 

Bénéficiant du soutien d'Iouri Andropov, une figure centrale du Parti communiste et du KGB, il devient en 1978 secrétaire du Comité central du parti, puis membre du Politburo en 1980, alors que l'ère brejnévienne touche à sa fin.

Le 11 mars 1985, c'est la consécration. Alors qu'il n'est âgé que de 54 ans, Gorbatchev accède aux pleins pouvoirs en qualité de secrétaire général du Parti communiste.

Les prédécesseurs de Gorbatchev, Léonid Brejnev, Iouri Andropov et Konstantin Tchernenko ont laissé le pays exsangue. Épuisé par la course aux armements avec les États-Unis du président Reagan, l'URSS est à bout de ressources.

Gorbatchev est conscient de l'urgence de libéraliser l'économie et la politique. Il applique une série de réformes connues sous le nom de perestroïka (littéralement, « reconstruction » en russe). Parallèlement, il lance la glasnost : une ouverture du pays vers plus de « transparence ».

Liberté d'expression, ouverture du débat public, parution de livres auparavant interdits et relâchement des opposants politiques sont de mise. Enfin, Gorbatchev accompagne toutes ces mesures de l'uskorenie, l'accélération de la croissance économique.

Dans le même temps, les pays du bloc soviétique prennent leurs distances avec Moscou. Tous les accords reliant les pays de l'ex-URSS sont abolis : le groupe du COMECON (Conseil d'assistance économique mutuelle) le 28 juin, puis le pacte de Varsovie (accord militaire) le 1er juillet 1991.

Pour toutes ces actions, Mikhaïl Gorbatchev reçoit un écho très positif dans les médias occidentaux. Il est récompensé par le Prix Nobel de la Paix en 1990.

Un homme à l'autorité contestée

Les Soviétiques, quant à eux, honnissent Gorbatchev. Les inégalités sociales et les pénuries s'aggravent. L'éclatement du bloc communiste et de l'Union soviétique elle-même, avec les indépendances des États baltes, humilie les Russes.

Le 19 août 1991, alors que Gorbatchev se repose en Crimée, un groupe de conservateurs monte un coup d'État et proclame l'état d'urgence. Mais la population moscovite, soulevée par Boris Eltsine, membre du Soviet suprême, les oblige à rendre les armes. C'est un triomphe pour Eltsine et la descente aux enfers de Gorbatchev. Le Parti communiste est dissous le 6 novembre 1991 et, le 21 décembre, les accords d'Alma-Ata signent l'acte de décès de  l'URSS elle-même. Le 25 décembre, au Kremlin, les couleurs de la nouvelle République fédérative de Russie remplacent le drapeau rouge de l'URSS cependant que Gorbatchev quitte Moscou.

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