L'Union Européenne prête à sacrifier l’Arménie sur l’autel de ses intérêts énergétiques (29/09/2022)

Une tribune collective publiée sur le site du Figaro Vox :

«Tout indique que Bruxelles est prête à sacrifier l'Arménie sur l'autel de ses intérêts énergétiques»

La récente visite en Arménie de la présidente de la chambre des Représentants des États-Unis, Madame Nancy Pelosi, a laissé espérer un répit dans les attaques azéries. Mais la reprise immédiate des bombardements montre que l'Azerbaïdjan et la Turquie n'ont pas renoncé à une nouvelle guerre. Malgré les appels pressants de l'Europe et des États-Unis, l'Azerbaïdjan continue de concentrer des troupes sur la ligne de front, du nord au sud de l'Arménie, en vue d'une offensive imminente, avec la complicité au moins «passive» de la Russie. Le président Aliyev a publiquement traité les Arméniens de «chiens qu'il faut chasser de la région», manifestant ainsi ses intentions de nettoyage ethnique. C'est aujourd'hui que nous devons agir pour sauver ce pays. Demain risque d'être trop tard. Beaucoup d'espoirs se sont portés sur l'Europe. Mais tout indique que Bruxelles est prête à sacrifier l'Arménie sur l'autel de ses intérêts énergétiques.

L'Azerbaïdjan profite des tergiversations diplomatiques et de l'intérêt porté par l'Union européenne à ses hydrocarbures pour multiplier sur le terrain les faits accomplis.

Tribune collective

Le 18 juillet 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est rendue à Bakou pour quémander des livraisons supplémentaires d'hydrocarbures. Des accords ont été passés alors qu'il est de notoriété publique que l'Azerbaïdjan commercialise du pétrole russe, détournant ainsi les sanctions européennes avec la complicité de ses instances. Nous craignons que, devant les risques de crime contre l'humanité qui planent au-dessus de l'Arménie, l'Europe adopte une diplomatie du renoncement. L'Azerbaïdjan profite des tergiversations diplomatiques et de l'intérêt porté par l'Union européenne à ses hydrocarbures pour multiplier sur le terrain les faits accomplis. Il faut donc sortir de la neutralité et montrer clairement du doigt qui est l'agresseur.


Les signataires: Raymond H. Kévorkian, historien, Université Paris 8-Saint-Denis ; Vincent Duclert, historien, Sciences-Po, EHESS ; Stephane Audouin-Rouzeau, historien, EHESS ; Jean Pierre Chrétien, historien, CNRS ; Hamit Bozarslan, historien, EHESS ; Michel Marian, philosophe, SciencePo ; Hélène Dumas, historienne, CNRS-EHESS ; Marcel Kabanda, historien, ancien président d'Ibuka France ; François Robinet, historien, Université Versailles-Saint-Quentin ; Françoise Thebaud, historienne, Université d'Avignon ; Boris Adjémian, historien, Bibliothèque Nubar ; Stephan Astourian, historien, Université de Berkeley ; Thomas Hochmann, juriste, Université de Paris-Nanterre ; Dzovinar Kévonian, historienne, Université de Caen ; Yves Ternon, historien ; Julien Zarifian, historien, Université de Poitiers; Claire Mouradian, historienne, CNRS; Patrick Donabédian, historien, Université d'Aix-en-Provence; Claude Mutafian, historien; Chantal Morelle, historien; Ariane Ascaride, comédienne, réalisatrice; Serge Avédikian, comédien, réalisateur; Vincent Baguian, auteur, compositeur, interprète; Jean-Christophe Buisson, journaliste; Sophie Devedjian; René Dzagoyan, écrivain; Patrick Fiori, auteur, compositeur, interprète; Mathieu Madenian, comédien; Gilbert Sinoué, écrivain; Valérie Toranian, rédactrice en chef de la Revue des Deux Mondes, écrivain; Tigrane Yegavian, journaliste, politologue.


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