Une sécularisation de la papauté ? (21/12/2022)

De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

Scandales et démissions annoncées sécularisent la papauté

20-12-2022

L'un des principaux objectifs de François est et reste la sécularisation de la papauté. Deux faits récents le démontrent : ses propos sur les démissions pour diverses raisons, déjà signées et stockées on ne sait où, une banalisation qui donne à la papauté l'image d'un emploi temporaire. Et la gestion du scandale de Rupnik, qui efface la demande de justice par des interventions d'en haut.

L'un des principaux objectifs de François est et reste la sécularisation de la papauté. Cela signifie réduire le pontificat à l'humanité de celui qui l'incarne à un moment donné. Une réduction inévitable après le "tournant anthropologique". Sa récente communication sur sa propre démission fait également partie de ce projet. Au quotidien espagnol ABC, François a déclaré : " J'ai déjà signé ma démission ". C'était quand Tarcisio Bertone était Secrétaire d'Etat. J'ai signé la démission et je lui ai dit : 'En cas d'empêchement de santé ou autre, voici ma démission. Vous l'avez". Je ne sais pas à qui le cardinal Bertone l'a donnée, mais je la lui ai donnée quand il était secrétaire d'État." 

La sécularisation de la papauté se produit ici avant tout à travers le contexte de la communication et sa forme exposée. L'emploi du mot "démission" est frappant car il est habituellement utilisé pour un président de conseil d'administration, un ministre d'un gouvernement en difficulté, un manager d'une équipe de football, un employé qui a trouvé un autre emploi. Le même mot sonne terriblement lorsqu'il s'agit du pape. En tant que père ou mère, mari ou femme, on ne démissionne pas. En tant que poète, musicien ou éducateur, on ne démissionne pas. En tant qu'homme, on ne démissionne pas. Pour Sœur Cristina, qui a quitté le voile pour monter sur scène, personne dans les journaux n'a utilisé le mot démission. La presse parle de démission, en revanche, lorsqu'une personnalité change de carrière et se consacre à la vie politique. Si le pape parle de sa propre démission, les gens finissent par le mettre sur le même plan qu'un Premier ministre après un vote de défiance au parlement. Dire qu'il a signé sa propre démission a donc une forte signification sécularisante.

Ensuite, il y a la négligence calculée de l'annonce, quelques mots jetés comme quelque chose de peu important. Ce qui est semé à la hâte dans les interstices d'une interview rapide ne prend pas une grande importance aux yeux du lecteur. Cela devient un détail secondaire. Dans sa déclaration, François a placé sa démission comme une évidence, une étape qui est maintenant considérée comme une routine. Démissionner peut devenir une habitude, une évidence, et l'on sera plutôt surpris si, comme saint Jean-Paul II ou Léon XIII, les papes restent en place jusqu'au bout. La banalisation délibérée de l'information est également évidente à la mention du cardinal Bertone : "Je ne sais pas à qui le cardinal Bertone l'a donné...". Comme lorsqu'on dit chez soi : "Oui, ça doit traîner quelque part..., avez-vous essayé sous le lit... ?". Cela signifie que la chose est de peu d'importance. Et puis les raisons : "en cas de problème de santé ou autre...". Une telle déclaration ressemble à de nombreuses déclarations anticipées de traitement pour les soins de fin de vie, avec toutes leurs ambiguïtés bien connues, aggravées par un vide "... ou quoi que ce soit...".

La renonciation du pape, comme on le sait, est prévue par le droit canon. Le problème n'est donc pas là. La voie avait en effet été ouverte par Benoît XVI dans les formes que l'on sait, selon des modalités qui restent à explorer, et pour des raisons qui demeurent mystérieuses. Ce qui est certain, c'est qu'avec cette déclaration, François, en franchissant cette porte, a réduit la "démission" du pape à une question mineure. Une expression aussi banale et banalisante présente la papauté comme l'occupation d'un emploi temporaire, comme un emploi avec un contrat à durée déterminée, un service fonctionnel qui, pour une certaine forme d'incapacité opérationnelle de l'employé, nécessite sa démission.

Cette nouvelle prise de position de François est frappante mais pas surprenante. Depuis quelque temps déjà, on peut discerner dans ses paroles, dans ses attitudes, la réduction du pontificat à la vie humaine quotidienne. Il ne s'agit pas seulement d'aller à pied acheter des lunettes, ou de porter son sac dans l'avion, mais aussi des manifestations ouvertes et immédiates du caractère, comme s'énerver en public, réprimander, menacer, désavouer, dire et puis se rétracter, renvoyer quelqu'un à l'improviste, se contredire, blâmer ses ennemis, rabaisser ses adversaires, promouvoir ses voisins, mettre rapidement les congrégations sous séquestre temporaire, faire la une des journaux, porter des jugements politiques, donner des interviews imprudentes, ne pas répondre aux demandes de clarification, ne jamais définir ou préciser quoi que ce soit. Tout cela contribue également à dépouiller la papauté de ses attributs royaux.

Comme nous pouvons le constater, l'attitude de François dans l'affaire Rupnik manifeste la même tendance. Il y a eu des contradictions, des retards, un manque de respect des règles, une tolérance inappropriée, des pressions et des conditionnements. Un système interne au Vatican de protection des "amis" est apparu, que nous avons déjà vu à l'œuvre ces dernières années, en particulier mais pas seulement dans l'affaire McCarrick. Il semble que les interventions d'en haut puissent effectivement annuler de nombreuses demandes de justice et de droit. Et cela aussi est une forme de sécularisation de la papauté.

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