Le cardinal Müller prévient que le nouveau rescrit sur Traditionis custodes rabaisse les évêques et porte atteinte à leur responsabilité pastorale (26/02/2023)

De Javier Arias sur InfoVaticana :

Le cardinal Müller prévient que le nouveau rescrit sur Traditionis custodes rabaisse les évêques et porte atteinte à leur responsabilité pastorale

24 février, 2023

Le récent rescriptum approuvé par François et le Préfet du Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, le Cardinal Roche, continue de provoquer des réactions.

Le nouveau document, qui renforce le motu proprio Traditinis custodes, établit que l'utilisation d'une église paroissiale ou l'érection d'une paroisse personnelle pour la célébration de l'Eucharistie selon le Missale Romanum de 1962 et l'octroi de la licence aux prêtres ordonnés après la publication du Motu proprio Traditionis custodes pour célébrer selon le Missale Romanum de 1962, seront de la responsabilité de Rome.

Ce blog a déjà publié cette semaine comment cette décision renforce encore le contrôle centralisateur de Rome au détriment de la liberté de décision et d'action des évêques.

InfoVaticana a contacté le Cardinal Müller pour avoir son avis sur cette décision du Pape et du Cardinal Roche. L'ex-préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi nous a répondu que "le Pape Benoît XVI a donné à la papauté une grande réputation, même parmi les agnostiques éloignés de l'Eglise (Paolo Flores D'Arcais, Jürgen Habermas, Piergiorgio Odifreddi) par sa haute compétence théologique et son honnêteté intellectuelle". 

Faisant allusion à Benoît XVI, Müller soutient qu'"il n'était pas nécessaire pour lui d'insister sur l'obéissance formelle de manière autoritaire, car même l'obéissance de la foi à Dieu, qui est décisive pour le salut, n'exige pas une servilité aveugle, mais une dévotion à Dieu Trinité en usant de la raison et du libre arbitre, c'est-à-dire une obéissance raisonnable (Vatican II, Dei Verbum, 5)". 

D'autre part, le cardinal allemand affirme que "lorsqu'il s'agit de l'obéissance à l'autorité ecclésiastique, il faut distinguer entre l'obéissance religieuse, "qui se réfère à la soumission à l'autorité de la foi révélée, et la volonté de suivre volontairement le pape et les évêques également en matière de discipline de l'organisation ecclésiastique et de l'ordre de la liturgie".  "Nous faisons la distinction entre la substance des sacrements, sur laquelle le pape et les évêques n'ont aucun pouvoir de disposition, et le rite liturgique, qui s'est développé historiquement en divers rites légitimes au sein de l'unique Église catholique", ajoute le cardinal. 

Le cardinal Müller affirme que "le pape Benoît a surmonté les tensions qui étaient apparues d'une manière théologiquement compétente et pastoralement sensible en faisant la distinction entre les formes ordinaire et extraordinaire du rite latin". Le cardinal Müller décrit la présente décision comme une "intolérance brutale" à l'encontre de ceux qui préfèrent la messe traditionnelle. Il ajoute qu'il s'agit d'une décision "pastoralement contre-productive", et "d'un exemple effroyable d'incompétence théologique dans la distinction entre la substance du sacrement dont on ne peut disposer et la richesse des formes des rites liturgiques".

En ce sens, le cardinal Müller n'hésite pas à souligner que ce nouveau document "dégrade les évêques ou les ordinands locaux de second rang en pétitionnaires auprès de la plus haute autorité (c'est-à-dire la bureaucratie du Dicastère pour le Culte)". Le cardinal allemand souligne que cette décision "porte atteinte à la responsabilité pastorale de l'épiscopat" et "obscurcit le véritable sens de la papauté, qui est de représenter et de réaliser l'unité de l'Église dans la vérité de la foi et la communion sacramentelle".

Enfin, Mgr Müller regrette que "la reconnaissance de l'autorité papale ne soit pas promue, mais affaiblie à long terme", car elle peut donner l'impression d'une sorte de leadership autocratique.

09:25 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |