Le Vatican a démis le frère Stockman de ses fonctions administratives (28/02/2023)

Lu sur le site de RTL Info :

René Stockman démis de ses fonctions administratives par le Vatican

Le belge René Stockman, Supérieur général de la Congrégation des Frères de la Charité à Rome, a été démis de son poste administratif par le Vatican, a rapporté samedi le quotidien flamand De Standaard sur son site Internet. L'homme est accusé de mauvaise gestion financière.

Le Vatican reproche à René Stockman (68 ans) un manque de transparence financière et de vision à long terme, qui ont notamment causé des problèmes financiers à la branche belge des Frères de la Charité. Sa gestion de la Congrégation a également été remise en cause.

Les problèmes couraient déjà depuis un moment. Une procédure de contrôle de la Congrégation avait été mise en place à Rome et un commissaire apostolique avait été nommé pour reprendre une partie des tâches de gestion. Celui-ci a désormais repris l'ensemble des fonctions administratives occupées par René Stockman.

Ce dernier reste toutefois Supérieur général de la Congrégation des Frères de la Charité. Un successeur sera élu l'année prochaine.

La branche belge de la Congrégation a réagi avec soulagement à cette annonce. Son président, Raf De Rycke a exprimé auprès de la VRT son espoir de voir la confiance avec le Vatican restaurée.

René Stockman est surtout connu en Belgique pour son opposition véhémente à l'euthanasie, qui a d'ailleurs entrainé un conflit avec les Frères de la Charité belges.

De Standaard (Dominique Minten) analyse les faits de façon plus approfondie et met en évidence les enjeux, notamment en ce qui concerne l'attitude des Frères de la Charité à l'égard de l'euthanasie :

La mauvaise politique et l'obstination ont coûté sa tête au frère Stockman chez les Frères de la Charité

26/02/2023

Un conflit amer entre René Stockman, le patron mondial des Frères de la Charité, et la branche belge a pris fin. Non pas par une réconciliation, mais par l'exclusion de Stockman de ses fonctions administratives.

On peut dire beaucoup de choses de René Stockman, mais il n'a jamais été un "tsjeef". Depuis 23 ans, il est le supérieur général des Frères de la Charité et, à ce titre, il occupe non seulement une position de premier plan dans l'Eglise mondiale, mais il a toujours été une voix franche dans les grands débats éthiques.

Stockman n'a pas l'habitude de mâcher ses mots et ses opinions sont toujours conservatrices, en particulier sur la fin de vie. En cela, il représente la voix de l'aile conservatrice et ne fait pas de compromis. Cela a conduit à des affrontements avec, entre autres, les Frères belges et l'organisation derrière les maisons de soins, qui a une vision plus ouverte de l'euthanasie pour la souffrance mentale.

Mais au fond, un conflit bien plus important se préparait entre Stockman et les Frères belges. Ces derniers l'accusent de mener une politique financière irréfléchie. Pendant des années, le général supérieur a mené une politique très têtue depuis Rome. Il se concentrait surtout sur le Sud, où il voyait encore une vraie région gagnante, avec de nombreuses vocations et des Frères qui partageaient beaucoup plus ses vues éthiques et posaient moins de questions critiques.

Le problème est que ces projets ont commencé à coûter de plus en plus d'argent. Cela se faisait au détriment des départements de l'Ouest. Les employés en Belgique étaient très inquiets, surtout parce qu'il n'y avait pratiquement aucun dialogue avec Stockman. En privé, ils parlaient à De Standaard de "manipulations financières inadmissibles", mais quiconque osait soulever des questions critiques recevait le vent de Rome.

Nous voulions que le supérieur général soit beaucoup plus transparent sur ses nouveaux projets dans le Sud", explique Raf De Rycke, président de l'organisation Frères de la Charité, qui gère des écoles et des institutions de soins. Nous avons également demandé qu'il développe une vision à long terme, mais nous n'avons pas obtenu de réponses claires à ces questions". Comme ils se heurtaient sans cesse à un mur, le Vatican a décidé de procéder à un audit de l'ensemble de l'organisation.

L'évêque néerlandais Hendriks a effectué une visite. Lui aussi trouve qu'il y a beaucoup de choses à critiquer dans la politique de Stockman. L'essentiel est que Stockman a lancé des projets sans budget financier équilibré", explique le frère Veron Raes, supérieur de l'aile belge. Les puits créés ont ensuite dû être remplis avec de l'argent qu'il a pris ailleurs, y compris dans les salles de l'Ouest 'riche'.

En conséquence, Stockman a été lentement mais sûrement placé sous tutelle. La Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée du Vatican prend l'affaire en main et nomme un 'commissaire apostolique' qui reprend ses pouvoirs sur la région belge. Cela ne se fait pas sans controverse. Entre autres choses, Stockman menace de poursuites judiciaires certains frères belges.

Il met également en veilleuse les hôpitaux psychiatriques des frères. Ils ne doivent plus être considérés comme des hôpitaux catholiques, en raison de leurs positions sur l'euthanasie. Il a utilisé le dossier de l'euthanasie pour pouvoir saisir, au mépris de toutes les règles légales, les biens de la région et du patrimoine belge qui avaient été mis à la disposition des hôpitaux psychiatriques", pouvait-on lire en 2020 dans une lettre adressée au personnel par la direction des hôpitaux.

Mais Stockman semble désormais avoir perdu la bataille. Le week-end dernier, on a appris que le Vatican le mettait purement et simplement sur la touche. Il sera démis de ses fonctions administratives. Jos Wouters, l'abbé général des Prémontrés, reprendra tous les pouvoirs au niveau mondial.

En Belgique, le soulagement est grand. Il est bien sûr regrettable que les choses aient dû se passer ainsi malgré tous les efforts de médiation, mais un dialogue n'était plus possible", déclare M. De Rycke. Nous espérons maintenant pouvoir poursuivre l'important travail de la congrégation et de l'organisation de manière durable". Reste à savoir ce que Stockman a en réserve. Il est toujours supérieur général. L'année prochaine, il y a normalement un chapitre où un nouveau supérieur général sera élu.

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