L'éditorialiste du Figaro souligne "les paradoxes d'un pape" (14/03/2023)

Un éditorial d'Etienne de Montety publié sur le site du Figaro (via Il Sismografo)  :

Dixième anniversaire du pontificat de François: «Les paradoxes d’un pape»

Cela fait dix ans qu’au coup de tonnerre provoqué par la renonciation de Benoît XVI a succédé la surprise de l’élection d’un pape venu d’Argentine, «presque du bout du monde», avait-il commenté. Rapidement, François a imposé son style personnel, moins charismatique que Wojtyla, moins solennel que Ratzinger, caractérisé notamment par une communication très libre, faite de déclarations à l’emporte-pièce qui ont pu nourrir polémiques ou incompréhensions.

Le chef de l’Église catholique s’est vite imposé dans le concert international par des prises de parole qui ont replacé l’Église dans sa mission d’«experte en humanité»: l’encyclique Laudato si a imposé l’idée d’une écologie intégrale où il faut prendre soin de la planète et de l’homme, notamment le pauvre, l’enfant à naître, le vieillard (menacés par ce qu’il a appelé «la culture du déchet»). Par son voyage à Lampedusa et ses multiples exhortations, il a éveillé le monde au drame des migrants se noyant en mer, sous l’œil cynique des passeurs et celui embarrassé des Européens.

Cette aura n’exclut pas que soient apparus des paradoxes en interne. Le pape, qui a lancé une grande réflexion sur la «synodalité» (responsabilité partagée), voit celle-ci conduire l’Église en Allemagne sur une pente fatale: vers la sécession? Et le pourfendeur du «cléricalisme» est aussi celui qui peut décider seul et autoritairement, là où la collégialité serait requise. Résultat: des mesures inopinées prises à l’encontre de ces champions de la charité que sont l’Ordre de Malte ou Caritas Internationalis. La possibilité de célébrer en «rite extraordinaire» a également été restreinte unilatéralement, court-circuitant l’autorité des évêques locaux vis-à-vis des communautés concernées.

Il crève les yeux que la réforme est urgente pour de nombreux pans de l’institution, notamment en Europe, où l’Église est en proie aux crises, aux scandales et au démon de l’acédie. François pense que la meilleure réponse est d’aller de l’avant. «Duc in altum», commandait le Christ à ses apôtres. Il «avance au large», donc, sans ménagement. Au risque de déconcerter, quand ce n’est pas blesser, des prêtres et des laïcs, souvent parmi les plus loyaux des fidèles.

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