Va-t-on vers une législation sur l’avortement qui devrait blanchir définitivement les consciences? (30/04/2023)

Du "Forum Catholicum" :

Vers une législation sur l’avortement qui doit définitivement blanchir les consciences?

28-04-2023

Récemment, on a pu assister dans l’émission de la VRT Canvas « Terzake » à un débat entre les parlementaires Els Van Hoof (CD&V) et Melissa Depraetere (Vooruit). Ils ont discuté  de la proposition du comité scientifique qui a évalué la nécessité d’une prolongation de la durée de l’avortement et d’autres assouplissements de la législation actuelle sur l’avortement.  D’un côté, on a pu assisté à une  recherche trop empathique d’un compromis acceptable et, de  l’autre, à une politicienne progressiste qui ignore fermement le fait que la question de l’avortement ne se limite pas aux droits des femmes. Il est douteux que quelqu’un en soit devenu un gramme plus sage.  La contribution de  la « science » à cette question reste également un grand point d’interrogation.  En principe,  celle-ci ne peut nous aider que sur des questions de nature matérielle, tandis que dans la question de l’avortement, des valeurs morales sont mises en balance les unes contre les autres. Dans notre système politique, la réponse juridique à cette question ne peut que provenir de la politique.  C’est une discussion qui divise fondamentalement notre société, comme nous l’avons vu lorsque le roi Baudouin a été temporairement déclaré incapable de gouverner. Il est important que tous les arguments soient  présentés de manière équilibrée et que tous les participants soient bien informés sur la base d’un langage clair.

Le débat télévisé cité peut être considéré comme  révélateur  du caractère banal de la manière dont cela est souvent discuté  à côté de la question dans notre pays. Il s’agit encore presque exclusivement de droits, mais rarement, voire jamais, de devoirs, sans parler de responsabilités. Quiconque ose poser de sérieuses questions sur la lutte sans fin pour de plus en plus de droits des femmes et des animaux court le risque d’une désapprobation généralisée. Par exemple, qui se demande encore pourquoi la future mère a le droit exclusif de décider de la vie et  de la mort de son futur enfant et pourquoi le  père n’en a rien à dire du tout? Pourquoi  la protection du loup, qui satisfait sa faim prédatrice en mangeant des moutons, est-elle plus importante que la protection de la vie de ces animaux de troupeau, connus pour leur docilité paisible? Si on martyrise un animal on ait puni sévèrement, mais une mère future qui laisse éliminer le fœtus humain dans son sein d’une manière violente est subsidiée pour cela. Nous vivons dans une société avec des relations de valeurs qui semblent souvent défier la logique élémentaire.

En plus de la banalité, l’unilatéralité règne. Il s’agit avant tout  de  faire appel à des émotions soigneusement choisies qui paralysent la pensée logique et cohérente du public. Quelques exemples. Comme l’un des principaux arguments en faveur de l’extension de la période d’avortement, la période actuelle pour cela aux Pays-Bas est citée. En conséquence, les femmes ayant une grossesse non désirée qui a dépassé le délai belge se sentent « obligées » de chercher refuge aux Pays-Bas.  Cela donne lieu à une discrimination, car tout le monde n’a pas les moyens de déménager aux Pays-Bas.  D’une part, une telle situation financière précaire est plus-tôt exceptionnelle et, d’autre part,  elle  concerne un problème social général. On peut également utiliser cette même « inégalité » dans de  nombreux autres domaines  pour lutter contre une soi-disant discrimination : salaires, pensions, options de  voyage, etc. De plus, cet argument contourne la discussion fondamentale, comme si nous  devions évidemment supposer que la réglementation de l’avortement aux Pays-Bas est la meilleure. Un autre exemple bien connu est le slogan « maitre dans son propre corps ». On peut facilement remplacer ce slogan par « maitre dans sa propre maison », ce qui signifierait que l’on a le droit dans sa propriété d’éliminer toute personne indésirable dans un certain délai (sans aucune consultation préalable, bien sûr).

D’autre part, d’autres arguments émotionnels, qui ne sont en aucun cas artificiels, mais (devraient) appartenir à la nature humaine normale, sont rarement ou jamais discutés. Il s’agit de la préoccupation spontanée à laquelle nous inspire une petite vie humaine innocente et sans défense. Ce sont ces sentiments qui devraient déterminer notre attitude à cet égard, plutôt que  les préoccupations concernant notre propre « qualité de vie ». L’argumentation permissive en faveur de plus de droits à l’avortement est plein d’égoïsme, plutôt que de l’amour de la vie et du bien-être des autres. Elle est vendue comme une préoccupation pour les « droits » des femmes avec une grossesse  non désirée. Qu’est-ce qu’un « droit » dans ce cas et sur quoi repose-t-il ? Certainement sur rien qui corresponde à la Déclaration universelle des droits de l’homme, car le « droit à la vie » y joue un rôle de premier plan. Cela devient encore pire lorsque ce genre de raisonnement est utilisé par d’éminents soi-disant catholiques, pensant principalement au président Joe Biden.

Ils se présentent comme des personnes extrêmement préoccupées, qui ont le « courage de dénoncer l’injustice » et « assument la responsabilité du bien-être des femmes qui risquent de perdre le contrôle de leur propre corps ». Plus le mensonge est gros, mieux il se vend, surtout si vous la croyez vous-même. Tout d’abord, il ne s’agit pas du tout du propre corps, mais de celui d’un autre être. Deuxièmement, on ignore notre responsabilité naturelle envers notre progéniture, en faveur de l’intérêt personnel des femmes qui sont apparemment incapables  d’absorber la leur. Cela est rendu possible en gonflant systématiquement les difficultés potentielles  auxquelles elles sont susceptibles de faire face, sans même envisager les possibilités d’assistance d’un gouvernement clairvoyant et responsable.  D’autre part, il y a l’exemple des mères qui ont sacrifié leur propre vie pour que l’enfant dans leur ventre puisse avoir la chance de venir au monde en bonne santé.

Un futur enfant n’est pas synonyme d’un fardeau presque insupportable, comme ce n’est pas le cas d’un  migrant intégré.  Les deux peuvent bien sûr avoir apporté des tensions et des problèmes au début.  Mais dès le début, ils peuvent aussi nous donner beaucoup de chaleur humaine. À plus long terme, nous pouvons certainement les considérer comme un atout, dans un bon environnement social  (nous ne parlons  pas ici des migrants qui ne sont pas intégrés ou qui sont difficiles à intégrer, car cela est une problématique complètement différente). Pendant le baby-boom qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, par exemple, nous avons connu une reprise économique sans précédent. Elle est même allée si loin que nous avons été obligés d’augmenter artificiellement notre population en important des migrants.  La prospérité dont nous pouvons encore jouir aujourd’hui en est en partie redevable.

Le futur enfant n’est pas non plus une maladie, ou quelque chose de similaire à une tumeur qui devrait être enlevée. Aucun nom n’est donné à cela, mais il est bien donné à un enfant à un stade de devenir. Après tout, le foetus à risque d’être aborté est un être qui évolue vers un avenir dans lequel, comme nous, il devra  accomplir des tâches spécifiques et assumer des responsabilités à sa manière. Parfois, ce nom est même déjà donné quand il n’a pas encore été conçu. Ce rêve est une source de spéculations et d’attentes qui inspirent et motivent, et elles ne doivent pas être étouffées dans l’œuf au profit de nos propres plans. Après tout, l’enfant attendu est un nouvel autre qui nous a été donné pour donner un sens et un contenu à notre vie.  « L’autre » n’est pas l’enfer, comme l’affirmait plutôt bon marché J.P. Sartre. Celà sont les autres  qui ne veulent pas s’adapter à leurs propres autres. Leur slogan est « tout doit être possible et même devenir un droit, si cela sert mes projets ».

En écoutant bien l’argumentation de Mme Melissa Depraetere, il devrait progressivement devenir clair pour tout le monde que le but ultime de l’amendement  proposé à la loi n’est pas d’ajouter quelques semaines à la durée de l’avortement légal. Ce n’est là qu’une des étapes nécessaires pour parvenir à une normalisation complète de l’accès à l’avortement pour chaque femme et à tout moment lorsqu’elle décide de le faire. Cela doit devenir un droit, si possible même un droit constitutionnel. Selon elle, c’est le meilleur remède pour épargner définitivement les femmes du  syndrome post-avortement, ou en d’autres termes, de la protestation de leur conscience après l’avortement de leur futur bébé.

Ce qui précède ne vise pas à condamner les femmes qui ont avorté, ni même plusieurs fois. Personne ne connaît avec certitude leurs motivations et dans quelle mesure ils ont été influencés par leur environnement. Dans certains cas, cela peut même avoir été fait par des prélats errants. Chacun de nous a ses faiblesses, et elles peuvent nous conduire à des abîmes moraux jamais soupçonnés. Nous ne devrions pas non plus penser que les sanctions légales sont les meilleurs remèdes contre l’épidémie mondiale qu’est la pratique de l’avortement. Les meilleurs remèdes sont les bons exemples, une information correcte, une  communication amicale, une bonne aide aux femmes dans le besoin, promouvoir dès l’enfance une attitude de respect pour toute vie, en particulier toute vie humaine, aussi faible et problématique qu’elle puisse paraître, réfuter les fausses affirmations qui cherchent à promouvoir l’accès à l’avortement,  …  Ceux  qui remplissent les conditions requises pour être punis et auxquels il faut certainement s’opposer autant  que possible, sont ceux qui contribuent volontairement et sciemment à la mentalité qui a imposé à tant de femmes  le  syndrome post-avortement, au détriment de nos soins psychologiques surchargés.

On ne marchande pas avec des vies humaines. La lutte contre la propagande pro-avortement, financée par d’énormes sommes d’argent (en particulier de l’Amérique du Nord progressiste), n’est pas servie par des déclarations floues ou la  recherche de compromis. Celles-ci sont contre-productives et érodent la crédibilité du camp pro-vie. L’authenticité, la justice et l’humanité doivent orner nos armoiries. Nous vivons une lutte qui semble progressivement prendre une allure apocalyptique et finit par bouleverser toutes les relations de valeurs normales. Menons cette bataille courageusement et sans complexes, non pas  en  rabaissant les dissidents, mais en leur ouvrant les yeux sur l’horreur qu’est tout avortement, même si cela fait mal. Un bon exemple de la façon dont les choses peuvent être améliorées peut être trouvé dans l’article, publié dans Doorbraak, par une dame à l’esprit libéral: Karianne Boer: « Il y a un côté rance à la volonté d’augmenter la durée de l’avortement » – Doorbraak.be (En Néerlandais; s’identifier).  Elle va droit au but. Espérons et prions pour que de nombreux parlementaires lisent son article et en tirent les bonnes conclusions.

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