Nicaragua : le martyre de l'évêque Álvarez dans la prison d'Ortega (09/06/2023)

De Gianfranco Amato sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

Nicaragua, le martyre de l'évêque Álvarez dans la prison d'Ortega

09-06-2023

Pour n'avoir pas voulu abandonner son peuple et courber l'échine devant le dictateur Ortega, l'évêque de Matagalpa est détenu depuis quatre mois dans une prison de haute sécurité, soumis à des traitements inhumains. Dans le silence international.

Monseigneur Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa, est un pasteur qui ne voulait pas abandonner son troupeau et quitter sa patrie. Il a refusé de se plier à l'ordre d'exil vers les États-Unis que lui avait imposé le régime totalitaire de Daniel Ortega, préférant purger dans son pays la peine absurde de vingt-six ans et quatre mois de prison que lui avait infligée la juge Nadia Tardencilla Rodríguez, du tribunal du deuxième district de Managua, à l'issue d'un simulacre de procès qui a abouti à sa condamnation pour conspiration, diffusion de fausses nouvelles et une série de délits typiques habituellement utilisés par les régimes totalitaires pour éliminer les opposants. En réalité, le seul tort de Mgr Álvarez était d'avoir simplement exprimé des critiques compréhensibles à l'égard d'un régime qui se distinguait par sa politique d'agression et d'intimidation physique à l'encontre de l'Église catholique.

Ainsi, l'évêque dissident se trouve depuis le 9 février 2023 à l'Institut pénitentiaire national Jorge Navarro, plus connu sous le nom de "La Modelo". Il est actuellement détenu à l'isolement dans l'une des cellules de sécurité maximale de la galerie 300, qui se compose d'environ 150 véritables "loculi" répartis en trois modules. Mgr Álvarez se trouve dans le module 3-1, un bâtiment souterrain d'un étage complètement isolé, connu sous le nom d'"Infernetto", en raison du manque absolu d'hygiène et surtout de la chaleur torride qui rappelle les flammes du monde souterrain.

Dans ces cellules de sécurité maximale, inaugurées par le régime en 2015, les détenus sont exposés à l'humidité, au froid et à une chaleur qui peut atteindre 45 degrés centigrades, obligeant les malheureux détenus, comme Mgr Álvarez, à rester en sous-vêtements toute la journée, car même l'uniforme bleu clair de l'ordre est intolérable. Dans ce four, la seule concession faite par les geôliers est de pouvoir boire une petite bouteille d'eau par jour. Ceux qui ont survécu à cet enfer dantesque décrivent comme indescriptible le sentiment claustrophobique d'angoisse, d'angoisse et de désir désespéré de s'échapper.

Les cellules mesurent deux mètres sur deux mètres et demi et sont faites de béton, le matériau à partir duquel tout est fabriqué, y compris les lits de camp. Dans cet espace exigu, il y a même une minuscule salle de bain composée d'un tuyau de lavabo en ruine, d'où s'échappent cafards, blattes et autres insectes, et d'une toilette métallique sans chasse d'eau, perpétuellement sale car les prisonniers ne permettent pas l'utilisation d'un seau ou d'un récipient pour l'eau nécessaire à l'évacuation des matières fécales. Le peu d'air malodorant qui circule à l'intérieur de la cellule contribue également à la définition d'"enfer" donnée à ce pavillon pénitentiaire. La seule source d'air et de lumière est une petite fenêtre dans la porte d'environ 25 centimètres de haut et 12 centimètres de large, fermée par un grillage, et une autre petite ouverture de 15 centimètres de large et 15 centimètres de haut par laquelle passe la nourriture destinée aux détenus. Le menu est fixe et toujours le même : du riz et des haricots trois fois par jour, bien qu'il ne soit souvent servi qu'une seule fois. Et très souvent, on trouve aussi des vers dans le riz. À l'intérieur de la cellule, il n'y a ni électricité ni lumière artificielle. Pas même une ampoule pour la nuit.

Dans les conditions de chaleur infernale dans lesquelles ils se trouvent, les détenus ne peuvent même pas se rafraîchir en utilisant l'eau des toilettes, car le service d'eau ne fonctionne que pendant vingt minutes deux fois par jour, à cinq heures du matin et à midi. Le régime ne se contente cependant pas de laisser des êtres humains dans une situation aussi déplorable. Il prétend même surveiller les détenus 24 heures sur 24 grâce à un système de caméras installé dans chaque cellule.

Un tel état de détention dans un isolement absolu mettrait à rude épreuve le système psychologique de tout être humain. Monseigneur Rolando Álvarez passe tous ses jours depuis quatre mois dans une solitude absolue, hormis la compagnie des cafards et la caméra braquée sur lui nuit et jour. Dans ces conditions, seule la force de la foi et de la prière permet de survivre et de ne pas devenir fou. L'évêque de Matagalpa est un martyr de notre temps. Et un grand exemple aussi pour beaucoup de ses frères qui, à sa place, n'auraient pas hésité un instant à prendre l'avion pour Miami et à fuir vers le confortable exil des États-Unis.

Même l'Église catholique italienne, en plus d'organiser des veillées de prière discutables contre la soi-disant "homophobie", ferait bien de se souvenir des nombreux pasteurs martyrs disséminés dans le monde. De nombreux fidèles comprendraient certainement mieux une veillée de prière pour le pauvre Monseigneur Rolando Àlvarez, victime innocente de l'un des régimes totalitaires les plus impitoyables de la planète aujourd'hui.

Et même de nombreux démocrates et libéraux devraient peut-être être moins distraits par la dénonciation des régimes communistes qui, en 2023, obligent leurs opposants à vivre dans des conditions qui rappellent les scènes du célèbre film Papillon de Franklin Schaffner qui se déroulent dans le pénitencier de l'île du Diable, la pire colonie pénitentiaire de Guyane française.

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