Luc Terlinden : des "accents propres" (30/06/2023)

De Vatican News :

Mgr Terlinden, ou l’exigence d’une Église cohérente

Nommé archevêque de Malines-Bruxelles le 22 juin, Mgr Luc Terlinden a participé à la messe célébrée ce jeudi 29 juin en la basilique Saint-Pierre en la solennité des saints Pierre et Paul. À cette occasion, il a reçu le pallium des mains du Pape François. Il se confie à Radio Vatican–Vatican News sur sa future mission et les défis qu’il devra relever.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

C’est confiant et serein que Mgr Luc Terlinden, 54 ans, nommé il y a quelques jours à peine, le 22 juin, archevêque de Malines-Bruxelles, reçoit cette nouvelle charge. C’est aussi plein d’humilité, conscient d’être le seul prêtre présent en la basilique Saint-Pierre à recevoir en cette solennité des saints Pierre et Paul le pallium des mains du Pape François, tous les autres nouveaux archevêques métropolitains étant déjà évêques. Il sera d’ailleurs ordonné évêque le 3 septembre prochain, lors de son installation à la tête de l’archidiocèse belge.

Vicaire du cardinal De Kesel, il connait bien son futur diocèse pour y avoir été curé. Il sait donc les défis qui l’attendent, et en tout premier lieu celui de l’annonce de l’Évangile. «Cela passe par des communautés vivantes et rayonnantes» affirme-t-il, précisant que cela signifie des communautés «où l’on se met à l’écoute de l’Évangile», où l’on prie ensemble et «où l’on vit la solidarité et la fraternité», avec une attention toute particulière aux communautés existantes, aux prêtres et aux diacres, et à tous les animateurs pastoraux dans une période de changement de l’Église.

Pas de rupture avec son prédécesseur

L’archevêque nommé compte aussi aborder le dialogue interreligieux, tout particulièrement avec l’islam, Bruxelles comptant une grande communauté musulmane, sans négliger l’œcuménisme, «toujours important». Il a aussi une intuition, liée à la dimension européenne de la capitale belge. «Il y a quelque chose à faire, encore davantage», reconnaît-il.

Faut-il s’attendre à une rupture avec le cardinal De Kesel? Non, car Mgr Terlinden partage «beaucoup de son analyse, notamment sur la place de l’Église dans la société d’aujourd’hui et de sa mission». Mais il reconnaît avoir «des accents propres»«J’ai envie de faire bénéficier aussi de mon expérience de pasteur, de prêtre de paroisse puis de vicaire et d’avoir une approche très pastorale sur le terrain», précise-t-il.

Son ministère, Mgr Terlinden l’assumera dans le contexte d’une société belge beaucoup plus sécularisée, et d’une Église «beaucoup plus humble» mais qui a «pourtant sa place»«On sera crédible, comme le dit Charles de Foucauld, si l’on développe un apostolat de la bonté, si l’on se montre fondamentalement bon, fidèles à l’Évangile, tout en ne masquant pas notre message et ses exigences» estime-t-il. «Notre crédibilité passera par cet accord entre ce que nous disons et ce que nous faisons», insiste-t-il.

Charles de Foucauld comme exemple

S’il n’est pas encore ordonné évêque, Mgr Terlinden a déjà sa devise épiscopale: Fratelli tutti, avec laquelle il veut d’abord montrer qu’il sera un évêque parmi ses frères et sœurs, «au service de la communion autour du Christ». Il veut aussi, comme l’a souligné le Pape François, insister sur la dimension sociale et la mettre en œuvre. Il s’agit «de notre rapport au monde et de la société que l’on veut construire». Autre source d’inspiration, saint François d’Assise bien sûr, mais aussi saint Charles de Foucauld dont il est proche, étant membre d'une fraternité de prêtres éponyme. «C’est la recherche de cette fraternité universelle, pouvoir vivre comme un frère de tous», se rapprochant des plus petits et des plus pauvres.

Pour mener sa nouvelle mission, Mgr Terlinden sait qu’il a le temps pour lui. Âgé de 54 ans, il devrait rester à la tête de l’archidiocèse de longues années. «Cela m’invite à une certaine patience» reconnaît-il. C’est aussi un avantage dans une perspective plus large, et dans le cadre du chemin synodal entamé par le Pape François. Cela permettra de «discerner au mieux avec les chrétiens, avec les communautés et avec mes collaborateurs, là où le Seigneur nous appelle»«On ne trouvera pas de réponses à ces défis enfermés dans un bureau à l’archevêché; il faut vraiment qu’ensemble, en peuple, on discerne. Et une conversion, cela prend toujours du temps» ajoute-t-il, pensant au processus synodal que le Saint-Père a ouvert.

Entretien avec Mgr Luc Terlinden

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