Pour François, nommer des cardinaux proches de sa ligne est une dimension décisive de sa politique de réforme de l'Église puisqu'elle détermine le choix de la ligne de son successeur. Il récuse ainsi toute personnalité divergente, ce que ne faisaient pas ses prédécesseurs qui intégraient toujours des cardinaux qui leur étaient opposés pour tenir compte de la diversité des opinions dans l'Église.
Le cas le plus emblématique de cette politique est la nomination de Mgr Victor Manuel Fernandez, bientôt 62 ans, Argentin et ami très proche du pape. Il est son fils spirituel autant que ce prélat est le mentor théologique de François. Le pape l'a d'ailleurs nommé la semaine dernière, à la prestigieuse fonction de préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, un poste qu'occupa le cardinal Ratzinger sous le pontificat de Jean-Paul II. Mgr Fernandez est aussi derrière beaucoup de textes importants de François dont l'encyclique Amoris Laetitia qui réforma l'accès des personnes divorcées remariées à la communion après le synode sur la famille.
Le livre de Mgr Fernandez sur «l'art du baiser» avait fait scandale en son temps, de même que sa position en faveur de la bénédiction des couples homosexuels inquiète. En 2015, ce théologien très réformateur et sans état d'âme pour la tradition de l'Église, déclarait dans une interview au Corriere della Sera : «les cardinaux eux-mêmes peuvent disparaître, dans le sens où ils ne sont pas essentiels» car «l'Église, c'est le Peuple de Dieu guidé par ses pasteurs».
François a également nommé un autre Argentin, proche de lui, Mgr Angel Sixto Rossi, un jésuite, très engagé sur le plan social. Il a créé à Buenos Aires le Hogar San José qui vient en aide aux personnes de la rue et la Fondation Manos Abiertas (Mains ouvertes) qui apporte une assistance aux personnes les plus pauvres et vulnérables dans 10 villes d'Argentine.
À noter, enfin, dans cette liste, trois noms d'évêques en responsabilité dans des pays très tendus : Mgr Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, un remarquable franciscain italien qui fait un parcours sans faute en Terre Sainte dans une situation extrêmement complexe. Mgr Stephen Ameyu Martin Mulla, archevêque de Djouba au Soudan du Sud. Et Mgr Stephen Chow Sau-Yan, un jésuite, évêque de Hong Kong qui est l'homme du dialogue actuel avec la Chine, un dossier capital pour le pape François.
Commentaires
On est en droit de se demander si ces prélats qui sont souvent à la tête de commissions autoréférentielles (pour reprendre le terme du pape Benoît) trouvent encore le temps de prier le bréviaire ou de prendre un moment pour rester en silence devant le Saint Sacrement. Tout le monde sait que la réunionnite est chronophage : elle détourne très souvent les clercs de ce qui est essentiel dans leur vie sacerdotale.
Écrit par : Denis CROUAN | 10/07/2023
Ce reproche pourrait, sauf exception ( ?) , s'adresser à tous ceux d'entre nous qui cèdent à la polémique, aux redites, au pédantisme, à l'ironie ....et j'en passe
Écrit par : muriel lehembre | 10/07/2023
On a encore de la marge. Caligula a nommé son cheval consul.
Écrit par : Philippe G | 10/07/2023
Le Saint-Esprit ne va pas manquer de travail avec le Synode en cours et le prochain conclave......
Écrit par : Etienne | 10/07/2023
A Muriel : " Ce n'est pas que les chrétiens soient moins nombreux, c'est que le nombre de chrétiens médiocres augmente.
Bernanos.
Écrit par : André | 10/07/2023