Vatican : une majorité de cardinaux électeurs créés par le pape Bergoglio garantit-elle mécaniquement un successeur bergoglien ? (10/07/2023)

Du Sismografo :

Une majorité de cardinaux électeurs créée par le pape Bergoglio garantit-elle mécaniquement un successeur bergoglien ?

Peut-on diviser l'Église du Christ, y compris dans son avenir, en " bergogliens " et " anti-bergogliens " ? Il faut toujours se rappeler que le Trône de Pierre n'est pas dynastique et que le Christ n'est pas venu pour établir une dynastie.

(L.B., R.C. - édité par la rédaction de 'Il sismografo') Avec l'annonce hier de la création de 21 nouveaux cardinaux, dont 18 sont électeurs, un thème médiatique récurrent est immédiatement revenu : le pape François en 10 ans a nommé plus de 140 cardinaux, il a donc désormais une force électorale suffisante (73%) pour faire élire un successeur qui garantira la vigueur des réformes qu'il a introduites ainsi que le style et la manière d'être un pape.

Selon ce raisonnement, largement diffusé dans certains milieux, il y aurait une sorte de lien automatique entre le fait d'être créé cardinal par le pape Bergoglio et celui de faire partie d'un groupe qui se formerait dans un éventuel conclave pour élire un continuateur du pontificat du pape Bergoglio en tant qu'évêque de Rome.

Facile à dire et même à envisager, mais très difficile à mettre en œuvre aussi mécaniquement car, avec toutes ses fautes et ses misères, l'Église catholique n'est pas un parti politique ou une multinationale avec un PDG et des milliers et des milliers d'employés répartis en diverses catégories. Et puis, penser de cette manière torpide, signifierait que la création de cardinaux serait la manière pour le pape régnant de toiletter une majorité préétablie au profit de sa personne et de sa mémoire. Une véritable abomination.

Le Conclave de mars 2013, selon ce raisonnement, aurait donc dû élire un Ratzinger, en l'occurrence le Card. Angelo Scola, mais cela ne s'est pas produit. Il peut y avoir des dizaines de raisons à cela, mais le fait est que cela ne s'est pas passé comme l'avaient prédit les experts du supposé lien automatique.

En 2013, l'évêque de Rome le plus plébiscité et donc le plus nouveau s'est appelé Jorge Mario Bergoglio, devenu plus tard le pape François. Le lien mécanique n'a pas tenu, et ce n'était pas la première fois : cela pourrait également être le cas à l'avenir.

Lors du conclave, les cardinaux électeurs reçoivent un coup de main de l'Esprit Saint, mais ces illustres cardinaux ne le comprennent pas toujours. À en juger par certains des papes que l'Église a eus au cours de son histoire mouvementée, il semblerait que l'Esprit Saint ait pris congé, qu'il se soit absenté. Cependant, les cardinaux électeurs, assistés par l'esprit divin, doivent penser par eux-mêmes, avoir leurs propres idées sur l'état de l'Église et du monde, sur les défis de l'évangélisation au début de la décennie du Grand Jubilé de 2033, sur l'ensemble de l'humanité et ses urgences pressantes. [1]

Les électeurs, dans l'éventualité d'un Conclave, ne seraient jamais des militants ou des clans de cliques pro-Bergoglio ou anti-Bergoglio. Il pourrait y avoir un cas de fanatisme aveugle, mais la grande majorité des électeurs d'un Conclave comprennent qu'ils ne sont pas là à la demande de forces étrangères, pour diviser le gouvernement de l'Église, pour remplir une promesse faite à un ami ...

La question principale est simple mais gigantesque : trouver à ce moment-là pour l'Eglise fondée par le Christ le guide, le Pasteur universel, qui peut le mieux conduire la barque de Pierre "dans le monde d'aujourd'hui, soumis à des changements rapides et agité par des questions d'une grande importance pour la vie de foi" et annoncer l'Evangile. (Declaratio)

Aucun cardinal électeur n'acceptera jamais d'établir un lien mécanique, presque une dette à honorer, entre sa barette rouge et un engagement électoral avec le pape régnant.

Ce serait une véritable insulte, une calomnie, à l'égard de l'évêque de Rome sur le trône de Pierre.

Chaque pape et chaque pontificat ont une histoire unique

Il n'y a pas de succession dynastique dans l'Église catholique. Le pape en exercice n'est pas le successeur de ceux qui ont régné avant lui. Bergoglio n'a jamais été le successeur de Ratzinger, qui lui-même n'a jamais été le successeur de Wojtyla. Le pape, en tant qu'évêque élu de Rome, est le successeur de saint Pierre et c'est une autre chose que les adeptes de la logique du lien mécanique devraient toujours se rappeler pour ne pas nuire à l'Église.

Chaque pontife, chaque pontificat a sa propre histoire et cette diversité dans la continuité de la foi fait partie de l'essence même de l'Église du Christ. Le Conclave c'est aussi cela et non l'élection du secrétaire général du parti.

Enfin, une remarque minime mais importante : même dans les Conclaves des dernières décennies, comme il y a des siècles, on a vu et entendu des laïcs ou des groupes de laïcs essayer d'influencer certains cardinaux électeurs. Il s'agit de véritables lobbies laïco-cléricaux qui, pour diverses raisons, tentent d'interférer de l'extérieur afin de remporter des victoires présumées d'une ligne sur l'autre, d'un pape sur l'autre, ou simplement de rester dans l'Église en tant que groupe de pouvoir intouchable. Souvent, ces lobbies - nuisibles et toxiques - se renvoient la balle.

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[1] L'Esprit Saint est-il responsable de l'élection du Pape ? Réponse du cardinal Ratzniger (1997)
L'Avvenire du 13 mars 2013 a rappelé la réponse que Joseph Ratzinger avait donnée en 1997 à la question sur l'action de l'Esprit Saint au Conclave.
"Je ne dirais pas cela, dans le sens où c'est l'Esprit Saint qui le choisit. Je dirais que l'Esprit Saint ne prend pas exactement le contrôle de la chose, mais qu'en bon éducateur qu'il est, il nous laisse beaucoup d'espace, beaucoup de liberté, sans nous abandonner complètement. Le rôle de l'Esprit doit donc être compris dans un sens beaucoup plus élastique, et non pas comme s'il nous dictait le candidat pour lequel nous devrions voter. La seule sécurité qu'il offre est probablement que la chose ne peut pas être totalement ruinée. Il y a trop d'exemples de papes que l'Esprit Saint n'aurait manifestement pas choisis".

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