Mongolie : des messages codés entre la Chine toute proche et le Vatican ? (02/09/2023)
De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro :
Voyage du pape en Mongolie: les messages codés de François
Le pape est en visite en Mongolie, pays de trois millions d’habitants, mais qui compte environ 1400 fidèles. Il a expliqué que l'Église n'envoyait pas ses missionnaires «pour propager une pensée politique».
« Le voyage du pape en Mongolie, ce week-end, donne lieu à des messages codés entre la Chine toute proche et le Vatican. À peine François avait-il envoyé, vendredi, un télégramme au président chinois depuis l'avion – selon l'usage diplomatique quand il survole un pays - qu'une réponse plutôt bienveillante lui est arrivée de la part de Pékin. La Chine affirmait alors «vouloir renforcer la confiance mutuelle» avec le Vatican estimant que les paroles du pape «reflétaient l'amitié et la bonne volonté». Pourtant les relations au jour le jour sont tendues, Pékin ne respectant plus depuis un an un accord bilatéral pourtant signé en 2018 avec le Vatican portant sur la nomination des évêques.
Samedi, après une journée de repos, François, 86 ans, réaffirmait à qui voulait l'entendre, devant les religieux catholiques engagés en Mongolie, que l'Église n'envoyait pas ses missionnaires «pour propager une pensée politique» et qu'elle ne représentait « aucun risque pour les autorités séculières ». Message d'abord adressé au gouvernement mongol qui a récemment restreint les visas pour les prêtres et religieuses étrangers par peur du «prosélytisme». Et message indirect, également destiné à Pékin où François désire être un jour invité.
Accord bilatéral
Dans son discours au voyage adressé aux autorités publiques et diplomatiques mongoles, le chef de l'Église catholique a d'ailleurs expliqué à une assemblée qui connaît très mal l'Église catholique très minoritaire dans ce pays avec moins de 1500 baptisés, que les catholiques étaient «prêts à apporter leur contribution à la construction d'une société prospère et sûre». Mais qu'il leur fallait «une législation clairvoyante et attentive aux besoins concrets » de la communauté catholique. Le Saint-Siège et la Mongolie sont en train de négocier un accord bilatéral.
Dans son propos d'accueil, le président mongol Ukhnaagiin Khürelsüskh a assuré que le rapprochement avec le Saint-Siège s'inscrivait dans un «nouveau pilier» d'une politique «d'amour et de paix» et de défense du pluralisme religieux, se référant, sur ce point, à l'exemple donné par l'empereur Gengis Khan. Les deux hommes venaient de se recueillir devant l'immense statue du père de la Mongolie, mort en 1227.
Message d’encouragement
Néanmoins l'œuvre pastorale des missionnaires catholiques, arrivés seulement en 1992 et partis de rien, n'est pas aisée en Mongolie comme en a témoigné devant le pape une religieuse de Mère Teresa, dans son sari blanc aux bandeaux bleu, sœur Salvia Mary Vandanakara : « cette terre est très rocailleuse, il arrive qu'elle ne permette aucune infiltration et qu'elle ne porte pas facilement du fruit. Nous sommes enclins à l'abattement et nous sommes pris par la désillusion, même si, avec l'aide de Dieu et sous la protection de notre Mère Céleste, nous avançons sans peur et sans hésitation ».
Aux 25 prêtres et aux 33 religieuses présents dans ce pays trois fois grand comme la France qui compte une population de près de 3,5 millions d'habitants, François, très proche et attentif, improvisant souvent en italien, a donné un fort message d'encouragements, les invitant «à rester en contact avec Dieu par le silence de l'adoration devant le tabernacle qui donne la joie intérieure et l'apaisement du cœur. Jésus est la source, c'est lui notre trésor». Quant au statut de minoritaire, François a conseillé : «N'ayez pas peur du petit nombre et du succès qui ne vient pas, ce n'est pas la voie de Dieu. Dieu aime la petitesse. Il aime accomplir de grandes choses à travers petitesse».
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