Mardi 30 janvier, lors d’un vote solennel faisant suite à la déclaration de politique générale de Gabriel Attal (cf. Fin de vie : « un projet de loi sur l’aide active à mourir » « avant l’été »), l’Assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de loi visant à inscrire dans la Constitution « la liberté garantie à la femme d’avoir recours » à une interruption volontaire de grossesse (IVG).
Ecrire, coûte que coûte, « un nouveau chapitre »
Le député Erwan Balanant (Démocrates) salue la rédaction du texte, « la plus aboutie » et le « fruit d’un équilibre entre l’Assemblée nationale et le Sénat » selon lui. Sarah Tanzilli (Renaissance) insiste elle aussi. Il s’agit d’une formulation qui fait « un pas vers l’autre pour la défense d’intérêts qui nous dépassent », « un compromis entre la gauche, la majorité et la droite républicaine ».
« Le texte, même s’il est imparfait, ouvre la voie » souligne à son tour Marie-Noëlle Battistel (Socialistes), tout en ajoutant : « il aurait pu être plus amitieux, mais il est celui de la “vigilance” ». Après avoir égrainé lors de son discours les paroles de la chanson d’Anne Sylvestre, « non tu n’as pas de nom », sur le choix ou non d’avoir un enfant, Sandrine Rousseau (Ecologistes Nupes) regrette, elle aussi, que le texte n’aille pas assez loin. Elle explique préférer une formulation plus « protectrice » intégrant la notion de « droit » (cf. IVG : « le Gouvernement ne sait pas ce qu’est une liberté, et ce qui la distingue d’un droit »), évoquant la contraception, et incluant mieux les « personnes trans », mais « c’est une première étape » insiste-t-elle en appelant à voter le texte.
Qu’importent les divergences et la réalité de l’avortement. Le sujet serait-il si essentiel ? Tous les groupes, à l’exception des Républicains (LR) et du Rassemblement National (RN) pour qui la liberté de conscience et de vote sont de mise sur les sujets sociétaux, appellent unanimement à l’« unité républicaine » et au vote du texte proposé. « Nous avons rendez-vous avec l’histoire », « le temps n’est plus à la casuistique, prenons nos responsabilités » exhorte Erwan Balanant. « Ecrivons un nouveau chapitre ».
Peu de voix dissonantes
Sans grande surprise (cf. Les députés approuvent le projet de loi visant à constitutionnaliser l’IVG) et sous les applaudissements, le projet de loi a été voté à une très large majorité. Avec 546 votants et 523 voix exprimées, la formulation du Gouvernement a été acceptée par les députés avec 493 voix pour et 30 contre.
Lors du scrutin, l’ensemble des élus de gauche et la quasi-totalité de la majorité comme du groupe indépendant Liot ont voté pour, seul un député Liot a voté contre. A droite, le groupe LR a, lui, été divisé, avec 40 députés pour le projet de loi constitutionnelle, 15 contre, et 4 qui se sont abstenus. De même au RN, où 46 étaient pour, 12 contre et 14 ne se sont pas prononcés. Enfin, parmi les 5 députés non inscrits, il est à noter que 2 ont voté pour, 2 contre et un s’est abstenu.
Au cours de la discussion générale, une seule voix véritablement dissonante se sera fait entendre au perchoir ce mardi soir, celle de la députée Pascale Bordes (RN). Avec insistance, elle dénonce à nouveau une réforme « inappropriée et inutile », « très éloignée des préoccupations des Français » (cf. Avortement, fin de vie : des projets de lois « hors sujet et hors sol »). « Comment consacrer autant de temps à un tel texte alors que le débat sur l’IVG a eu lieu il y a 50 ans, et que 234 300 IVG ont été pratiquées en 2022 ? » s’offusque-t-elle (cf. France : 234 300 avortements en 2022). « Ce texte est une diversion », une « opération de communication », « un artifice » déplore la députée qui ne prendra toutefois pas part au vote.
Du côté des LR, tout en se disant favorable au projet de loi à titre personnel, Emilie Bonnivard s’est à nouveau inquiétée d’un déséquilibre entre « la possibilité pour la femme d’avoir recours à l’IVG et le respect de l’être humain dès le commencement de sa vie » (cf. IVG dans la Constitution : « l’enjeu est celui de la liberté des citoyens, et pas seulement de la femme »).
Commentaires
Dans la rubrique "Actualités" du site de la Conférence des Evêques de France (CEF), ce résultat du vote des députés en faveur de "l'IVG dans la Constitution" n'est pas évoqué.
Voici les quatre derniers titre de cette rubrique:
- " 1er février 1954 : un cri pour les sans-abri, le regard vu par un sociologue d’aujourd’hui"
29 janvier 2024
-"La Chandeleur, une fête de la lumière"
29 janvier 2024
-"60 ans de la restauration du diaconat permanent"
25 janvier 2024
-"Message du Saint-Père pour la 58e Journée mondiale des communications sociales."
24 janvier 2024
Apparemment, pour la CEF, le résultat de ce vote est un "non-évènement".
Stupéfiant!
Écrit par : Anne-Christine R | 01/02/2024
C'est d'autant plus "stupéfiant "que vos articles datent tous d'avant le jour du vote en l'occurrence le 30/01/24....je suppose qu'un article sortira tôt ou tard
Écrit par : Emilie | 01/02/2024
Alors qu'il n'a fallu que quelques heures (voire quelques minutes) pour que les sites pour lesquels ce vote est une victoire et pour les sites qui mesurent la gravité et de l'abomination qu'il représente, l'annoncent et le commentent, toujours rien, nada, sur cette actualité dans le site de la CEF qui, n'est autre que le site officiel de l'Eglise de France!
Le vote a eu lieu mardi 30 janvier, nous sommes vendredi 2 février!
On est où là?
De plus en plus stupéfiant!
Écrit par : Anne-Christine R | 02/02/2024
Il y a du neuf aujourd'hui dans la rubrique "Actualités" du site de la CEF .
L'annonce et le commentaire du résultat du vote en faveur de l'inscription de l'avortement dans la Constitution française?
Que nenni, mais un article au titre suivant:
« À travers le désert Dieu nous guide vers la liberté » : message du Pape pour le Carême 2024
02 février 2024
Un non-évènement...je disais!
Hallucinant!
Écrit par : Anne-Christine R | 02/02/2024