Le document du Dicastère de la Doctrine de la Foi (DDF) concernant le statut des apparitions privées est paru (18/05/2024)
D'Arnaud Dumouch :
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Voici une liste des six votes finaux possibles à l'issue du discernement.
Nihil Obstat: aucune certitude n'est exprimée sur l'authenticité surnaturelle, mais des signes d'une action de l'Esprit sont reconnus. L'évêque est encouragé à évaluer la valeur pastorale et à promouvoir la diffusion du phénomène, y compris les pèlerinages.
Prae oculis habeatur: des signes positifs sont reconnus, mais il y a aussi des éléments de confusion ou des risques qui nécessitent un discernement et un dialogue avec les destinataires. Une clarification doctrinale peut être nécessaire si des écrits ou des messages sont associés au phénomène.
Curatur: les éléments critiques sont présents, mais il y a une large diffusion du phénomène avec des fruits spirituels vérifiables. Une interdiction qui pourrait déranger les fidèles est découragée, mais il est demandé à l'évêque de ne pas encourager le phénomène.
Sub mandato: les questions critiques ne sont pas liées au phénomène lui-même, mais à l'utilisation abusive qui en est faite par des individus ou des groupes. Le Saint-Siège confie à l'évêque ou à un délégué la direction pastorale du lieu.
Prohibetur et obstruatur: malgré quelques éléments positifs, les criticités et les risques sont sérieux. Le dicastère demande à l'évêque de déclarer publiquement que l'adhésion n'est pas permise et d'expliquer les raisons de cette décision.
Declaratio de non supernaturalitate: l'évêque est autorisé à déclarer que le phénomène n'est pas surnaturel sur la base de preuves concrètes, telles que la confession d'un voyant présumé ou des témoignages crédibles de falsification du phénomène.
il me semble qu'il manque une catégorie : "reconnaissance officielle et infaillible" : elle pourrait intervenir quand le phénomène est accompagné d'un ou plusieurs miracles indubitables liés à l'apparition et qui impliquent obligatoirement la toute-puissance de Dieu.
Un exemple de discernement sur une petite apparition : Notre Dame d’Absam, au Tyrol (24 mn)
Par Arnaud Dumouch
Le 17 janvier 1797, une jeune fille de 18 ans, Rosina Bucher vit apparaitre un portrait de la Vierge Marie sur la vitre d’une fenêtre de la maison de ses parents à Absam/Tyrol. La population transféra l’icône à l’église paroissiale Saint-Michel et l’évêque de Brixen lança une enquête :
1° Le critère objectivable de l’enseignement doctrinal de la présumée apparition : CONCLUSION : « Pas de problème. Le message de l’apparition est le silence ».
2° Le discernement souple et ouvert sur les fruits spirituels : En 1797, l’évêque ne put que constater la ferveur populaire, l’augmentation des confessions et des communions. Il décida d’accompagner pastoralement le pèlerinage et l’encouragea.
3° Le dernier critère à vérifier : les miracles. Pour une reconnaissance définitive et infaillible, il faudrait un jour étudier les miracles et prodiges attestés par les très nombreux ex voto. Mais ce critère, qui accompagne presque obligatoirement la canonisation des saints (sauf cas de canonisation "équipollente", par une décision souveraine du pape) n'est pas repris pour le moment par la DDF.
L’église où est exposée l’image « non faite de main d’homme » tout en n’étant pas définitivement et canoniquement reconnue (simple "Nihil obstat" dans la configuration actuelle de la DDF), fut élevée au rang de basilique en 2000 par le pape Jean-Paul II.
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Commentaires
Une révélation privée ne pourra jamais faire l'objet d'une déclaration infaillible du magistère, puisque son objet est celui d'une pieuse croyance. Le peu que je lis de cette déclaration du dicastère pour la foi me semble intéressant. beaucoup de nuances apportées pour l'appréciation pastorale, valorisation du rôle de l'ordinaire du lieu, souci pastoral envers les fruits du pèlerinage.
Écrit par : Père Simon | 18/05/2024
Cher père Simon, d'après le futur pape benoît XVI, alors préfet de la CDF (voir son Commentaire du Motu Proprio Ad Tuendam Fidem, 1998), l'infaillibilité qui accompagne la canonisation des saints n'est pas de l'ordre doctrinal. Elle ne doit pas être confondue avec "l'infaillibilité magistérielle qui accompagne les dogmes". Elle est une "infaillibilité d'ordre pratique" due au fait que la canonisation est démontrée par un 3e critère qui est "LE MIRACLE POST MORTEM DU A L'INTERCESSION DU SAINT ET qu'on ne peut attribuer qu'à Dieu".
Ce critère pourrait très bien être canoniquement appliqué aux apparitions pour leur reconnaissance définitive. Elles bénéficiraient alors de la même infaillibilité pratique
Écrit par : Arnaud Dumouch | 18/05/2024
De ce document catastrophique de Fernandez, il ressort grosso-modo que l'évêque du lieu n'est plus habilité à reconnaitre l'authenticité d'une apparition mariale mais seulement sa fausseté. Stupéfiant!
Écrit par : Jean-Pierre Snyers | 18/05/2024
A noter aussi que, sous ce pontificat, 3 lieux d'apparitions (dont Amsterdam) ont été déclaré faux quelques années après leur reconnaissance par les évêques concernés et qu'il y a fort à parier que d'autres endroits (Fatima, La Salette etc...) n'auraient jamais été approuvés si Fernandez avait été en poste à ce moment-là.
Écrit par : Jean-Pierre Snyers | 18/05/2024
Cher Jean-Pierre,
l'apparition d'Amsterdam n'est pas reconnue comme "fausse". C'est une erreur d'interprétation venue du journal "La croix" et de "famille chrétienne" qui a conduit à cette interprétation. Elle est simplement mise au niveau du statut de "Nihil obstat" autrement dit, selon les anciens critères, de "non constat de surnaturalité" (à ne pas confondre avec la condamnation définitive qui était formulée ainsi : " constat de non surnaturalité".)
En effet, Amsterdam ne bénéficie pas d'une preuve définitive et indubitable de sa vérité même si, comme le montrent l'évêque d'Amsterdam, tous les messages vont dans un sens positif. Donc, selon les critères du document actuel de la DDF, l'apparition d'Amsterdam sera rangée dans le premier critère, celui du "nihil obstat"
Écrit par : Arnaud Dumouch | 18/05/2024
Tout cela n'est peut-être qu'un apéritif. Il est bon de rappeler que, le 15 avril 2023, le Vatican avait créé un "observatoire" des apparitions mariales, chargé de discernement. Il n'en avait pas fallu plus pour faire naître des soupçons que des prophéties un peu trop irrévérentieuses pour de futures autorités romaines étaient dans le collimateur. Les créateurs de l'organisme n'avaient d'ailleurs pas caché leur volonté de discréditer les scénarios apocalyptiques et mises en cause du pape.
Un projet de "great reset" à base de nettoyage des messages d'expédition céleste a-t-il été élaboré ? L'avenir nous le dira.
Écrit par : Philippe G | 18/05/2024
Puisque les évêques n'ont plus le droit de reconnaitre le caractère surnaturel d'une apparition (synodalité oblige?), la Vierge Marie n'a plus qu'à se taire ou à adopter le langage du pape Bergoglio et de Fernandez. Autrement dit, si elle veut bénéficier d'une reconnaissance vaticane, il ne lui reste plus qu'à applaudir la Pachamama, la déclaration d'aboud Abi, le vaccin Covid, les préoccupations climatiques, la bénédiction des couples homosexuels (bref, la dictature du relativisme et du syncrétisme)...tout en méprisant sévèrement les prêtres en soutane, la Messe traditionnelle ou encore les évêques fidèles à la foi catholique . .
Écrit par : Jean-Pierre Snyers | 20/05/2024