Les gays au séminaire : quand le pape se contredit radicalement (04/06/2024)
De Riccardo Cascioli sur la NBQ :
Les gays au séminaire : quand le pape se reprend radicalement
Après la sortie sur la « pédérastie » des prêtres, virage sensationnel du pape François : il encourage un aspirant séminariste gay à poursuivre. Une contradiction inconcevable, qui se transforme en victoire pour le lobby LGBT.
04_06_2024
On ne peut même plus parler de surprise. Après le tollé provoqué par la publication de l'« air de pédophilie » au séminaire et parmi les prêtres, le lobby gay ne pouvait pas rester les bras croisés. C'est ainsi qu'est apparu un reportage de la BBC sur un jeune homosexuel sicilien qui affirme avoir été soumis à des thérapies réparatrices s'apparentant à de la torture alors qu'il était au séminaire.
Et puis, surtout, la lettre au pape François de l'« aspirant séminariste gay » qui se plaint d'être rejeté pour son homosexualité alors qu'il se sent une forte vocation. Un courriel écrit le 28 mai par Lorenzo Michele Noè Caruso, 22 ans, c'est le nom du garçon, « trois pages dans lesquelles il ouvre son cœur au Saint-Père », explique Il Messaggero, qui a rapporté l'histoire en premier. Et avec une rapidité surprenante, Lorenzo a reçu une réponse dès le 1er juin : « Une carte manuscrite, scannée et jointe à l'e-mail ». Le contenu de la réponse est tout d'abord la dénonciation du cléricalisme, évoquée dans la lettre du garçon, et va ensuite à l'essentiel : « Jésus appelle tout le monde, tout le monde. Certains pensent que l'Église est une douane, et c'est mauvais. L'Église doit être ouverte à tous. Frère, poursuis ta vocation ».
Évidemment, la lettre a été immédiatement publiée pour faire comprendre « qui est le vrai pape, ce n'est pas celui qu'on vous a fait croire ».
Et oui, la question se pose : qui est le vrai pape ? Car il est clair qu'il n'y a pas moyen de concilier la question de la « pédérastie » avec cette lettre. Il est vrai que « poursuis ta vocation » peut signifier n'importe quoi, mais dans ce contexte, cela ne peut être lu que comme un feu vert pour entrer au séminaire (à moins que le bureau de presse du Vatican n'intervienne à nouveau pour rectifier).
Mais le fait est que même le discours aux évêques italiens du 20 mai était très clair : au-delà de la terminologie utilisée, l'invitation du pape à empêcher les candidats ayant des tendances homosexuelles d'entrer au séminaire n'était pas équivoque, même si quelqu'un essayait. Nous avons déjà souligné que le discours aux évêques italiens semblait en contradiction flagrante avec ce qui a été fait ces dernières années pour promouvoir l'agenda LGBT dans l'Église. La confusion, l'ambiguïté et la duplicité sont certainement des caractéristiques de ce pontificat.
Mais ici, nous sommes manifestement au-delà : un même cas recevant deux réponses diamétralement opposées est inconcevable. Et passons sur la gravité de nier par ouï-dire le jugement d'un recteur de séminaire qui a dû évaluer les qualités du candidat et l'a jugé inapte, et pas seulement pour son homosexualité.
Mais pour revenir au sujet principal, on ne peut éluder la question : comment peut-on affirmer une chose et son contraire en l'espace d'une semaine, et sur un sujet aussi délicat ?
Peut-être fantasmera-t-on sur l'existence de deux papes ou sur la falsification de la lettre à l'aspirant séminariste, voire sur l'interprétation du discours aux évêques italiens. Mais en gardant les pieds sur terre, nous ne pouvons envisager que deux possibilités.
La première est que l'on devrait commencer, avec tout le respect possible, à se poser des questions sur la stabilité psychique du pontife. Ce n'est certes pas la première fois que ses attitudes et ses discours suscitent des doutes, mais jusqu'à présent, le pape François a pu bénéficier des faveurs de la presse progressiste, qui a toujours évité de pointer les contradictions ou de marcher trop légèrement sur les plates-bandes. Rien ne devait entamer l'image d'un pape « révolutionnaire » mettant l'Église sens dessus dessous, le récit d'un (bon) pape luttant contre les méchants (l'Église tout entière). Mais avec l'âge, il est normal que certaines fragilités deviennent plus prononcées et plus difficiles à cacher. Le problème dans ce cas serait surtout son entourage, qui dissimule une situation qui devrait être traitée d'une autre manière, peut-être pour en tirer profit.
La deuxième hypothèse est que, indépendamment de ce qu'il pense réellement sur les questions individuelles, il doit « obéir » à un mandat qu'il a reçu. Nous ne pouvons pas en déduire qui et pourquoi, mais il semble évident que certains groupes de pression exercent une forte pression. La promotion systématique d'associations ou de prélats ouvertement pro-gay, pour rester dans le sujet, est un fait que tout le monde peut constater.
Dernier exemple en date : la semaine dernière, le pape François a nommé deux cardinaux (José Tolentino de Mendonça et Marcello Semeraro) et l'archevêque Bruno Forte, notoirement proches des groupes LGBT, comme membres du Dicastère pour la doctrine de la foi - qui a compétence sur ces questions. Tolentino de Mendonça, entre autres, est un fervent défenseur de l'ancienne religieuse Maria Teresa Forcades i Vila, célèbre pour sa « théologie queer » ; Semeraro, actuellement préfet du Dicastère pour les causes des saints, en tant qu'évêque d'Albano, avait fait de son diocèse le point de référence pour les groupes LGBT « catholiques » ; et Forte, déjà à l'époque du premier Synode sur la famille (2014), avait poussé à la reconnaissance des unions de même sexe.
Ainsi, même la sortie maladroite sur la « pédérastie », qui semblait vouloir mettre une limite à certaines tendances dans le clergé, se transforme en son contraire, à savoir le renforcement de la présence pro-gay au sommet de l'Église et maintenant aussi dans les séminaires.
Quoi qu'il en soit - et n'excluons pas a priori d'autres hypothèses sur ce « François contre François » - l'affaire est très sérieuse.
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Commentaires
Mais comment des gens s'étonnent encore de ce comportement récurrent ?
Le pape est un jésuite, et les jésuites sont bien connus pour avoir l'habitude de dire, dans une même phrase, une chose et son contraire.
La question que l'on devrait plutôt se poser : est-ce une stratégie de toujours agir ainsi, ou est-ce par ignorance de la notion de vérité ?
Il semble que de nombreuses personnes, entre autre parmi les "intellectuels" ne comprennent pas le concept de vérité. Tout peut être vrai à la fois.. C'est le fameux "en même temps" du président Macron, que l'on applique à tort et à travers. Le principe de non-contradiction est complètement oublié. Le pape en est le parfait exemple.
Il a bien dit que les femmes ordonnées et le diaconat féminin sont impossibles. Il est extrêment probable qu'il dise exactement le contraire au synode en novembre.
Écrit par : Etienne | 04/06/2024
D'une part, ce qui suit étant formulé d'une manière un peu trop schématique, ce n'est pas sans conséquences que le mode de raisonnement métaphysique a laissé la place au mode de raisonnement herméneutique, d'après lequel presque tout est réductible à une question d'interpretation(s).
D'autre part, nous sommes ici en présence de clercs qui se comportent comme s'ils n'avaient aucun compte à rendre à qui que ce soit, en ce qui concerne leurs contradictions, simultanées ou successives, pour ainsi dire.
Il serait particulièrement intéressant de savoir qui, ou qu'est-ce qui leur inspire la conception selon laquelle ces clercs ne sont en rien responsables, devant autrui, de ces contradictions et de leurs répercussions.
Or, il se trouve qu'un élément de réponse est à notre disposition : c'est ce que l'on peut appeler une logique d'appareil, une logique d'appareil ecclésial, consubstantielle à l'essence de l'Eglise du Concile.
La béatification, en l'an 2000, le même jour donc "en même temps", de Pie IX et de Jean XXIII, d'un pape anti-libéral et d'un pape philo-libéral, constitue un assez bon exemple de ce qui figure à l'intérieur de cette logique d'appareil ecclésial, à savoir une mystique de la bienheureuse contradiction.
Écrit par : Benoît YZERN | 06/06/2024
Voici deux autres hypothèses, nullement exclusives l'une de l'autre.
La première hypothèse est celle de la démagogie ou, en tout cas, de la désinvolture. Certains spécialistes disent que le futur pape François recourait déjà à la désinvolture, quand il était en Argentine.
La deuxième hypothèse est celle d'après laquelle il est somme toute assez logique que des hommes d'Eglise qui sont partisans de la conciliation maximale avec le relativisme et le subjectivisme en matière religieuse, d'où les premières parties de Nostra aetate et de Dignitatis humanae, l'esprit du Concile et l'esprit d'Assise, finissent par devenir partisans de la conciliation maximale avec le relativisme et le subjectivisme en matière morale.
A partir de là, qu'est-ce qu'être en communion avec un pape qui donne aussi souvent l'impression qu'il considère qu'il a toujours raison, même quand il se contredit ou contredit ses prédécesseurs ?
Si le pape François lui-même n'accorde aucun caractère non seulement inspirateur, mais aussi régulateur, à ce qu'il est convenu d'appeler l'enseignement de l'Eglise, en l'occurrence dans un domaine qui relève de la morale chrétienne et des sacrements de l'Eglise, pourquoi donc le même pape exige-t-il que les catholiques traditionnels se soumettent à l'enseignement de l'Eglise, dans des domaines qui relèvent de la liturgie et de la pastorale ?
Qui ne voit que nous sommes ici en présence des conséquences les plus désastreuses ou destructrices de l'imposition à l'Eglise et aux fidèles de la mentalité conciliaire, laquelle est encore plus propice à l'hétérodoxie que le Magistère conciliaire, ce qui n'est pas peu dire ?
Écrit par : Benoît YZERN | 05/06/2024
"Francis" dévalorise la fonction qu'il occupe !
Écrit par : l'archidiacre | 05/06/2024
Il me revient à l’esprit une pensée de Saint Vincent Ferrier.. bien sûr, nous devons chacun faire preuve de discernement. Dieu m’a est témoin que je suis très critique du pontificat en cours, depuis le début. La succession factuelle et verbale continue de la réalité observable n’a, du moins en ce qui me concerne, qu’un seul effet.. le seul finalement sur lequel il est possible d’avoir prise. Celui d’une prière plus intense.
Dixit S. Vincent Ferrer donc:
Le méchant viendra avec une sainteté feinte, il aura une vie chrétienne extérieurement mais intérieurement il sera lié à l'esprit du mal, qui lui inspirera de faire beaucoup de mal dans l'Église sous l'apparence du bien. Il ne demandera conseil à personne, mais fera tout ce qu'il jugera bon de faire, que ce soit le mal ou le bien, à l'instigation et sur les conseils du diable. Il trompera beaucoup de princes et de puissants par sa sainteté feinte et malfaisante, au point de les entraîner dans de grandes erreurs et de grands scandales. Il tordra beaucoup de savants et de sages dans la loi, parce que le diable s'emploiera à lui faire réaliser ses pensées, en lui donnant à comprendre qu'elles lui viennent de Dieu ; beaucoup d'hommes célèbres dans la sainteté seront trompés par le diable à travers lui.
Écrit par : Philippe | 05/06/2024