Un tribunal a ordonné mardi à deux responsables de l'Église belge de verser une indemnisation après qu'une femme n'ait pas été autorisée à s'inscrire à un programme de formation diaconale.
Le tribunal a ordonné au cardinal à la retraite Jozef De Kesel et à l'archevêque Luc Terlinden, son successeur comme archevêque de Malines-Bruxelles, de verser 1.500 euros (environ 1.600 dollars) chacun à Veer Dusauchoit.
Veer Dusauchoit, une femme de 62 ans vivant à Herent, dans la province belge du Brabant flamand, sert depuis des années dans sa paroisse locale, qui n'a plus de prêtre en raison d'un déclin du clergé diocésain .
Elle fait partie d'une équipe de laïcs qui organise des célébrations de la parole et de la communion, des funérailles et d'autres activités paroissiales – une situation courante dans l'Église catholique en Belgique.
En juin 2023 – lorsque l’archidiocèse de Malines-Bruxelles était dirigé par le cardinal De Kesel – Dusauchoit a postulé au programme de formation diaconale de quatre ans de l’archidiocèse, mais sa candidature a été rejetée.
L'Église catholique enseigne que le sacrement de l'ordre est réservé aux hommes. Les trois degrés des ordres sacrés sont les diacres, les prêtres et les évêques.
Veer Dusauchoit a postulé à nouveau sans succès en octobre 2023, après l'installation de Terlinden comme archevêque.
Dans une chronique d’avril pour le site d’information DeWereldMorgen.be, Veer Dusauchoit se décrit comme « une femme religieuse, socialement engagée, féministe et d’inspiration écologique ».
« Les femmes dans l’Église ne sont toujours pas pleinement appréciées et n’ont pas la chance de prendre la place qui leur revient », écrit-elle.
« De cette frustration, de la conviction que la formation de diacre pouvait aider l’Église à grandir, et en même temps de la détermination de ne pas rompre avec l’Église, j’ai décidé de m’inscrire au programme de formation de diacre. »
Mais, a-t-elle ajouté, même si « l’archevêque De Kesel et Terlinden se déclarent publiquement favorables à l’admission des femmes à la formation des diacres et au ministère des diacres… dans leur réponse à ma question, nous ne trouvons rien de cette attitude volontaire ».
Veer Dusauchoit a déclaré que dans les années 1970, les épouses des candidats diacres étaient tenues de suivre une formation de diacre avec leur mari, même lorsqu'elles ne cherchaient pas réellement à l'ordination diaconale.
"Le fait qu'ils ne puissent pas être ordonnés diacres n'était en aucun cas un obstacle à suivre cette formation", a-t-elle déclaré.
Elle a ajouté : « La décision des archevêques De Kesel et Terlinden de me refuser le droit de recevoir une formation de diacre au seul motif que je suis une femme, à mon avis, viole le principe de l’égalité des sexes, est illégale et également juridiquement erronée. »
Veer Dusauchoit a porté son affaire devant un tribunal civil, arguant que les archevêques étaient coupables de discrimination, l'égalité entre hommes et femmes étant inscrite à l'article 10 de la constitution belge .
Selon les journaux belges, les archevêques n'ont pas contesté l'affirmation selon laquelle Dusauchoit s'était vu refuser une place au cours parce qu'elle était une femme.
Un porte-parole du tribunal de Malines, une ville de la région flamande de Belgique, a déclaré :
"Le tribunal estime que les archevêques ont commis une erreur lors de l'évaluation de la demande."
"Il s'agit uniquement de l'admission à une formation, pas de la question de la nomination effective comme diacre."
Le porte-parole a ajouté que le tribunal n'avait pas le pouvoir de décider si un candidat individuel devait être admis à un programme de formation au diaconat.
« Le tribunal n’a aucune compétence en la matière », a-t-il déclaré. « Cela serait contraire à la liberté religieuse. Les archevêques doivent pouvoir décider eux-mêmes quels sont les candidats aptes à suivre une formation. »
Commentant le jugement, les avocats de Veer Dusauchoit ont déclaré : « Pour la première fois dans l'histoire, des évêques belges sont condamnés par un tribunal pour discrimination fondée sur le sexe. Le tribunal accorde des dommages et intérêts à Mme Dusauchoit pour cela.
"Le tribunal estime qu'il ne peut pas contraindre les évêques à admettre Mme Dusauchoit à une formation, car cela porte atteinte à l'autonomie de l'Église."
Faisant référence à la session du synode sur la synodalité d'octobre dernier, les avocats ont ajouté : « Madame. Dusauchoit est heureux que le tribunal ait conclu qu'il y avait eu discrimination. Elle espère que cette décision contribuera à garantir que les femmes seront autorisées à suivre la formation de diacre à l’avenir. Cette question est à l’ordre du jour du Synode des évêques cet automne.
Un porte-parole de l'archidiocèse de Malines-Bruxelles a déclaré au site catholique allemand katholisch.de : « Nous avons reçu le verdict hier après-midi, nous l'étudions actuellement et nous déciderons ensuite de la suite à donner. »
Il y a eu de profondes tensions entre l'Église et l'État en Belgique ces dernières années à la suite de l'éclatement de la crise des abus religieux.
En 2010, le Vatican a protesté après que la police belge ait perquisitionné les propriétés de l'Église et interrompu une réunion des évêques alors qu'ils recherchaient des preuves dans des affaires d'abus.
L'Église en Belgique conteste actuellement une ordonnance des autorités de protection des données visant à effacer une inscription dans un registre de baptême, suite à une demande de « débaptisation ».
L'Église catholique de Belgique a appelé à l'ouverture du diaconat aux femmes dans son rapport d'information en prévision de la réunion synodale d'octobre.
Il disait : « Le Concile Vatican II a rétabli le diaconat permanent pour les hommes. Toutes les conférences épiscopales n'ont pas fait usage de cette possibilité.»
"Par analogie, nous demandons, sur la base de nos consultations en tant qu'Église belge, que le diaconat permanent pour les femmes soit également rétabli."
« Selon notre analyse, conférer des responsabilités pastorales majeures aux femmes et l’ordination diaconale ne devraient pas être universellement obligatoires ou interdites. »
D’autres pays ont également enregistré un fort soutien de la part des catholiques locaux à l’égard des femmes diacres dans leurs rapports de retour d’information.
En Allemagne, pays limitrophe de la Belgique, une organisation indépendante appelée Réseau pour le diaconat féminin organise depuis 1999 des formations de trois ans pour les femmes, destinées à se rapprocher de la formation diaconale.
Mgr Ludger Schepers, évêque auxiliaire du diocèse d'Essen, a célébré la messe de clôture d'un cours en avril.
Selon un communiqué de presse , Schepers a déclaré dans son homélie que les femmes se sentaient à juste titre discriminées et marginalisées dans l'Église en raison de leur vocation.
"Cela le met en colère que ce déséquilibre ne soit pas considéré comme un grief auquel il faut remédier", indique le communiqué.
« Même s’il n’est pas encore en mesure d’ordonner les femmes, lui et les animateurs du cours ont béni chaque femme lorsqu’elles ont reçu leurs certificats. »
Le président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, a envoyé un message félicitant les 13 femmes pour avoir terminé le cours.
« Vous êtes une bénédiction pour notre Église », a-t-il écrit.
Le pape François doit se rendre en Belgique, pays avec lequel il entretient des liens de longue date , du 26 au 29 septembre.
On a demandé au pape lors d'une interview à CBS en mai s'il était ouvert à la possibilité que des femmes soient diacres.
"S'il s'agit de diacres des ordres sacrés, non", dit- il . "Mais les femmes ont toujours eu, je dirais, la fonction de diaconesses sans être diacres, n'est-ce pas ?"
« Les femmes rendent de grands services en tant que femmes, non pas en tant que ministres, mais en tant que ministres à cet égard, au sein des ordres sacrés. »
Commentaires
Il serait intéressant de connaitre les motivations profondes de ces femmes qui aspirent à des fonctions réservées aux hommes dans L'Église.
Il est clair que leurs revendications ne trouvent pas leur origine dans l'obéissance humble et joyeuse qui caractérise l'attitude des saintes, à commencer par celle de la Vierge-Marie.
Il faudrait peut-être leur expliquer que leur course à la "fonction dans l'Eglise" n'a rien d'évangélique.
Écrit par : Anne-Christine R | 27/06/2024
Bonne question. On ne connaît jamais avec certitude tout ce qu'il y a dans la tête de quelqu'un. Mais on voit le résultat : la plaignante - une féministe écologiste, comme elle se présente elle-même - va toucher du pognon, qui, in fine, sera payé par les simples fidèles. Mais attention, elle est « socialement engagée » !
Quant à l'auteur de la sentence, on pourrait lui demander si l'arriéré judiciaire rend opportun la dépense de temps et d'énergie pour parvenir à ces élucubrations. La célérité mise à traiter de telles inepties doit être proportionnelle au retard pris pour s'occuper de vrais problèmes.
Écrit par : Philippe G | 27/06/2024
En effet, comme pour tout arbre, il faut juger celui des desiderata des laïcs à ses fruits.
Écrit par : Anne-Christine R | 27/06/2024
Le droit canon de l'Eglise catholique est le règlement le moins respecté du monde, en ce sens que d'aucuns (et ils sont très nombreux), aimeraient qu'il ait la consistance de la plasticine.
Les "droits canons" des football, pétanque, concours de beauté canine, et recette de la sauce béchamel sont infiniment plus considérés, suivis et acceptés sans remise en cause perpétuelle.
Écrit par : Anne-Christine R | 27/06/2024
Ils n'ont que la monnaie de leur pièce. On récolte ce qu'on a semé! sans vouloir défendre cette femme, les évêques l'ont finalement bien cherché , à toujours faire la promotion de la femme dans l'Eglise. A quand une nouvelle "papesse"?
Écrit par : Marie-Ange J. | 27/06/2024
je suis sure cette femme, et aucune autre activiste-ecolo ou autre 'type' oserait jouer ce gendre de cinema devant la justice pour accuser l'islam qui lui refuserait devenir immam femme. elle ne osera pas toucher ni musulmans ni juifs. Les activistes ecolo comme ca, ont le seule but de déranger par leurs 'ideologie aberrante' au nom de la planete et salir le nom des catholiques. Les activistes LGBT ++ sont bien impliques dans ce jeu aussi....
Écrit par : august | 28/06/2024
Ne pas oublier que dans les années septante, suivre les cours de licence en théologie était encore interdit aux femmes dans certaines universités catholiques.
Cette demande de formation aurait-elle pu être acceptée contre un engagement de ne pas demander à être ordonnée diaconesse (ou diacresse ;) ?
Écrit par : Abyssus | 01/07/2024
PEtit-fils de chanoine (calviniste) et ieux serviteur de lÊglise, (79, 5 ans) je ne comprends toujours pas le refus désespéré de ces Monsignori - que Jésus eut pu traiter de "sépulchres blanchis" (défendant à tout crin leurs us et priviligés), refus de voir que le monde a évolué, qu'il y a les droits de l'homme !!. PauL n'a-t-il pas dit "il n'y a plus ni maître ni esclave, NI 'HOMME NI FEMME etc...
Le concile de Trente a-reconnu que les femmes avaient une âme ! Maintenant n'est-t-il pas temps de leur reconaître leur corps et leur cerveau ? - autant que les hommes
Conclusion : oui de suite pour le diaconat et même la prêtrise des femmes.. Nos frères protestasnts ont plus qu'une longueur d'avance..Sinon - permettez moi de persifler - pourquoi pas en revenir à déclarer la femme "incapable " (voir le code Napoléon) comme - il n'y a au fond pas si longtemps de cela à l'ouverture de notre compte en banque en février 1971 : il me fallait donner explicitement accord pour que mon épouse puisse passer des opérations. Mêm pour un compte commun (sic)
Et j'ai peur pour le prochain synode. Bien fraternellement à tous. André BERTRAND - Scout (catholique ) toujours.
Écrit par : André BERTRAND | 17/08/2024
... j'aime à penser que Jésus, au pied de la Croix n'a pas fait de Marie une prêtresse, ni une diaconesse.
C'est Paul qui recevra l'autorité pour prendre soin de Marie et de l' Eglise.
C'est Pierre qui recevra l'autorité pour concevoir, gouverner, gérer l'Eglise avec les Apôtres unis au Christ Trinité Sainte.
Comme le Père Dieu a créé le monde avec ordre, le Christ Jésus aussi et l'Esprit Saint aussi unis à Lui.
En éducation, il est bon pour l'enfant, son équilibre, disent les spécialistes, que le père ne soit pas la mère, mais que les deux soient complémentaires chacun suivant leur nature et fonction propre. En électricité, on comprend vite le rôle mâle et femelle de la fiche et de la prise de courant. C'est juste règlementé et ordonné pour que ça fonctionne avec bonheur... si possible (?)
Écrit par : Aubelle | 18/08/2024
...petit partage avec la prière de Pape Benoît XVI,
" Prions Marie,
" Mère du Seigneur,
" afin qu'elle nous fasse sentir
" son amour de femme et de mère,
" dans lequel nous pouvons comprendre
" toute la profondeur
" du mystère du Christ.
" Que le Seigneur vous bénisse tous ! "
Écrit par : Aubelle | 20/08/2024