Une désaffection croissante et inquiétante à l'égard de ce pontificat (01/07/2024)
D'InfoVaticana :
La désaffection croissante et inquiétante à l'égard de ce pontificat
26 juin 2024
Il est indéniable qu'au cours des dernières années du pontificat du pape François, la polarisation, la tension, le manque d'unité et la désaffection à l'égard de la papauté n'ont fait que croître.
Des cardinaux, des évêques et des prêtres ont été révoqués pendant toutes ces années par Rome. Tous avaient un dénominateur commun : la bonne doctrine, la défense du Magistère et la critique de certaines actions du pape et de ceux qui gouvernent les destinées de l'Église en ces temps de chaos et de confusion.
Nombreux sont ceux qui constatent avec impuissance et désespoir que ceux qui paient le prix sont toujours les mêmes, alors que ceux qui prônent la rupture avec le Magistère, la Tradition et la doctrine non seulement ne souffrent de rien, mais dans de nombreux cas sont promus et protégés.
Quelqu'un au Vatican devrait se demander pourquoi, ces dernières années, tant de voix critiques se sont élevées parmi les membres de l'Église. Il est triste de voir combien de prêtres qui ont donné leur vie à Dieu risquent leur tête pour avoir dénoncé publiquement certaines des folies de ce pontificat et de ses plus proches collaborateurs.
De Viganó aux anciennes moniales de Belorado
Cela fait de nombreuses années que la désunion actuelle au sein de l'Église n'a pas été aussi évidente. Ces dernières années, certains évêques (Strickland) ont été purgés sous prétexte de manque d'unité et de communion. Beaucoup d'entre eux ont élevé la voix publiquement pour mettre en garde contre certaines choses qui n'allaient pas.
Il est certain que, suivant une stratégie malavisée, Mgr Viganó s'en est pris publiquement au pape François et à ses collaborateurs tels que le cardinal Víctor Manuel Fernández. Cette semaine, nous avons également vu comment l'archevêque de Burgos, Mario Iceta, n'a eu d'autre choix que de décréter l'excommunication de 10 religieuses Clarisses qui se sont jetées dans les bras d'un imposteur fondateur de la pseudo-secte "Pieuse Union de Saint Paul".
Tant l'archevêque Viganó que les anciennes religieuses de Belorado ont en commun que leur rébellion et leur désaffection pour le pape François ont pour origine les décisions ultimes de la Curie vaticane telles que le Synode, Fiducia supplicans ou l'impunité dont jouissent véritablement les hérétiques (bien que dans le cas de Viganó, le différend remonte à plus loin). Comme on l'a toujours dit dans l'Église, "hors de l'Église, point de salut", et l'erreur de Viganó et des anciennes Clarisses est donc évidente lorsqu'ils décident, avec leurs critiques, de se détourner de l'Église, qui est Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Les erreurs de ce pontificat ne peuvent pas conduire à une attitude qui nous place en dehors de l'Église catholique, parce que François (comme nous tous) est temporaire, mais l'Église est éternelle.
Prêtres radiés
Il est également douloureux de voir comment, ces derniers mois, certains prêtres ont été purgés pour s'être publiquement exprimés contre le pape François. Une fois de plus, nous sommes confrontés à des stratégies malavisées dont les effets sont bien pires que le bien qu'ils cherchent à obtenir en s'exposant d'une manière telle qu'ils encourent la peine d'être expulsés de l'appel divin qu'ils ont reçu. S'ils sont de bons prêtres, ils rendent un mauvais service à leurs paroissiens en les laissant sans berger.
C'est ce qui est arrivé en février dernier à Francisco José Vegara, un prêtre d'Alicante, qui a publié un manifeste dans lequel il accusait le pape François d'être un hérétique. Ce prêtre a publié un manifeste de 20 pages dans divers forums "pour défendre la doctrine catholique". Ce prêtre du diocèse d'Orihuela-Alicante a affirmé qu'"en matière de doctrine et de foi, il n'y a pas de place pour les égards humains, mais tout silence est coupable".
Cette provocation publique lui a coûté son poste de curé et le diocèse a ouvert une procédure disciplinaire à son encontre, qui pourrait se terminer dans le pire des cas par une excommunication latae sententiae. Il s'ajoute à la liste des anciennes religieuses de Belorado, que l'archevêque Viganó rejoindra très probablement.
Dans ces pages, nous avons également parlé ouvertement de la situation du prêtre Jesusmary Missigbètò, qui a été expulsé cette année même de l'Opus Dei et qui est maintenant confronté à un processus qui pourrait conduire à son expulsion de l'état clérical. Ce prêtre ivoirien, comme son collègue d'Alicante, a rendu publiques plusieurs lettres dans lesquelles il dénonçait certaines erreurs du pape François. Cela lui a coûté l'expulsion de la prélature et le Dicastère du Clergé est sur le point de confirmer sa réduction à l'état laïc.
Une fois de plus, nous assistons à un schéma commun : des évêques, des prêtres et des religieuses qui expriment publiquement leur opposition au pape François. Les critiques, les sensibilités différentes et les tensions ont toujours existé au sein de l'Église. Ce qui devient très inquiétant, c'est l'opposition croissante au pape François dans le milieu clérical, quelles que soient les conséquences pour les plaignants.
Il faudrait que quelqu'un à Rome s'arrête un instant et réfléchisse aux raisons de tant de désaffection à l'égard de ce pontificat. Il ne sert à rien de fermer les yeux et de faire la sourde oreille comme si de rien n'était. De plus, tout ceci intervient à un moment où l'on murmure que Rome envisage de mettre un terme définitif à la Messe traditionnelle, ce qui entraînera plus de désunion, plus de schismes et plus de critiques publiques de la part de membres de l'Eglise qui se sentiront attaqués par le Vicaire du Christ sur Terre.
Tant de voix dissonantes pointant dans la même direction devraient donner à Rome matière à réflexion. Peut-être pourrait-elle profiter du Synode, au lieu de réfléchir à la manière de changer la doctrine, pour étudier les mesures que l'Église doit prendre sous la direction de François pour mettre fin à la désaffection et à la désunion. Il est urgent que le Vatican cesse de donner des arguments aux personnes de bonne foi pour qu'elles n'envisagent même pas de devoir quitter l'Église catholique.
Lire également : De Viganò à Gaenswein, le Pape fait face à un bras de fer (à haut risque) pour l'avenir de l'Église
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Commentaires
Nous vivons une époque épouvantable : devoir se méfier de sa hiérarchie, qu'on souhaiterait aimer et vénérer par dessus tout ! Le Seigneur dort, pendant que sa barque est en train de couler, Et Pierre s'enfonce au lieu de nous conforter ... "Seigneur, cela ne te fait-il rien que nous périssions ? "
Écrit par : l'archidiacre | 01/07/2024
Nous sommes en présence de clercs qui ont très souvent
- beaucoup plus d'estime pour le dialogue qui arrange que pour l'annonce qui dérange,
- beaucoup plus d'estime pour l'inclusion que pour les conversions,
- beaucoup plus d'estime pour un renouveau devenu une fin en soi que pour la Tradition,
- beaucoup plus d'estime pour une conception ruineuse de l'unité que pour la conception chrétienne de la vérité,
ET QUI NE S'EN CACHENT ABSOLUMENT PAS.
C'est donc la moindre des choses que bon nombre de catholiques se désintéressent d'un pontificat néanmoins instructif sur le mode de raisonnement ou sur les structures mentales des docteurs et des pasteurs, néo-catholiques post-conciliaires, qui font ou laissent faire ce qui se déploie sous nos yeux, depuis mars 2013.
Ces clercs ont-ils l'aptitude et l'aspiration à proposer aux fidèles tout à fait autre chose ? Il est permis d'en douter, ne serait-ce que parce que, bientôt soixante ans après la clôture du Concile, les prêtres, les évêques, les cardinaux et le pape n'ont jamais connu autre chose que cette tendance à la transformation de l'Eglise catholique en un gigantesque tepidarium.
C'est cela, c'est ce catholicisme de basse intensité ou à température ambiante, tellement à l'écoute de l'esprit du monde de ce temps qu'il est souvent à son école, qui est le plus préoccupant.
Certains sedevacantistes ou traditionalistes parlent des "hérésies" des hommes d'Eglise, depuis le Concile ou l'après-Concile, mais nous ne sommes pas avant tout en présence de clercs qui fonctionnent à l'amputation ou à la déformation de tel ou tel dogme, car nous sommes avant tout en présence de clercs qui fonctionnent à l'amollissement et à l'attiédissement de l'Eglise et des fidèles, notamment face au relativisme et au subjectivisme en matière religieuse, ce qui est beaucoup plus inquiétant et insidieux.
Ce n'est pas du tout ce que les inspirateurs du Concile les moins tentés par le progressisme (Balthasar, de Lubac, Journet, Maritain) avaient en tête, que ce soit entre 1930 et 1945 ou entre 1945 et 1960, et il serait bon de s'en souvenir, pour pouvoir prendre la mesure d'un détournement de finalité extravagant, invraisemblable, outrecuidant, de ce qu'il y avait de moins anti-traditionnel dans une partie de la philosophie et de la théologie antérieures au Concile Vatican II.
Écrit par : Benoît YZERN | 01/07/2024
Le problème vient de ce que, contrairement à ses prédécesseurs, le pape François n'a pas de ligne "théologico-pastorale" claire. On a eu successivement droit à la théologie du cardinal Kasper, à la communion donnée aux divorcés-remariés, à la bénédiction des couples homosexuels, à la quasi admiration de Martin Luther, à la vénération de la Pachamama, à la critique systématique des prêtres consacrés à leurs tâches pastorale dans le respect de la ligne tracée par Vatican II, etc. Dans ces conditions, on peut comprendre que les fidèles puissent se sentir égarés.
Écrit par : Denis Crouan | 02/07/2024
Vous avez raison, Jean-Paul II et Benoît XVI avaient une réflexion structurée, même si c'était d'une manière qui était certainement plus philo-moderniste qu'anti-moderniste, ad extra et en matière religieuse.
En l'occurrence, sur le plan intellectuel, le compromis conciliaire équivaut à un compromis entre Emmanuel Kant et Saint Thomas d'Aquin, et l'on a eu l'occasion de s'en rendre compte au Concile et après Vatican II, sous Paul VI, puisque le pape de Dignitatis humanae et de Nostra aetate a également été le pape de la Profession de foi et d'Humanae vitae, en 1968.
Avec François, le plus inquiétant n'est pas que sa réflexion ne soit pas structurée, ou que ce pontife ne s'interdise presque aucune approximation, extrapolation, imprécision, imprudence, incohérence ou interprétation susceptible d'insécuriser ou d'instabiliser l'intelligence des catholiques.
Le plus inquiétant est sa conception, explicitée dans des documents officiels, sur la théologie catholique en tant que discipline intellectuelle, ou, si l'on préfère, sur l'enseignement et la recherche en théologie.
De son point de vue, en effet, la théologie catholique contemporaine doit non seulement demeurer philo-moderniste, mais aussi devenir philo-postmoderne.
En tout cas, si François était clairement et ferment opposée à la prétendue déconstruction des soi-disant stéréotypes, en théologie dogmatique, en théologie de la révélation, en théologie morale et en théologie des sacrements, cela se saurait, car cela s'entendrait et se verrait.
En d'autres termes, avec François, ou après François, il risque fort de ne pas rester grand-chose de la théologie dogmatique et de la théologie morale, telles que l'une et l'autre ont été pontificalement légitimées, sinon toujours épiscopalement valorisées, jusqu'à Paul VI inclus voire jusqu'à Benoît XVI inclus.
Sous l'angle théologico-pastoral, si l'élargissement de l'espace de la tente continue à l'emporter sur l'affermissement des piquets, cela risque d'aller jusqu'à ce que la toile de tente soit déchirée ou envolée, au contact de tel vent de doctrine, et jusqu'à ce que les piquets soient arrachés, pour n'avoir pas été enfoncés assez profondément.
Écrit par : Benoît YZERN | 06/07/2024