BELGICATHO

Ichoku a déclaré que les Lakurawa se présentaient comme des « sauveurs » parmi les communautés terrorisées depuis des décennies par Boko Haram et d’autres groupes djihadistes.

« Tout le monde sait qu’il ne s’agit pas d’un sauveur mais simplement d’un autre groupe terroriste qui cherche à détruire les autres pour dominer et continuer à terroriser les habitants », a-t-il déclaré.

« Le groupe est encore petit mais très puissant », a-t-il ajouté, exprimant l’espoir que les autorités nigérianes puissent « l’étouffer dans l’œuf ».

« L’armée est confrontée à une guerre à multiples facettes, en particulier dans le nord, où elle combat différents groupes terroristes. Dans une telle situation, toute armée a tendance à répartir ses forces entre différents groupes », a déclaré M. Ichoku, évoquant le défi que pourrait relever le Nigeria pour endiguer le nouveau groupe Lakurawa.

Dans l'interview du 20 novembre, Ehusani a également parlé de la crise croissante entre agriculteurs et éleveurs, en particulier dans les endroits où se rendent les Peuls au Nigeria.

Le problème, a-t-il dit, est qu’il y a des Peuls dans les pays voisins du Nigeria, notamment le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso.

« Ces gens parlent la même langue et sont à plus de 90 % musulmans. Ils sont liés par la tribu et la religion. Ils croient qu’ils peuvent aller n’importe où sans que personne ne leur barre la route », a déclaré Ehusani.

« Le problème est que nous n’avons pas de frontières sérieuses ici. Lorsqu’un Peul arrive au Nigeria, il peut se promener sans que personne ne remarque qu’il n’est pas Nigérian. Et les agents de l’immigration à la frontière ne peuvent pas empêcher leurs compatriotes peuls de traverser », a-t-il déclaré.

Certains des Peuls qui se sont révélés hostiles aux agriculteurs chrétiens ont des membres de leur tribu et d'autres musulmans au sein des agences de sécurité qui leur offrent une protection, a déclaré Ehusani.

Il a critiqué le gouvernement du président Bola Ahmed Tinubu pour ne pas avoir fait preuve de sérieux dans la lutte contre les terroristes.

« Pour l’instant, le gouvernement n’a même pas de crédibilité. Il faut une grande crédibilité en tant que gouvernement, afin que les gens vous acceptent comme gouvernement, pour pouvoir lutter contre ce fléau », a-t-il déclaré.

Dans l’interview du 20 novembre, Ehusani a exprimé ses regrets quant au fait que les Nigérians soient devenus plus fidèles à leur religion et à leur groupe ethnique qu’à leur pays. « Certains protègent des terroristes connus pour être de leur religion et de leur ethnie », a-t-il déclaré.

Pour lui, l’insécurité au Nigeria ne cessera jamais tant que des personnalités haut placées en profiteront. Il a du mal à croire que ce sont les ravisseurs « dans la brousse » qui profitent uniquement des enlèvements qui se multiplient dans la plupart des régions du Nigeria.

« Il est impossible que les jeunes de la brousse soient ceux qui profitent des sommes colossales qu’ils collectent en guise de rançon pour libérer leurs victimes kidnappées. Il s’agit d’un cartel dans lequel des personnes haut placées sont impliquées, et ce sont elles qui reçoivent la plus grosse part de l’argent », a-t-il déclaré.

Ehusani a déclaré que le Nigeria avait encore un long chemin à parcourir dans la lutte contre le djihadisme et d’autres formes de banditisme.

« Nous avons besoin d’une forme de révolution, d’une sorte de refonte complète du système, car dans l’état actuel des choses, les criminels ont pris le pouvoir ; ils ont pris le pouvoir à tous les niveaux », a-t-il ajouté.

Cet article a été initialement publié par ACI Africa et a été adapté pour CNA.