Burkina Faso : les vocations sacerdotales en hausse malgré le terrorisme islamiste (28/12/2024)

De Andrés Henríquez sur CNA :

Les vocations sacerdotales en hausse au Burkina Faso malgré le terrorisme islamistebouton de partage sharethis

Séminaristes au Burkina FasoDes séminaristes récemment arrivés au Burkina Faso avec des soutanes neuves. | Crédit : Aide à l'Église en Détresse

27 décembre 2024

Malgré les attaques terroristes constantes dont sont victimes les catholiques du Burkina Faso de la part des islamistes fondamentalistes, les vocations au sacerdoce ont augmenté ces dernières années, notamment dans les diocèses situés dans des « zones à risque ».

Près de 40% des séminaristes viennent de ces localités, les plus touchées par le terrorisme et la violence.

Selon la fondation pontificale Aide à l'Église en Détresse (AED), rien qu'au séminaire Saints-Pierre-et-Paul, le nombre de candidats au sacerdoce est passé de 254 au cours de l'année académique 2019-2020 à 281 en 2024-2025.

Les violences terroristes ont commencé à faire des ravages dans ce pays africain en 2019. Le père Guy Moukassa Sanon, recteur du séminaire, explique que pendant les vacances, tous les élèves ne peuvent pas rentrer chez eux. Cela signifierait un « danger mortel ». Ils sont donc accueillis dans des centres diocésains, dans des familles d’accueil ou simplement invités par leurs camarades à passer les vacances dans des zones plus sûres.

Le recteur se souvient d’un séminariste de troisième année de philosophie qui, sans tenir compte des avertissements, avait emprunté un chemin interdit par les terroristes pour aller rendre visite à son père. Il n’est jamais arrivé et n’a jamais été retrouvé. Sa famille est convaincue qu’il a été assassiné. « D’autres séminaristes ont échappé de justesse à la mort », a ajouté Moukassa.

Malgré les cas tragiques, le recteur a souligné que c'est le travail assidu en matière de vocations qui a eu un impact profond sur l'augmentation du nombre de candidats au sacerdoce. Il a souligné que la simplicité de la vie au Burkina Faso est idéale pour que les jeunes envisagent sérieusement de consacrer leur vie au service du Seigneur et de son Église. 

Le Burkina Faso n'est pas sécularisé comme l'Europe, il est donc plus facile de susciter des vocations que dans un contexte matérialiste, a expliqué M. Moukassa. La croissance des vocations a conduit le séminaire à accueillir 22 séminaristes hors des résidences principales et à en envoyer 11 autres dans un séminaire au Mali, a ajouté le recteur.

Affirmant que l'Eglise locale fait tout ce qui est en son pouvoir pour offrir aux séminaristes une formation de qualité, Moukassa a partagé qu'« il est crucial que les futurs prêtres puissent donner un témoignage authentique de leur foi ». 

Enfin, il a souligné la grande valeur de former les futurs prêtres à être des apôtres de la fraternité et de l'unité, surtout dans un contexte comme celui du Burkina Faso, où avant les attentats terroristes, la communauté catholique minoritaire n'avait aucun problème avec la population majoritairement musulmane.

« Beaucoup de séminaristes ont des parents musulmans et même si cela a pu être une déception au début, au final ce n'était pas un problème. Mais aujourd'hui, si on n'y prend pas garde, la cohésion sociale peut être menacée », a souligné le recteur.

« C’est pourquoi il est fondamental de former de futurs prêtres qui favorisent la communion, car l’Église, au service de la société, doit travailler pour l’unité », a-t-il expliqué.

« Souvent, on n’apprécie quelque chose que lorsqu’on l’a perdu. Ici, si on demande à quelqu’un ce qu’il souhaite [à Noël], il répond la paix. Que la grâce de l’enfant Jésus atteigne tous les cœurs », conclut Moukassa.

08:22 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |