Mgr Rey : retour sur une éviction qui soulève l'indignation sur le web (11/01/2025)
De Franca Giansoldati sur le Messaggero :
L'évêque Dominique Rey a été évincé
Le pape François torpille un évêque conservateur dont les séminaires sont pleins, l'indignation sur le web ne faiblit pas.
vendredi 10 janvier 2025
Cette fois-ci, pas de scandales sexuels, pas de pédophilie et pas même l'ombre d'une corruption. Ce qui semble avoir déterminé l'éviction fracassante d'un évêque français, c'est seulement sa prédisposition flagrante à accueillir, sur le territoire de son diocèse de Fréjus-Toulon, trop de conservateurs et de prêtres amoureux de la messe en latin. Une tendance que le pape Bergoglio ne tolère plus, à l'instar de nombreux cardinaux de la curie qui se sont penchés sur ce dossier.
Des religieuses renvoyées du couvent, le Vatican les expulse de l'Église pour insubordination : « Elles veulent la messe en latin
La démission demandée et obtenue il y a quelques jours a soulevé une vague d'indignation chez de nombreux catholiques et la nouvelle continue d'alimenter la controverse à distance sur les médias sociaux. Le fait est que la guerre contre les traditionalistes (particulièrement dure en France) sous ce pontificat semble inévitable pour couper l'herbe sous le pied des poches de résistance et d'opposition interne opposées aux réformes et à la réalisation d'une Église moins rigide, plus ouverte et moderne.
Evincé prématurément et contraint de démissionner avec trois ans d'avance, l'évêque Dominique Rey, dans une interview accordée à l'hebdomadaire Famille Chrétienne, a utilisé des mots clairs. Obéir. « On me reproche principalement l'accueil trop large de communautés ou de vocations sacerdotales et religieuses, notamment issues du monde traditionnel, ainsi que des dysfonctionnements dans la gestion économique et financière du diocèse ».
Le sentiment d'injustice dans cette affaire est pourtant paradoxal, puisque c'est précisément sous la houlette de ce prélat que son diocèse s'est énormément enrichi de séminaristes et de fidèles, à un moment de l'histoire où les églises sont désertées et où les jeunes s'éloignent.
De son côté, la Conférence des évêques de France a souhaité, dans un communiqué, « une belle et nouvelle étape pastorale au diocèse de Fréjus-Toulon et à ses fidèles ». Comme pour dire qu'une nouvelle page se tourne. Le diocèse avait également fait l'objet d'une récente visite du cardinal Aveline de Marseille, cardinal de confiance du souverain pontife, qui avait analysé tous les secteurs diocésains, toute la documentation et les archives, recueillant des témoignages. Les conclusions qu'Aveline a remises au Pape n'ont manifestement pas dû être très favorables à l'évêque, puisqu'il a été démis de ses fonctions peu de temps après. Le cas du diocèse de Toulon, depuis longtemps dans le collimateur de Rome en raison de sa forte concentration de conservateurs, n'est que le dernier acte d'une longue guerre souterraine visant à contrôler et à déresponsabiliser la minorité favorable à la célébration de la messe en latin.
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Commentaires
Monseigneur Rey accueillait de manière généreuse beaucoup de séminaristes et de prêtres qui avait été rejetés par d'autres évêques de France ou de Belgique, comme par exemple un certain nombre des 35 séminaristes de Monseigneur Léonard renvoyés lors de l'arrivée du cardinal de Késel. Il y avait donc de puissantes animosités contre lui un peu analogue à celles qui attaquèrent Monseigneur Léonard en Belgique.
On peut imaginer que les médisances se répandaient dans les salons du Vatican et que c'est probablement la même cause qui actuellement retarde la nomination de nouveaux évêques en Belgique : l'ancienne génération fait certainement des pieds et des mains pour ne pas voir arriver des nouveaux évêques ayant une théologie un peu trop fidèle au Magistère.
Cependant le pape François parfois peut surprendre et je dirais même que parfois il aime provoquer comme on l'a vu quand il a annoncé la future béatification du roi Baudouin devant les autorités de "la très catholique" université de Louvain-la-neuve, qui pourtant proclamaient avec hauteur leur attachement à l'avortement !
Écrit par : Arnaud DUMOUCH | 11/01/2025
Bonne année 2025 et merci beaucoup pour ce rappel éclairant.
Sous l'angle de l'analyse la plus précise et prudente possible, on ne peut qu'être frappé par l'incapacité des uns et des autres à dire clairement ce que signifie, aujourd'hui, la notion de "communion avec le pape François", c'est-à-dire la communion avec un pape qui n'est
- pas du tout en communion avec ses prédécesseurs ante-conciliaires,
- pas beaucoup en communion avec ses prédécesseurs post-conciliaires,
et
- pas toujours en communion de pensée et d'action... avec lui-même.
Quand François affirme que "toutes les religions sont un chemin vers Dieu" (pourquoi UN chemin et pourquoi pas DES chemins ?), de trois choses l'une : ou il croit que c'est vrai, ou il sait que c'est faux, ou il importe avant tout à ses yeux qu'aucun contre-discours catholique, orthodoxe et réaliste, n'émerge, depuis l'intérieur de "l'Eglise d'Assise", en contradiction face à son affirmation, bien plus démagogique que pédagogique.
Mais pourquoi donc un pape qui se discrédite lui-même, en étant capable de recourir à une telle affirmation et en étant désireux de voir les catholiques s'y rallier ou y souscrire, exige-t-il que les évêques et les fidèles lui obéissent le plus possible ?
Si ce n'est pas à la fois de la volonté de domination ad intra et de la volonté de pactisation ad extra, c'est quoi ?
Une remarque du même type s'impose dans un autre domaine : quelle confiance ou quel crédit accorder à un pape François qui est à la fois
- le héraut de la synodalité, c'est-à-dire du centralisme démocratique ou du management participatif appliqué à la subordination du catholicisme à la postmodernité, émancipatrice à l'égard des "stéréotypes discriminateurs", en religion et en morale,
et
- le "champion du monde" des motu proprios, d'une manière emblématique d'une conception autocratique de l'exercice du pouvoir dans l'Eglise ?
Qui ne voit la supercherie ou le tour de passe-passe qui est à l'oeuvre, encore plus depuis 2012-2013 que depuis 1962-1963, non seulement en ce qui concerne la pastorale ad extra, mais aussi pour ce qui a trait au gouvernement ad intra, et qui ne voit, ou plutôt qui persiste à refuser de constater que le Concile, pour le coup en tant qu'ensemble d'enseignements ET d'événements, a rendu possible une vision et un rapport aux choses, souvent placés sous le signe de la condescendance et de la désinvolture, qui ne peuvent que fonctionner à l'éviction des bons et à la promotion des moins bons ?
Écrit par : Benoît YZERN | 11/01/2025
Je répondrais, cher Benoît YZERN, que lorsqu'on a un doute par rapport au Magistère dogmatique du pape François (qu'il faut distinguer de ses décisions pastorales parfois étranges voire autoritaristes), on doit suivre le Conseil de son prédécesseur le pape Benoît 16 qui disait : « vous devez assumer par un acte de foi ce que le Magistère dogmatique d'un pape définit et vous devez savoir le comprendre à la lumière du Magistère tout entier. »
Par exemple lorsque le pape François dit que "les religions sont un chemin vers Dieu", c'est à la lumière de ces deux repères de la foi présents dans le concile Vatican II : ALORS TOUT DEVIENT CLAIR ET SÛR :
1° Les religions autres que le christianisme ne donnent pas le salut (il est donné par l’union vivante de charité avec Dieu fondée sur la foi et source d’œuvres (Concile de Trente, session VI). Mais elles possèdent en elles des "semences mises par l'Esprit Saint" qui disposent les âmes des non-chrétiens au salut (Lumen Gentium 16).
2° Nul n’entrera dans la Vision béatifique sans la plénitude du message du Christ contenu dans la foi catholique (Symbole du Quicumque). Mais les christianismes séparés, bien qu’ils souffrent de déficiences sur tel ou tel point, peuvent certainement produire la vie de la grâce et on doit reconnaître qu'ils donnent accès à la communion du salut (Unitatis Redintegratio, 3).
Écrit par : Arnaud DUMOUCH | 11/01/2025
Ce qui est consternant également, même si ce n'est pas nécessairement l'aspect le plus grave, c'est la sournoiserie des processus. On commence par dire à l'intéressé : "Quelqu'un est nommé pour t'aider, mais tu ne dois évidemment pas démissionner." Et quelques mois plus tard, on le fiche à la porte, qui plus est en lui transmettant l'information via l'ambassadeur local. Adopter un tel comportement en chantant les bienfaits de la synodalité, cela continue à causer un peu de sidération.
Écrit par : Philippe G | 11/01/2025
Ce pape est décidément plein de contradiction et de confusion.
Il invite à la paix et à l'accueil de tous dans l'Eglise (Todos, todos, todos), mais condamne et essaie de détruire par tous les moyens les catholiques qui ont le malheur de soutenir les traditions séculaires de l'église. Il va vouloir développer le rite zaIrois, le rite maya, le rite amazonien, prétextant qu'il faut accueillir une grande diversité dans l'église, mais il fait tout pour casser définitivement les mouvements d'église plus traditionnels. Cette volonté d'éradication totale de la Tradition est typique de notre église catholique post Vatican II : liturgie grégorienne, beaux ornements liturgiques, vases sacrés de l'autel, statues de saints et saintes dans les églises : tout a été détruit, saccagé, supprimé .... Jamais les anglicans ou les orthodoxes n'ont été pris d'une telle furie iconoclaste.
Comment le pape peut il prêcher pour une église de l'Amour, de la paix, de l'écoute des minorités et des périphéries et présenter à la fois une telle haine face à la tradition.
Qu'est ce que les catholiques, appelés "tradis" ont fait de mal : ils sont réguliers dans la pratique des sacrements, ils transmettent les valeurs de la foi en famille, ils sont missionnaires et leurs séminaires et monastères se remplissent tandis que les nôtres se vident complètement.
Je ne comprends pas ce pape : c'est un iconoclaste qui détruit l'église, sème le doute et la division !
On jugera l'arbre à ses fruits : ce pape est en train de transformer notre église en figuier stérile .... et on sait ce qu'il arrivera à ce figuier : on le coupe et on le brûle ...
Écrit par : Thierry | 11/01/2025
Comme simple fidèle, c'est en tout cas un sentiment de dégoût profond qui m'habite: Mgr Rey était un des évêques français les plus "performants" par rapport au nombre de séminaristes et de prêtres ordonnés. J'ai eu l'occasion de le rencontrer une fois, c'était un homme intelligent et affable.
La décision du Pape donne l'impression de "punir" cette bonne performance. A la rigueur, s'il y avait des détails à corriger, il suffisait d'en faire part à l'intéressé, mais de toute évidence, on a préféré lui "coller" une visite "fraternelle", lui imposer un évêque coadjuteur, puis le faire démissionner après lui avoir fait croire que ce ne serait pas le cas.
Est-ce que ces gens ont conscience qu'ils salissent durablement toute l'Eglise?
Écrit par : Michel G. | 13/01/2025