SYRIE – Alors que des gangs islamistes massacrent les Alaouites et les chrétiens sur les côtes syriennes depuis deux jours, Ahmed al-Charaa (alias Al-Jolani) (l'actuel dirigeant de la Syrie) est sorti de son silence, non pas pour condamner ces crimes de guerre, mais pour dire que « la Syrie poursuivra les restes du régime renversé de Bachar al-Assad et les traduira en justice ».

Les villes et les zones rurales de la côte syrienne ont été le théâtre de crimes de guerre ciblant les populations alaouites, kurdes et chrétiennes lors d’opérations de ratissage menées par les forces sous commandement de l’autorité de Damas à la suite d’embuscades tendues à ses forces par des insurgés qui seraient des anciens soldats de Bachar al-Assad jeudi dernier.
Al-Jolani a déclaré hier, vendredi, dans son premier commentaire après les violences côtières, que « la Syrie poursuivra les restes du régime renversé de Bachar al-Assad et les traduira en justice ».
Il a ajouté : « Certains vestiges du régime déchu tentent de tester la nouvelle Syrie, qu’ils ignorent », et a poursuivi : « J’insiste auprès des forces de sécurité pour qu’elles ne permettent à personne d’outrepasser leurs limites ou de réagir de manière excessive. »
Les observateurs, en réponse aux propos d’Abou Mohammad Al-Jolani après les événements sur les côtes syriennes, ont déclaré qu’il était « détaché de la réalité ».
Les côtes syriennes sont le théâtre d’une importante tension suite à de violents affrontements entre groupes armés et forces des autorités de Damas depuis jeudi dernier, qui ont fait des centaines [certaines sources font états de milliers de morts] de morts, en majorité des civils, dont des enfants, des femmes, des étudiant-e-s…
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Massacre en Syrie : l'appel dramatique des chefs religieux
Les patriarches condamnent dans un communiqué les massacres de civils - Au moins 865 civils alaouites ont été assassinés samedi soir - La minorité chrétienne craint également pour sa vie.
Dans la région côtière syrienne de Lattaquié et de Tartous, le massacre de la population civile alaouite continue sans relâche. Le nombre de civils tués s'élevait déjà à au moins 865 samedi soir, comme l'ont rapporté des informateurs locaux à Kathpress. Parmi les victimes figurent également de nombreuses femmes, des enfants et des personnes âgées. Le nombre réel de victimes est probablement bien plus élevé. Les pillages et les vols battent leur plein, dit-on. Les auteurs seraient principalement des djihadistes étrangers.
Les dirigeants de l'Église syrienne ont publié samedi une déclaration condamnant fermement les massacres et appelant à la fin des violences. Les souffrances du peuple syrien doivent enfin prendre fin, a-t-on déclaré. La déclaration est signée par le patriarche grec-orthodoxe Jean X, le patriarche syrien-orthodoxe Aphrem II et le patriarche melkite Youssif Absi.
Manuel Baghdi, conseiller pour le Moyen-Orient du cardinal Christoph Schönborn, a confirmé samedi soir à Kathpress le nombre élevé de victimes et a en même temps évoqué de grandes craintes parmi les minorités du pays. Les chrétiens et les Druzes vivent dans la peur d’être « les prochains sur la liste ». Selon les rapports, deux chrétiens arméniens ont été assassinés jusqu'à présent.