L'Assemblée ecclésiale de 2028 : un moment destructeur pour l'Église ? (20/03/2025)

Du sur The Catholic Thing :

Processus, accompagnement, mise en œuvre : la synodalité pour toujours !

20 mars 2025

Le processus incessant du Synode sur la synodalité a pris une tournure nouvelle et inattendue. La « phase de mise en œuvre » actuelle du chemin synodal triennal, suite à la conclusion de l'Assemblée synodale de l'automne dernier à Rome, est devenue la phase préparatoire d'un événement inédit dans l'Église catholique : une « Assemblée ecclésiale ».

Dans une lettre du 15 mars adressée aux évêques du monde entier, le Secrétariat général du Synode a annoncé qu'il allait désormais « entamer un processus d'accompagnement et d'évaluation de la phase de mise en œuvre » des conclusions du Document final de l'Assemblée synodale par les diocèses du monde entier. « Ce processus culminera avec la célébration d'une assemblée ecclésiale au Vatican en octobre 2028. Pour l'instant, donc, aucun nouveau Synode ne sera convoqué ; l'accent sera plutôt mis sur la consolidation du chemin parcouru jusqu'à présent. »

Ainsi, le chemin synodal conduit désormais, ironiquement, à l’annulation de la prochaine assemblée synodale, qui sera remplacée par un type d’assemblée nouveau et amélioré qui jugera l’ensemble du processus synodal : « la célébration de l’assemblée ecclésiale d’octobre 2028 sera structurée de manière à offrir des temps adéquats et durables pour la mise en œuvre des indications du Synode, tout en prévoyant également des moments significatifs d’évaluation. »

Il semble, de manière remarquable, qu’une assemblée synodale en elle-même ne soit pas un moment « adéquat et durable » pour évaluer le travail de mise en œuvre du chemin synodal.

Naturellement, la question se pose : qu’est-ce qu’une assemblée ecclésiale ? Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Secrétariat général du Synode, a été interviewé à ce sujet par Andrea Tornielli, directeur de la rédaction du Dicastère pour la communication. M. Grech a averti : « Comme il s’agit de la première fois qu’une assemblée ecclésiale se tiendra à l’échelle de l’Église tout entière, de nombreux points restent à déterminer. »

Il est cependant parfaitement clair sur un point : elle sera différente de l’assemblée synodale : « l’Assemblée est ecclésiale, ce qui est censé souligner sa nature et sa fonction distinctes par rapport à l’Assemblée synodale que nous venons de célébrer, qui est et reste substantiellement une Assemblée d’évêques. » [C’est nous qui soulignons.]

Dans la mesure où cette affirmation a une signification perceptible, Grech semble suggérer que, même avec l'inclusion de non-évêques, les évêques étaient, sans surprise, majoritaires à l'assemblée du Synode des évêques. Apparemment, cela n'est pas suffisamment synodal.

Ainsi, l'Assemblée ecclésiale ne sera pas essentiellement une assemblée d'évêques. Elle sera essentiellement composée de non-évêques, ce qui signifie que la plupart des participants seront des laïcs. L'Assemblée ecclésiale reflétera plus ou moins la composition démographique de l' Église , où le clergé, sans parler des évêques, ne représente qu'une infime partie des catholiques baptisés.

L'Aveugle conduisant l'aveugle par Pieter van den Heyden, 1561 [Cleveland Museum of Art, Cleveland, Ohio]

Nous voyons ici la trajectoire de la révolution pas si lente que cela qui porte le nom de synodalité : l'appel du Concile Vatican II à la création d'un Synode des évêques pour assister le pape dans sa gouvernance de l'Église universelle, principalement par le biais d'assemblées périodiques à Rome pour discuter de sujets déterminés, est devenu dans le pontificat du pape François un forum dans lequel un groupe restreint de laïcs, de diacres, de prêtres, de religieux et de religieuses étaient réunis en tant que participants égaux, en vote mais pas en nombre, avec les évêques à l'assemblée synodale.

Or, cette façon de procéder a été jugée inadéquate pour mener à bien l'œuvre de la synodalité. Une nouvelle assemblée, appelée Assemblée ecclésiale, au sein de laquelle les évêques ne seront pas majoritaires, aura désormais le dernier mot sur ce que signifie la synodalité et sur ce que le reste de l'Église doit adopter pour être synodale.

Le cardinal Grech n'a pas répondu à ces graves préoccupations dans l'interview :

  • Pourquoi l’idée d’une assemblée ecclésiale pour remplacer la prochaine assemblée ordinaire du Synode des évêques n’a-t-elle pas été évoquée et discutée lors de l’assemblée synodale de l’automne dernier ?
  • Pourquoi les évêques du monde entier n’ont-ils pas été consultés, dans un exercice d’écoute synodale, sur l’opportunité de convoquer une Assemblée ecclésiale ?
  • Pourquoi le synode lui-même est-il incapable d’évaluer la mise en œuvre de ses propres indications ?
  • À quoi ressemblera la composition de l’Assemblée ecclésiale ?
  • Combien de personnes seront invitées à participer à l’assemblée ?
  • Quels seront les pourcentages de clergé, de laïcs et de religieux sélectionnés, et qui effectuera la sélection ?
  • Pourquoi l’assemblée ne sera-t-elle pas composée en grande partie d’évêques ?
  • Quel rapport tout cela a-t-il avec la Constitution divine de l’Église qui nous a été donnée par le Christ, dans laquelle les évêques sont placés sur le troupeau, et non le troupeau sur les évêques ?

L’Assemblée ecclésiale sera saluée par un nombre relativement restreint de personnes comme une adoption depuis longtemps attendue du progrès, une décléricalisation de l’Église et la possibilité d’entendre et d’écouter la voix prophétique des laïcs, jusqu’ici supposément réduits au silence.

On l’appellera Vatican III.

Si cette assemblée se réunit selon la forme définie par le cardinal Grech, ce sera un moment destructeur pour l'Église. Seule la hiérarchie a été chargée par le Christ « d'enseigner, de gouverner et de sanctifier » le troupeau du Christ en son nom et par son autorité. Les évêques, sous et avec le pape, sont les seuls pasteurs, par la volonté expresse de Notre Seigneur. Leur autorité n'est soumise au vote majoritaire d'aucune assemblée de laïcs.

Les évêques de l’Église doivent s’opposer à cette innovation manifestement anti-catholique qui transformerait l’Église en une sorte d’organisme protestant.

10:11 | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook | |  Imprimer |