Critique du Pape ? Non, une analyse nécessaire (24/04/2025)
De Riccardo Cascioli sur la NBQ :
Critique du Pape ? Non, une analyse nécessaire
24_04_2025
Ces derniers jours, certaines personnes ont été surprises ou se sont senties attristées parce qu’après la mort du pape François, nous avons publié des articles critiques sur son pontificat. Il y a ceux qui nous ont invités à regarder aussi les bonnes choses qu'il a faites et ceux qui ont simplement dit qu'il valait mieux se concentrer sur le prochain Conclave en promouvant la prière et le jeûne pour qu'émerge un Pape à la hauteur de la tâche.
Il semble donc nécessaire de clarifier quelques points. Première question : ce que nous publions ces jours-ci n'est pas un jugement sur la personne du pape François, nous n'avons aucune présomption de nous mettre à la place de Dieu. En effet, nous participons à juste titre et de manière convaincante aux prières et aux messes de suffrage pour son âme. Mais il est plutôt nécessaire de donner un avis sur la situation de l’Église après – et à cause de – ces 12 années de pontificat. Il ne s'agit pas de se placer devant une balance pesant les bonnes et les mauvaises choses faites par le pape François, mais de proposer une analyse synthétique des passages significatifs de ce pontificat et des raisons qui ont conduit l'Église à cette profonde division (une « division dans le peuple de Dieu » sans précédent, comme l'a défini l'expert du Vatican Gian Franco Svidercoschi ) et à une confusion à tous les niveaux, dont les conséquences pratiques sont visibles même après la mort du pape (comme le démontre l'affaire Becciu, que nous aborderons séparément ).
De quelque manière qu'on le considère, ce fut un pontificat de rupture, qui voulait une discontinuité non seulement avec ses prédécesseurs directs mais avec toute la tradition catholique. Bien sûr, beaucoup évaluent cela positivement et, en effet, nombreux sont ceux qui sont mécontents parce que cette discontinuité n’a pas été poussée jusqu’à ses conséquences extrêmes. Nous, au contraire, nous croyons avec Benoît XVI (et toute la tradition) que l'Église se réforme dans la continuité, qu'il n'y a pas besoin d'une nouvelle Église ou de l'Église de tel ou tel Pape : l'Église est au Christ et c'est tout ; Les papes sont au service de la Révélation, ils n’en sont pas les maîtres.
Et quoi que vous pensiez, il est juste d’aller au fond des choses et d’affronter la réalité. Affirmer, juste pour donner un exemple, que ce pontificat a ignoré le droit naturel et que cela nous a empêché de penser à la doctrine sociale de l'Église (comme l'expliquait hier l'article de Stefano Fontana ) n'est pas une critique impitoyable d'un pape qui vient de mourir, mais un examen calme qui nous permet de comprendre ce qui s'est passé en ce moment.
Et ce jugement est d’autant plus important que nous nous rapprochons du conclave qui choisira le prochain pape. Comprendre les raisons profondes qui ont conduit le pontificat récemment terminé à certaines conséquences (ou dérives) sert aussi à établir les critères que nous croyons nécessaires pour dresser le portrait-robot du prochain Pape. C'est pour cela que nous commençons aujourd'hui une série d'articles, signés par Luisella Scrosati, qui, inspirés par le document de Demos II (le cardinal anonyme qui, il y a un an à peine, a confié à la NBQ quelques notes sur les priorités du prochain pontificat), approfondissent les critères fondamentaux avec lesquels nous pensons que les cardinaux devraient choisir le successeur du pape François.
Celui qui s'oppose à cela en prétendant s'en remettre à l'Esprit Saint a évidemment une conception magique de l'Église et du conclave : comme si à un certain moment, d'un coup de baguette magique, l'Esprit Saint prenait possession de l'esprit des cardinaux pour leur faire écrire sur les cartes le nom qu'il voulait. Benoît XVI, en 1997, avait bien clarifié la question en répondant à la question de savoir si c'est le Saint-Esprit qui choisit le pape : « Je ne dirais pas cela, dans le sens où c'est le Saint-Esprit qui le choisit – disait alors le cardinal Ratzinger -. Je dirais que le Saint-Esprit ne prend pas exactement le contrôle de la question, mais plutôt, en bon éducateur qu'il est, il nous laisse beaucoup d'espace, beaucoup de liberté, sans pour autant nous abandonner complètement. Le rôle de l’Esprit doit donc être compris dans un sens beaucoup plus flexible, et non pas comme s’il dictait le candidat pour lequel il fallait voter. La seule sécurité qu’il offre est probablement que la chose ne peut pas être totalement ruinée. Il y a trop d’exemples de papes que le Saint-Esprit n’aurait évidemment pas choisis.
La présence de l’Esprit Saint passe donc aussi par la conscience de la situation de l’Église, de quelles sont ses priorités dans le contexte actuel, de ce qui est en jeu. Prier, et même jeûner, pour que l'Esprit Saint éclaire les cardinaux en conclave est un devoir, mais nous croyons que le travail que nous faisons en cette période pour offrir des critères d'évaluation, qui soient au service de l'Église et du peuple de Dieu, est tout aussi important.
Nous ne prétendons pas que notre approche plaira à tout le monde, mais notre première préoccupation est de plaire à Dieu. Le jugement des lecteurs est important mais aussi éphémère, le seul Jugement à vraiment craindre est le Jugement final.
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