Un entretien avec le Père abbé de l'abbaye de Lagrasse (27/05/2025)

Du site de La Nef (des propos recueillis par Christophe et Élisabeth Geffroy) :

Abbaye de Lagrasse : entretien avec le Père abbé

Lagrasse est l’une des abbayes les plus rayonnantes et fameuses de notre pays, une oasis en ces rudes temps, et nous sommes heureux de vous offrir cet entretien avec son Père Abbé, homme à la parole rare et profonde.

21 mai 2025

La Nef – Vous êtes des chanoines réguliers. Quelle est votre spécificité ? Quelle est l’origine du mouvement canonial auquel vous appartenez ?
RP Emmanuel-Marie – C’est en saint Augustin que le mouvement canonial reconnaît son fondateur. Dès qu’il devient évêque d’Hippone, un peu avant les années 400, il veut rassembler les prêtres et les clercs de son diocèse pour mener avec eux une vie commune, rythmée par la prière liturgique, dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. Il tient à retrouver avec son clergé la vie des apôtres après la Pentecôte, dont le Nouveau Testament nous dit qu’ils avaient « un seul cœur et une seule âme et que tout était commun entre eux » (cf. Ac 4, 32).
Tout au long de l’histoire de l’Église, cette forme de vie a perduré. C’était une intuition prophétique. En effet, il existe un lien entre la vie commune, la consécration dans une vie selon les conseils évangéliques et la vie sacerdotale. Au Moyen Âge, la réforme grégorienne a institutionnalisé cette forme de vie, en créant des ordres religieux de chanoines réguliers.
La vie de ces religieux repose alors sur trois piliers : la vie commune, la vie contemplative – en particulier par la liturgie – et la vie d’apostolat, le tout dans l’esprit de la règle de saint Augustin : « D’abord puisque c’est pour cela que vous êtes réunis en communauté, habitez unanimes dans la maison, et ayez un seul cœur et une seule âme tendus vers Dieu. »

En quoi saint Augustin est-il si actuel ?
Saint Augustin a vécu l’effondrement de l’Empire romain, l’invasion des barbares, la fin d’une civilisation, un pullulement d’hérésies et de schismes. Son enseignement est donc particulièrement adapté à notre temps ! Et pourtant il nous prêche l’espérance.
Dans une société composée en partie de païens, il avertit : « Séparé d’esprit, ne crains pas d’être de corps parmi eux. » Augustin n’est pas né avec une auréole et sa conversion si lente – 14 années ! – parle à tous. Il propose toujours un retour à l’essentiel, une conversion à ce Dieu qui habite les cœurs. Benoît XVI avouait qu’il considérait Augustin comme « un ami, un contemporain qui me parle avec sa foi fraîche et actuelle ». Sa doctrine mariale, extrêmement ecclésiale, a beaucoup inspiré la constitution de Vatican II sur l’Église.

lire la suite sur le site de La Nef

08:23 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |