Ancien rite : les révélations de Diane Montagna susctent l'émoi au Vatican (04/07/2025)
De Nico Spuntoni sur la NBQ :
vatican watergate
Une question gênante sur la messe en latin fait bondir Bruni
Documents en main, Diane Montagna révèle que la majorité des évêques ne demandaient pas de restrictions sur l'ancien rite, comme l'a écrit le pape François. Le directeur du Bureau de presse ne confirme ni n'infirme, mais hésite. Et il ne laisse pas le secrétaire du Culte divin répondre.
4_07_2025
En 2021, François avait déclaré vouloir abroger la libéralisation de la messe dite tridentine sur la base d'une consultation des évêques faite par la Congrégation pour la doctrine de la foi un an plus tôt et qu'il enverrait à Rome des réponses révélatrices d'une situation qui - écrit Bergoglio - « me chagrine et me préoccupe, me confirmant dans la nécessité d'intervenir » parce que « la possibilité offerte par saint Jean-Paul II et avec une magnanimité encore plus grande par Benoît XVI (...) a été utilisée pour faire croire à des abus et à des abus ». ...) a été utilisée pour accroître les distances, durcir les différences, construire des contrastes qui blessent l'Église et entravent son progrès, l'exposant au risque de divisions".
Quatre ans plus tard, une journaliste, l'Américaine Diane Montagna, révélait qu'il n'en était rien : la majorité des évêques consultés qui avaient appliqué le motu proprio Summorum Pontificum s'étaient déclarés satisfaits et avaient d'ailleurs averti l'ancien Saint-Office des risques d'une éventuelle restriction. Une vérité retentissante inscrite noir sur blanc par la Congrégation pour la doctrine de la foi dans un rapport remis à François et qui présente un portrait de la situation très différent de celui rapporté dans Traditionis Custodes et dans la lettre d'accompagnement aux évêques.
Le rapport Montagna est un Watergate du Vatican et, documents en main, indique que le défunt pape a menti pour justifier sa décision de limiter les célébrations dans la forme extraordinaire, attribuant la volonté à l'épiscopat et à l'actuel Dicastère pour la Doctrine de la Foi.
Ce renversement de la volonté majoritaire brise l'image d'un pontificat centré sur des proclamations sur la synodalité et la collégialité. Mais soyons clairs : François peut abroger Summorum Pontificum malgré l'avis des évêques car, comme l'affirmait Ratzinger, l'Église n'est pas une démocratie.
Face à une telle « bombe », qui a inévitablement explosé dans le monde entier et a pu susciter des centaines de milliers de réactions, comment la communication du Saint-Siège a-t-elle réagi ? Hier, au Bureau de presse, une conférence a été organisée pour présenter le nouveau formulaire de la Missa « pro custodia creationis ». Parmi les intervenants figurait Monseigneur Vittorio Francesco Viola, secrétaire du Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, et donc l'un des plus grands exécuteurs de Traditionis Custodes, étant donné que le motu confiait précisément à son dicastère l'observation des dispositions. Il était donc inévitable que, se trouvant devant Mgr Viola, une journaliste (Hannah Brockhaus de CNA) ressente le besoin de lui poser une question sur le scoop de Montagna et de demander une clarification. C'est alors que le directeur du Bureau de presse, Matteo Bruni, a pris la parole pour réprimander la journaliste en déclarant : « Je ne pense pas que cette question soit pertinente ».
Peut-être Bruni oublie-t-il qu'il ne lui appartient pas de juger les questions des journalistes. Le rédacteur en chef, même s'il n'a pas de carrière journalistique derrière lui, devrait savoir que les professionnels de l'information donnent toujours la priorité à l'actualité : il est tout à fait normal de mettre en veilleuse le sujet d'une conférence si l'on a en face de soi un interlocuteur directement intéressé par une question aussi dérangeante et sur laquelle il n'y a pas eu de prise de position officielle.
Bruni a mal commencé son discours, mais il l'a encore plus mal terminé. Anticipant manifestement la question « hors sujet » (d'autant plus qu'il s'y attendait, cette remarque condescendante sur le manque de pertinence était-elle vraiment nécessaire ? « Je ne confirme pas l'authenticité des textes qui ont été publiés, a déclaré le directeur du service de presse, et qui concernent vraisemblablement une partie d'un des documents sur lesquels la décision a été fondée, et qui, en tant que tels, alimentent une reconstitution très partielle et incomplète du processus décisionnel. »
Bruni « ne confirme pas », ce qui signifie en italien qu'il ne dément pas non plus. Puis, à nouveau, il porte un jugement non sollicité sur la reconstitution devenue publique, quatre ans plus tard, grâce au travail méticuleux et inattaquable de Diane Montagna. « En effet, d'autres documents, d'autres rapports confidentiels, fruits également d'autres consultations parvenues au Dicastère pour la Doctrine de la Foi, ont été ajoutés par la suite à la consultation susmentionnée ».
Et il serait légitime de se demander quelle serait cette « autre documentation » évoquée par le directeur du Bureau de presse, puisque François, dans Traditionis Custodes, n'a parlé ni de rapports confidentiels ni d'autres consultations, mais seulement de la « consultation capillaire des évêques en 2020 » et de « l'avis de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ». Tous deux, comme nous l'avons découvert grâce à Montagna, se sont opposés aux restrictions. Il est clair que la « non-confirmation » incertaine de M. Bruni laisse du temps à trouver et, trois jours après la publication du scoop, tout le monde prend pour acquis ce que le directeur a appelé une « reconstruction très partielle et incomplète du processus de prise de décision ».
L'embarras du Saint-Siège face à une révélation gênante pour la mémoire d'un pontife est compréhensible, mais on ne peut songer à traiter une telle nouvelle, diffusée dans le monde entier, comme s'il s'agissait d'un imprévu gênant à écarter en quelques secondes avec des formules alambiquées (« je ne confirme pas ») et en y ajoutant des éléments nouveaux et fumeux jamais évoqués auparavant (« rapports confidentiels »). Après l'accalmie de ces douze années, la guerre médiatique contre la papauté observée dans les années Benoît XVI pourrait reprendre avec un pape aussi populaire auprès des catholiques que Léon XIV. Est-ce ainsi, avec un tract de quelques lignes lu distraitement, que la communication vaticane pense protéger Prévost face aux éventuelles crises et attaques du monde de l'information traditionnellement hostile à l'Eglise ?
09:55 | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook | |
Imprimer |
Commentaires
CITATION : "Le rapport Montagna est un Watergate du Vatican et, documents en main, indique que le défunt pape a menti pour justifier sa décision de limiter les célébrations dans la forme extraordinaire"
Cette phrase est un peu exagérée.
Disons que le pape François ne voulait pas que se crée à côté de l'Église Universelle une Eglise élitiste qui, peu à peu, se détachait aussi du Concile Vatican II
Mais que la liturgie selon le rite romain de 1969 en latin et tournée vers l'Orient était tout à fait autorisée. Et le pape François voulait que ce soit l'unique forme de la liturgie.
Il le dit dans ce document :
« “Traditionis Custodes”, 2021
Répondant à vos demandes, je prends la ferme décision d’abroger toutes les normes, instructions, concessions et coutumes antérieures à ce Motu Proprio, et de conserver les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, comme la seule expression de la lex orandi du rite romain »
Écrit par : Arnaud Dumouch | 05/07/2025
On en conclura que, d'après vous,
a) Jean XXIII et Paul VI ont eu raison de vouloir que se crée, au-dedans de l'Eglise universelle, une Eglise moderniste (ou sûrement pas anti-moderniste !) qui, assez vite, s'est détachée, notamment, du Concile de Trente,
b) les catholiques qui essaient de remédier à ce détachement, à cette rupture ou à cette sécession, entre autres, liturgique, en prônant la fidélité et en vivant dans la fidélité, au contact de "fondamentaux" avant tout et anti modernistes, mais aussi ante et anti conciliaires, ont tort de le faire.
Écrit par : Benoît YZERN | 05/07/2025
Il n'est pas impossible et il n'est pas encore interdit de faire part du raisonnement suivant, fondé ou non.
La polarisation des uns et des autres, notamment des catholiques rénovateurs et des catholiques traditionnels, sur la question liturgique, est une véritable catastrophe pour, ou plutôt contre, l'Eglise et les fidèles catholiques, encore plus depuis François que depuis Jean XXIII.
Cette polarisation ne contribue pas du tout à maintenir en vie la pleine conscience du fait que c'est avant tout sous l'angle dogmatique, et non avant tout sous l'angle liturgique, qu'il est nécessaire et salutaire de distinguer clairement et fermement entre ce qui est orthodoxe et ce qui ne l'est pas, entre ce qui est catholique et ce qui ne l'est pas, entre ce qui est chrétien et ce qui ne l'est pas.
Et cette polarisation sur la question liturgique n'est pas sans relations avec la polarisation, elle-aussi catastrophique, sur la notion de sensibilité, cette notion ayant le pouvoir de légitimer a priori à peu près n'importe quel point de vue sur à peu près n'importe quel sujet.
Ainsi, tout le monde a-t-il bien conscience du fait que nous sommes aujourd'hui en présence d'une Eglise catholique amplement déformée ou transformée par l'Eglise du Concile, d'Assise et de l'inclusion, et dans laquelle les uns semblent vraiment être anti-traditionnels parce que telle est leur sensibilité, tandis que d'autres semblent vraiment être philo-traditionnels parce que telle est leur sensibilité ?
Dans cette affaire, le plus révélateur est situé à l'intérieur des "vérités successives" des cadres dirigeants du Parti iréniste, oecuméniste et unanimiste qui dirigent l'Eglise catholique depuis Jean XXIII : ainsi, au moins jusqu'à la fin des années 1990, il n'était pas rare d'entendre certains de ces cadres expliquer que le Concile Vatican II est, tenez-vous bien, LE Concile de la Tradition, le plus authentiquement traditionnel qui soit, car le plus inspiré par la composante patristique de la Tradition de tous les Conciles, depuis les quatre à huit premiers Conciles, ce qui ne peut que faire sourire tous ceux qui connaissent l'ampleur de la conception libérale, sinon moderniste, de la conception de la Tradition chère aux inspirateurs de Vatican II.
Au terme de ces quelques lignes, il est possible de souhaiter à chacun de se consacrer à quelques "devoirs de vacances" à caractère théologique, au contact des questions suivantes : qu'est-ce que bien des papes, des cardinaux et des évêques du Concile et de l'apres-Concile ne veulent pas que nous connaissions et comprenions, non seulement sur la composante patristique, la composante monastique, la composante scolastique et la composante tridentine de la Tradition, mais aussi sur la foi catholique et la morale chrétienne ? En quoi, sur ce plan-là, Joseph Ratzinger / Benoît XVI a-t-il constitué, par endroits et par moments, une remarquable exception, et en quoi, sur le même plan, le même homme d'Eglise n'a-t-il pas osé, ou pas voulu, rompre nettement avec la rupture, d'où, entre autres choses, Assise 2011 ?
En d'autres termes, ce n'est certes pas la polarisation sur la question liturgique qui permettra aux uns et aux autres de comprendre pourquoi tant et tant de clercs ne veulent pas que les confessions chrétiennes non catholiques soient comprises en tant que réellement hérétiques et/ou schismatiques, et ne veulent pas davantage que les religions non chrétiennes soient comprises en tant que non dépositaires de la plénitude de la révélation divine.
Écrit par : Benoît YZERN | 05/07/2025
Cher Benoît,
Je crois que vous confondez hélas mai 68 qui a été concomitant et le Concile VaticanI I.
Regardez ce que donne Vatican II dans des pays qui n'ont pas connu mai 68 comme la Pologne, l'Afrique et l'Asie.
Mais je comprends votre réaction d'Occidental : il est tellement difficile pour nous Occidentaux de distinguer à cause de toute une génération de clercs qui ont prétendu donner l'interprétation authentique du Concile Vatican II dans une rupture avec toute l'histoire de l'Église.
Je vous remets ici la liste des 9 principales précisions dogmatiques venant du Concile Vatican 2 et vous verrez il n'y a rien de plus traditionnel et patristique :
la liste des neuf principales vérités doctrinales (neuf repères de la foi infaillibles) développées dans Vatican II, qui doivent être lus dans la continuité des dogmes du passé. Saint Paul VI conclut d’ailleurs ainsi les deux constitutions dogmatiques du Concile : « Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette constitution dogmatique ont plu aux Pères. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu »
1° L'homme est par nature un être libre et la liberté religieuse est une condition de sa nature. C'est un nouveau "préambule de la foi". Ancien dogme complémentaire : « Sa liberté est pour le moment diminuée par de l’ignorance et de la faiblesse, en vue d’un apprentissage de l’humilité ».
2° L'Ordre des évêques est un ordre indépendant, radicalement non réductible à l'Ordre des prêtres, quoiqu'en disait saint Thomas d'Aquin (Supplementum). S’il ne donne rien de plus que le sacerdoce quant à l’eucharistie, il porte la plénitude de la grâce sacramentelle pour perfectionner le peuple de Dieu.
3° Le mariage (qui est fondé sur le consentement mutuel des époux) est ordonné de manière indissociable à la croissance de leur amour réciproque et au don de la vie (et non à la procréation et à l'assouvissement du désir, comme l'enseignait saint Thomas d'Aquin, Supplementum) (Gaudium et Spes 50,3).
4° Les religions autres que le christianisme ne donnent pas le salut (il est donné par l’union vivante de charité avec Dieu fondée sur la foi et source d’œuvres (Concile de Trente, session VI). Mais elles possèdent en elles des "semences mises par l'Esprit Saint" qui disposent les âmes des non-chrétiens au salut (Lumen Gentium 16).
5° Nul n’entrera dans la Vision béatifique sans la plénitude du message du Christ contenu dans la foi catholique (Symbole du Quicumque). Mais les christianismes séparés, bien qu’ils souffrent de déficiences sur tel ou tel point, peuvent certainement produire la vie de la grâce et on doit reconnaître qu'ils donnent accès à la communion du salut (Unitatis Redintegratio, 3).
6° « En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal », ce qui ne veut pas dire que tous seront sauvés en fin de compte (c’est le seul dogme à forme solennelle du Concile Vatican II, voir Gaudium et Spes 22, 5, repris de Pie XII Mystici Corporis 186).
7° Le sacrement de l'eucharistie a pour but l'union par la charité de Dieu et de l'homme (et non seulement la glorification de Dieu).
8° L’infaillibilité pontificale s’exerce de manière extraordinaire, solennelle ou ordinaire (Lumen Gentium, 25 et reprise des définitions du Concile Vatican I, Dei Filius 3, 1870)
9° L'Écriture sainte n'est pas dictée par Dieu mais inspirée par Dieu à de vrais auteurs humains qui ont écrit avec leurs mots et leur faillibilité. L'Écriture est infaillible sur la doctrine du salut et sa révélation progressive, pas sur le reste. (Constitution dogmatique Dei Verbum).
Écrit par : Arnaud Dumouch | 06/07/2025
Bonjour et merci pour votre réponse.
Il est question d'un ensemble de courants de pensée, inspirateurs du Concile Vatican II, qui ont commencé à se déployer au moins trente ans avant l'annonce du Concile par Jean XXIII, et vous me parlez de "mai 68", qui a eu lieu deux ans et demi après la clôture du Concile, alors que l'après-Concile a commencé à mal tourner dès l'année 1965-1966 : aussi, ou bien nous ne parlons pas du tout de la même chose, ou bien vous fonctionnez sur le registre de la minimisation sans limites du lien entre les origines, les composantes intra-conciliaires et les conséquences de la "crise de l'Eglise".
C'est un peu comme si quelqu'un disait que le détournement de finalité du mouvement liturgique n'a commencé qu'en 1969, alors que la lecture de ce texte fait comprendre que, dès l'année 1949 sinon avant, le ver de la subversion est dans le fruit de la réforme :
https://hommenouveau.fr/bugnini-1949/
Tout connaisseur vous accordera que si, de 1965-1966 jusqu'à aujourd'hui, la réception du Concile avait consisté à prioriser la prise en compte de Ad gentes, Dei verbum, Lumen gentium et Sacrosancto concilium, d'une manière respectueuse du Magistère ante-conciliaire et d'une manière relativement neutralisatrice du contenu disruptif de Dignitatis humanae, Gaudium et spes, Nostra aetate et Unitatis rédintegratio, nous n'en serions pas là où nous en sommes.
Mais cette approche n'à intéressé AUCUN des papes de l'après-Concile, de Paul VI à François inclus, ce qui laisse songeur sur le caractère "conservateur" des papes Jean-Paul II et Benoît XVI, notamment dans leur conception des confessions chrétiennes non catholiques et des religions non chrétiennes, mais aussi dans celle de l'homme et du monde contemporains, sur le plan religieux.
Enfin, si cela peut vous rassurer, ou vous inquiéter davantage, ce n'est pas uniquement l'Eglise catholique, mais c'est également le monde occidental qui se décompose, en l'occurrence, dans le cas du monde occidental, en recourant au reniement de tout un patrimoine, notamment intellectuel et littéraire, propice à des exigences humanistes, et ce processus se manifeste encore plus depuis 1945 que depuis 1914, compte tenu, notamment, des conséquences de l'influence délétère des maîtres du soupçon (Marx, Nietzsche, Freud), de celle de leurs continuateurs, et de celle de leurs épigones, proches de Heidegger ou de Sartre.
Tous ceux qui, aujourd'hui encore, s'imaginent ou font en sorte que d'autres s'imaginent que s'il n'y avait pas eu le "méchant" ou le "vilain" printemps 1968, il n'y aurait pas eu un tel après-Concile ou une telle crise de l'Eglise, semblent vraiment "oublier" que le reniement, par les clercs, de la conception et de la relation au catholicisme d'inspiration scolastico-tridentine a commencé à peu près quarante ans AVANT le printemps 1968, et ce depuis l'intérieur de l'Eglise catholique.
Écrit par : Benoît YZERN | 08/07/2025
---> Benoît Yzern
Je n'ai pas la compétence pour déterminer quels ont été les éventuels bienfaits et méfaits du concile Vatican II. Il me paraît seulement qu'au plan social on peut déplorer une grande timidité à l'encontre du communisme qui aurait dû faire l'objet d'une condamnation beaucoup plus explicite dans la constitution pastorale Gaudium et Spes.
Ce en quoi je suis d'accord avec vous, c'est que mai '68 n'a pas grand-chose à voir avec la crise de l'Eglise. Les acteurs de ces événements étaient des jeunes déjà fortement déchristianisés. Ce ne sont pas eux qui ont introduit des abus liturgiques ou des remises en cause doctrinales.
Mai '68 est d'ailleurs moins la cause de quoi que ce soit (à part peut-être une dérive pédagogiste à l'école) que la conséquence de quelque chose, à savoir l'hédonisme qui triomphe certainement dès le début des années '60 en Occident (avec les Etats-Unis à l'avant-garde). En caricaturant évidemment, les étudiants contestataires d'alors sont les enfants de bourgeois déjà un peu décadents.
En ce qui concerne le laisser-aller dans l'Eglise à partir de la fin des années '60, il est possible qu'une explication au moins partielle soit à trouver dans une infiltration mal intentionnée au sein du clergé qui aurait été ordonnée par Moscou à la fin des années '20. Cette implantation de milliers d'agents est documentée par les témoignages de responsables communistes repentis, notamment aux Etats-Unis et en France. Il semble que, par cette pénétration progressive, des postes d'évêques ont été conquis par les intrus. Quelle a été leur force de contagion, jusqu'où est allée cette gangrène, c'est difficile à dire.
Écrit par : Philippe G | 08/07/2025
J'avais 11 ans à la fin du concile, et j'étais acolyte dans une paroisse tout à fait ordinaire du diocèse de Liège. Les premiers changements dans la liturgie comme un nouvel autel et des parties en français dans la messe ont vu le jour. Cela s'est fait paisiblement et je n'avais aucunement l'impression alors de vivre dans une Eglise en crise. J'ai connu jusqu'à mes 18 ans (1972) une paroisse où à la messe dominicale les chants étaient en latin, les vêpres et le salut le dimanche après-midi, le chapelet le soir. C'est tout juste après que sont apparus les fantaisies liturgiques, comme les prières eucharistiques sauvages, des homélies horizontalistes, mais un nouveau curé était arrivé. Cela me semble confirmer l'esprit de mai 68 comme vecteur de toute cette crise. A la même époque on ne voyait pas cela en Italie où j'allais souvent en vacances. Dans les pays qui ont échappé à l'esprit de mai 68, je pense en effet que tout allait mieux que chez nous.
Écrit par : Père Simon | 08/07/2025
Oui et sont arrivés en même temps toutes les déconstructions des piliers de notre société : l'école et sa discipline, l'amour de son pays, le père qui joue un rôle auprès des enfants pour qu'ils puissent grandir :
Tout cela devenait "fascisme".
Et malheureusement une partie des chrétiens sont convaincus que ce gauchisme lié à une génération est venue de Vatican II !
Voilà comment on peut confondre une concomitance et une cause.
Écrit par : Arnaud Dumouch | 08/07/2025