Quand le rapport d'une ONG européenne qualifie les militants chrétiens pro-vie d'extrémistes religieux (05/08/2025)

De Franziska Harter sur le Tagespost :

Idéologie camouflée

Un rapport d'une ONG européenne qualifie les militants chrétiens pro-vie d'extrémistes religieux. Felix Böllmann, responsable juridique d'ADF International, commente.

La dernière publication du Forum parlementaire européen (EPF), intitulée « La Nouvelle Vague », est une tentative à peine voilée de réduire au silence les opposants idéologiques sous couvert de recherche universitaire. Bien qu'il se présente comme un forum parlementaire neutre, le FPE est en réalité un réseau militant bien financé qui travaille en étroite collaboration avec la Commission européenne et reçoit près de trois millions d'euros par an de donateurs, dont la Fondation Gates, l'Open Society, le laboratoire pharmaceutique Merck Sharp & Dohme, le FNUAP, la Fédération internationale pour le planning familial et divers gouvernements. Il est d'une hypocrisie remarquable de la part d'une telle organisation d'accuser autrui d'« argent noir » alors qu'elle-même s'appuie sur un financement opaque et idéologique.

L’ADF International est également cité comme groupe extrémiste dans le rapport.

Si l'EPF cible spécifiquement des groupes comme ADF International, c'est parce que notre travail juridique est efficace : nous défendons la protection de la vie, les droits parentaux, la liberté d'expression et d'autres libertés fondamentales dans le monde. Au lieu de s'engager dans nos arguments, l'EPF poursuit une stratégie en 5D : déshabiller, désarmer, disloquer, démonétiser et défendre. Cette stratégie vise à priver les voix chrétiennes et conservatrices de légitimité, de soutien financier et d'accès au débat public. Cette campagne révèle une stratégie radicale : non pas promouvoir leur propre programme sociopolitique par le biais d'un débat ouvert, mais instrumentaliser une conception mal comprise des droits humains pour marginaliser les opinions dissidentes. Plus ils tentent de nous réduire au silence, plus il devient évident que notre travail porte ses fruits : nous défendons les libertés fondamentales en Europe et au-delà.

Les « droits sexuels et reproductifs » (DSR) ne sont ni définis ni garantis dans le droit primaire de l'UE. Ni la Charte des droits fondamentaux ni les traités de l'UE ne contiennent ce terme. Les DSR sont un concept politique de plus en plus utilisé dans les résolutions de l'UE, mais n'ont aucune base juridique contraignante en droit européen. Ni l'article 1 (dignité humaine), ni l'article 2 (droit à la vie), ni l'article 3 (droit à l'intégrité de la personne), ni l'article 7 (respect de la vie privée et familiale), ni l'article 9 (droit de se marier et de fonder une famille) de la Charte des droits fondamentaux de l'UE ne mentionnent explicitement les « droits sexuels et reproductifs » – ni des termes tels que « avortement », « santé reproductive », « autodétermination sexuelle » ou « interruption volontaire de grossesse » n'y figurent. Les DSR ne sont pas non plus explicitement réglementés dans les traités sur l'Union européenne (TUE) ou sur le fonctionnement de l'UE (TFUE). Les soins de santé relèvent fondamentalement de la responsabilité des États membres (voir article 168 TFUE). L'UE ne peut qu'apporter son soutien à cet égard.

Néanmoins, le terme est mentionné dans les textes du Parlement européen.

Le Parlement européen a adopté plusieurs résolutions politiques dans lesquelles il qualifie les droits sexuels et reproductifs de droits humains ou plaide pour un large accès à l'avortement, à la contraception, à l'éducation sexuelle, etc. Par exemple, le rapport Matić (2021) cite « l'accès à un avortement sûr et légal » comme faisant partie des « droits sexuels et reproductifs ». Il ne s'agit toutefois pas d'une loi européenne contraignante, mais plutôt d'une déclaration politique. D'autres résolutions concernant la Pologne, la Hongrie et les États-Unis (après l'arrêt Roe) contiennent des appels forts en faveur des droits sexuels et reproductifs, mais elles sont purement déclaratoires, sans valeur juridique contraignante.

Le rapport de l'EPF qualifie d'extrémistes religieux les individus et les groupes qui militent pour la protection de la vie, du mariage et de la famille. Qui définit réellement ce qu'est « l'extrémisme religieux » ?

L'EPF elle-même ne définit pas l'« extrémisme religieux », bien qu'elle l'ait utilisé dans des rapports précédents – par exemple, « Le sommet de l'iceberg » – et dans l'ouvrage « Restoring the Natural Order ». Ce terme est davantage utilisé pour décrire les organisations ou les individus qui, selon l'EPF, investissent financièrement dans des mouvements conservateurs et remettent en question des concepts préconçus, tels que le « droit à la santé sexuelle et reproductive ». Une autre caractéristique serait que ces organisations disposent de réseaux transnationaux et agissent stratégiquement pour contrecarrer de prétendues « avancées en matière de droits humains ». Ainsi, l'EPF n'utilise pas le terme « extrémisme religieux » au sens d'activité violente ou terroriste , mais plutôt comme l'influence organisée de donateurs religieux conservateurs qui prônent une vision du monde différente de celle qu'elle propage et qui, de ce fait, sont censés « remettre en cause » les démocraties libérales et les valeurs sociales laïques. Une telle autodéfinition repose clairement sur des prémisses idéologiques, et non sur des normes juridiques objectives.

Quelles seraient des normes objectives ?

Contrairement à l'EPF, la définition de la violence par l'État – par exemple dans les documents antiterroristes de l'UE – repose sur des critères objectifs tels que la violence, le terrorisme et la radicalisation. Alors que l'UE utilise la violence comme critère de référence, l'EPF considère les visions politiques du monde ou les valeurs traditionnelles comme potentiellement extrêmes. Cette divergence conduit l'EPF à évaluer négativement les groupes religieux conservateurs, même s'ils ne sont pas enclins à la violence. On peut supposer que ces associations négatives sont au moins souhaitées, voire l'objectif principal de la publication. Ainsi, l'EPF appuie ses définitions sur des prétentions politiques, et non juridiques, mais pathologise plutôt des opinions légitimes au lieu de se concentrer sur le débat factuel concernant toute menace réelle de violence. Elle instrumentalise le terme « extrémisme religieux » pour délégitimer les positions d'opposition. Quiconque souhaite promouvoir une véritable sécurité fondée sur l'État de droit doit considérer la violence comme un critère, et non se contenter de s'attaquer systématiquement aux visions conservatrices du monde.

Quelle est l’influence réelle des groupes de pression comme l’EPF, qui se présentent comme un organisme quasi-officiel de l’UE mais ne le sont pas ?

L'EPF n'est pas une institution officielle de l'UE, mais plutôt un groupe de pression bien connecté qui, grâce à sa puissance financière, sa proximité institutionnelle et son réseau ciblé, cherche à influencer significativement l'agenda dans le domaine des « droits sexuels et reproductifs » – souvent à l'insu du public et des parlementaires, la forte nature idéologique et intéressée de cette influence. Des organisations comme l'EPF n'agissent pas comme des organes officiels de l'UE, mais se présentent souvent comme étroitement liées à des institutions telles que le Parlement européen, la Commission ou les agences des Nations Unies, ce qui peut créer une impression de légitimité étatique. Cette apparence « quasi officielle » leur confère un poids politique sans légitimité démocratique ni obligation de rendre des comptes.

Comment l’EPF influence-t-elle exactement la politique ?

L'EPF et des réseaux similaires, par exemple, participent à la sélection des thèmes et à la formulation des rapports, auditions et résolutions au Parlement européen, notamment dans les domaines de la santé, de l'égalité, des droits de l'homme et de la politique de développement. Ils contribuent souvent à l'élaboration de projets de rapports ou d'avis, par exemple sur la situation des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans les pays tiers. Ils influencent le choix des termes – par exemple, les définitions de « droits de l'homme », « État de droit » et « égalité des sexes » – d'une manière qui correspond à certaines positions idéologiques. L'EPF organise également des réseaux parlementaires interpartis et fournit aux députés européens des lettres d'experts et des informations générales, créant ainsi une véritable infrastructure de lobbying au sein du Parlement européen. Malgré son statut d'ONG, l'EPF dispose d'un budget pluriannuel de plusieurs millions d'euros. Son apparence institutionnelle ressemble trompeusement à celle des organismes officiels de l'UE. Cela donne l'impression qu'ils s'expriment avec une autorité officielle, alors qu'il s'agit en réalité d'un lobby à motivation idéologique.

Felix Böllmann est responsable juridique chez ADF International à Vienne. L'association juridique ADF International défend dans le monde entier le droit à la vie, les droits parentaux, la liberté d'expression et de croyance, ainsi que la dignité inaliénable de tous les êtres humains.

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