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Témoin de l'espérance en Dieu

Nguyen, le plus jeune des neuf frères et sœurs de Van Thuan, a écrit sur le témoignage de son frère dans le livre « Cardinal Nguyen Van Thuan : Homme de joie et d'espoir », coécrit par le père Stefaan Lecleir et publié par Ignatius Press en avril.

Après avoir écrit le livre, Nguyen a déclaré qu'elle était heureuse de contribuer à la gloire de Dieu en partageant la vie de son frère : « Surtout en ces temps récents dans notre société où il y a tant de colère et de refus de pardonner… J'ai décidé d'écrire avec le Père Lecleir sur le fait que le message [de Van Thuan] est vraiment de pardonner et d'espérer en Dieu à travers l'amour de Dieu. »

Nguyen a assisté à une messe sur la tombe de son frère, à la basilique Santa Maria della Scala de Rome, le 16 septembre, jour anniversaire de sa mort. Cette messe marquait également les 50 ans de son arrestation et de la composition des messages spirituels qui sont devenus « La Route de l'Espoir », immortalisés par une photo du cardinal vietnamien datant de 1975, récemment découverte.

Une photo de Van Thuan, récemment retrouvée au Vietnam, montre l'archevêque écrivant à une table alors qu'il était assigné à résidence en 1975. Crédit : Photo reproduite avec l'aimable autorisation d'Elisabeth Nguyen

La photo, qui montre Van Thuan écrivant à une table en 1975, a été prise par un homme qui travaillait à la maison où l'évêque était assigné à résidence au Vietnam communiste. Un ami de Nguyen l'a retrouvée accrochée au mur de la cuisine d'une famille vietnamienne.

« Un mini papa »

Nguyen, qui était un bébé lorsque Van Thuan a été ordonné prêtre, a déclaré que pour elle, il était « plus qu’un frère ; il était comme un mini papa ».

Elle a partagé certains de ses souvenirs de son frère aîné, notamment l’influence que ses lettres clandestines ont eu sur sa vie et son cheminement de foi.

« Pendant longtemps, je n'ai jamais voulu écrire [sur Van Thuan] parce que cela renvoie à des moments plus sombres », a déclaré Nguyen. 

Elle décrit Van Thuan comme un fils et un frère très attentionné qui prenait toujours le temps de rendre visite à sa famille ou d’écrire pendant son long emprisonnement et son exil ultérieur.

Après la guerre du Vietnam et l'invasion du Sud-Vietnam par l'armée nord-vietnamienne, les parents de Van Thuan et la plupart de ses frères et sœurs ont fui vers l'Australie, le Canada et les États-Unis. 

Dans une carte postale envoyée à ses parents en Australie en 1982, Van Thuan les informait du récent décès de deux de leurs proches au Vietnam. Il ajoutait : « Je suis en bonne santé. Je prie pour vous et maman chaque jour. Cette année, notre village, Phú Cam, célèbre ses 300 ans de catholicisme. Prions beaucoup les uns pour les autres. »

Une carte postale envoyée par Van Thuan à ses parents en 1982. Crédit : Photo : Elisabeth Nguyen

Jeune homme, Van Thuan veillait sur sa petite sœur, Élisabeth. En grandissant, elle s'occupait de ses cochons d'Inde et de ses oiseaux. Nguyen se souvenait des conseils bienveillants prodigués par son frère prêtre pendant ses années d'école.

'Êtes-vous heureux?'

Grandir pendant la guerre du Vietnam a rendu Nguyen cynique quant à la bonté de Dieu, dit-elle, et dans sa jeune vie adulte, elle « s'est détournée de l'Église parce que je disais : 'Dieu est amour, mais regardez toutes ces atrocités et ces morts dans la famille, et le pays tout entier est vraiment en morceaux' ».

Mais son frère aîné, de plus de vingt ans son aîné, a joué un rôle déterminant dans son retour à la foi catholique, a-t-elle expliqué, à commencer par l'époque où elle terminait sa maîtrise en philosophie à l'Université de Sydney en Australie en 1974.

Son mémoire de maîtrise portait sur les philosophes existentialistes, tels que Jean-Paul Sartre et Albert Camus. Van Thuan l'a lu pour lui donner son avis, à sa demande. Étant en visite en Australie pour une réunion avec des évêques, ils ont eu l'occasion de se rencontrer pour en discuter.

Il m'a dit : “Alors, tu as trouvé le chemin de la vie maintenant ? Es-tu heureux ?” se souvient Nguyen. “Et j'ai éclaté en sanglots, car j'ai dit : “Non, je ne le suis pas.” J'ai dit : “Je cherche encore, mais que vais-je faire maintenant ? J'ai terminé ma thèse, je ne peux plus revenir en arrière.” Il a répondu : “Non, les professeurs acceptent la liberté de pensée. Tu peux aller leur dire : “Je croyais vraiment y croire, mais maintenant que je l'ai écrit, que j'ai fait toutes ces recherches, je ne suis plus heureux.””

« Il ne m’a jamais condamnée ni porté de jugement », a-t-elle noté.

L'année suivante, le Vatican nomma Van Thuan, déjà évêque de Nha Trang depuis huit ans, archevêque coadjuteur de ce qui était alors Saïgon. Peu après, Saïgon tomba aux mains de l'armée nord-vietnamienne et, en août, Van Thuan fut arrêté par le gouvernement communiste.

En 1979, il a été transféré d'un camp de rééducation à une résidence surveillée, et c'est à ce moment-là qu'il a commencé à écrire des messages au dos d'une page de calendrier par jour et à les faire passer par un garçon du coin, a déclaré Nguyen à CNA.

Nguyen a été captivée par la force de foi qu'elle a découverte dans les lettres de son frère. « Il a écrit une méditation sur la logique de la croix, et cela m'a profondément émue », a-t-elle déclaré. 

Elle était frappée par sa rencontre si profonde avec Jésus. « J'ai besoin de découvrir ce que c'est, de pouvoir rencontrer Dieu comme lui », pensa-t-elle. « C'est lui qui a changé mes couches, c'est lui qui m'a emmenée au magasin de bonbons. »

Hannah Brockhaus est correspondante principale au Vatican pour l'Agence de presse catholique. Après avoir grandi à Omaha, dans le Nebraska, elle a obtenu une licence d'anglais à l'Université Truman d'État du Missouri. En 2016, elle s'est installée à Rome, en Italie, où elle aime, pendant son temps libre, lire et partir à l'aventure avec son mari et son fils.