En 2024, « les conditions de liberté religieuse en Chine sont restées parmi les pires au monde » (01/10/2025)
De Tessa Gervasini sur CNA :
La Chine utilise la torture pour réprimer les dirigeants religieux, selon un rapport
30 septembre 2025
La Chine tente d’exercer un contrôle total sur la religion, et le Département d’État américain devrait reclasser la Chine comme un « pays particulièrement préoccupant » en matière de liberté religieuse, selon les rapports de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF).
L'USCIRF, commission fédérale chargée de surveiller la liberté religieuse dans le monde, a déclaré que la Chine recourt à la surveillance, aux amendes, aux représailles contre les proches, à l'emprisonnement, aux disparitions forcées, à la torture et à d'autres formes d'abus pour contrôler l'Église catholique et les autres communautés religieuses du pays. L'USCIRF a publié ce mois-ci un aperçu des persécutions exercées par le gouvernement chinois contre les chefs religieux de diverses confessions.
En 2024, « les conditions de liberté religieuse en Chine sont restées parmi les pires au monde », indique le rapport annuel 2025 de l'USCIRF. L'USCIRF a appelé le Département d'État à renouveler sa désignation officielle, ce qui peut entraîner des poursuites judiciaires, notamment des mesures diplomatiques, des sanctions ou des pressions internationales. La Chine a été redésignée comme pays particulièrement préoccupant presque chaque année depuis 1999.
La Chine a eu recours à « une surveillance de haute technologie à l'extérieur des lieux de culte et à d'autres moyens pour réprimer la liberté religieuse dans tout le pays », a écrit l'USCIRF dans son rapport annuel. « Elle a également instrumentalisé la répression transnationale et la désinformation en utilisant les technologies émergentes pour étouffer les voix critiques à l'égard de la liberté religieuse dans le pays et des violations des droits humains qui en découlent », a précisé le rapport.
Alors que le Vatican et la Chine ont prolongé en 2024 un accord provisoire sur la nomination des évêques, le Parti communiste chinois (PCC) a intensifié sa politique de « sinisation de la religion » sous la présidence de Xi Jinping, obligeant les groupes religieux reconnus par l'État à aligner leurs doctrines sur l'idéologie politique du parti. De nombreuses communautés religieuses organisent des rassemblements religieux clandestins en raison du fort contrôle exercé par le pays sur le culte, les publications et les finances.
Les autorités ont menacé des communautés religieuses « pour les contraindre au silence », indique le rapport annuel. Ce rapport détaille des cas où les autorités chinoises ont « arrêté, fait disparaître de force ou refusé de révéler le lieu où se trouvaient des membres du clergé catholique clandestin qui refusaient d'adhérer à l'organisation catholique contrôlée par l'État ».
Dans un rapport de septembre, l'USCIRF a mis en lumière une affaire qui a débuté en février, lorsque les autorités auraient infligé une amende de 27 880 dollars à l'évêque Peter Shao Zhumin, du diocèse de Wenzhou, dans la province du Zhejiang, pour avoir célébré la messe en public. En mars, la police a détenu Mgr Shao pendant une semaine pour avoir refusé de payer l'amende, puis l'a de nouveau arrêté juste avant la Semaine Sainte pour l'empêcher de célébrer la messe.
En juillet, des rapports ont fait surface selon lesquels les autorités auraient tenté de forcer Shao à accepter le contrôle de l'Association patriotique catholique chinoise, contrôlée par l'État, en arrêtant et en menaçant des religieux et des laïcs.
Le sort de plusieurs catholiques clandestins détenus, dont les évêques James Su Zhimin et Joseph Zhang Weizhu, reste inconnu.
Les églises protestantes ont subi des sanctions similaires de la part des forces de l'ordre pour avoir refusé d'adhérer à l'organisation protestante contrôlée par l'État, a déclaré l'USCIRF. De leur côté, « la police a perquisitionné des églises de maison et harcelé, arrêté, condamné à des amendes et emprisonné des membres sur la base d'accusations apparemment fabriquées de toutes pièces, notamment de “fraude” et de “subversion” ».
Après avoir analysé ses conclusions, l'USCIRF a constaté : « Les groupes religieux qui refusent de se soumettre au contrôle total du gouvernement sur les affaires religieuses sont confrontés à une persécution généralisée. Les organisations religieuses contrôlées par l'État mettent en œuvre la sinisation par le biais d'une surveillance intrusive et de "Plans de travail quinquennaux de sinisation", qui mettent l'accent sur la loyauté et la conformité aux exigences idéologiques [du Parti communiste chinois]. »
Recommandations de l'USCIRF
Outre la demande de reclassification du pays, la commission a recommandé au gouvernement américain et à ses partenaires internationaux de sanctionner les responsables et entités chinois responsables de « graves violations de la liberté religieuse ». Elle a également appelé à collaborer avec ses partenaires pour lutter contre l'utilisation par la Chine de la technologie pour commettre des violations de la liberté religieuse, telles que définies par la loi sur la liberté religieuse internationale, notamment en ce qui concerne le développement des technologies et de l'intelligence artificielle.
Le Congrès devrait « envisager une législation visant à renforcer les restrictions sur l’utilisation par la Chine de technologies qui facilitent les violations des droits de l’homme et la suppression de la liberté de religion ou de conviction » et « interdire le lobbying rémunéré aux États-Unis par des agents représentant le gouvernement chinois », indique le rapport.
Le Département d’État n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
Tessa Gervasini est journaliste à l'Agence de presse catholique.
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