Retrouver le vrai saint François d'Assise (04/10/2025)

De sur le CWR :

Retrouver le vrai saint François d'Assise

L’époque moderne a cherché à dépouiller François de son zèle religieux, tout comme elle a délibérément ignoré la divinité de Jésus en le réduisant à un « grand maître moral ».

Célèbre dans le monde entier pour sa pauvreté radicale et sa profonde humilité, saint François d'Assise compte parmi les plus célèbres saints de Dieu. Il n'est donc pas étonnant que, comme son maître Jésus de Nazareth, François ait été incompris et délibérément détourné pour diverses causes qui s'éloignent – ​​et souvent ignorent – ​​la cause singulière qui a inspiré chacun de ses actes : son amour inextinguible pour Dieu.

La sainteté inimitable de François a gagné l'estime de tous, au-delà des frontières religieuses et géographiques, pendant huit siècles. Pourtant, cette sainteté est aveuglante pour ceux qui ne peuvent comprendre que quelqu'un puisse aller aussi loin pour Dieu. Comme ce fut le cas pour Jésus avant lui, différentes époques se sont efforcées de remodeler François en un personnage plus respectable pour l'élite laïque, en faisant abstraction des actes vertueux de leurs origines religieuses. Tel fut le sort populaire du Pauvre d'Assise.

La controverse autour de François et de son héritage n'est pas un phénomène moderne. Du vivant même de François, des interprétations contradictoires existaient quant à la manière dont sa règle devait être appliquée. Peu après sa mort, son ordre se divisa : un groupe appelé les Spirituels, qui exigeaient une application plus rigoureuse de la règle, s'opposait aux Conventuels, qui l'interprétaient avec plus de modération. Des divisions allaient persister au fil des siècles entre hommes et femmes qui se disaient tous franciscains et qui pensaient tous vivre selon la volonté de leur maître.

L'époque moderne a cherché à dépouiller François de son zèle religieux, tout comme elle a délibérément ignoré la divinité de Jésus en le réduisant à un « grand maître de morale ». Aujourd'hui, l'opinion populaire dépeint François comme un hippie écologiste dévoué aux causes de la nature et de la paix. Prenons, par exemple, la « Prière de saint François », composée non pas par François, mais par un écrivain français anonyme au début du XXe siècle . Elle ne mentionne jamais Dieu ni Jésus nommément et, fidèle à l'esprit moderne, elle accorde une importance disproportionnée au moi : « Seigneur, fais de moi un canal de ta paix. Là où est la haine, que j'apporte l'amour. » Sur une mélodie doucereuse, on imagine mal le fougueux François gratter sa lyre sur celle-ci. Le saint chantait un air différent dans sa Regula Prima , 17 : « Rapportons tout bien au Seigneur Dieu Très-Haut et Suprême ; reconnaissons que tout bien lui appartient, et rendons grâce pour tout à Celui de qui tout bien procède. »

Il y a aussi le célèbre dicton attribué à saint François : « Prêchez l'Évangile. Si nécessaire, employez des mots. » On pourrait croire à tort que cette maxime nous dispense de parler du Christ. François, en réalité, n'a rien dit de tel. Il a exhorté ses frères : « Que tous les frères prêchent par leurs œuvres » ( Regula Prima , 17). François souhaitait que les actions de ses hommes soient à la hauteur de l'Évangile qu'ils prêchaient. Il autorisait ses frères vivant parmi les Sarrasins à « ne pas se disputer ni se disputer » s'ils confessaient leur foi chrétienne.

Mais les premiers franciscains ne sillonnaient guère la Méditerranée sur un bateau dont l'autocollant affichait « Coexister ». François insistait plutôt : « Lorsque [les frères] voient que cela plaît à Dieu, ils annoncent la Parole de Dieu, afin que [les musulmans] croient en Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur de tous, notre Seigneur Rédempteur et Sauveur Fils, et qu'ils soient baptisés et deviennent chrétiens, car “si un homme ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu” » ( Regula Prima , 16). Les premiers martyrs franciscains ont donné leur vie en tentant de convertir les musulmans au Maroc en 1220.

Plus récemment, le cinéma populaire a récupéré François pour promouvoir des idées New Age dans le film de Franco Zeffirelli de 1972, « Frère Soleil, Sœur Lune ». Les encyclopédistes avisés de Wikipédia ont percé à jour cette manœuvre : « Le film tente d'établir des parallèles entre l'œuvre et la philosophie de saint François et l'idéologie qui a soutenu le mouvement mondial de contre-culture des années 1960 et du début des années 1970. » De peur de penser que François a renoncé à l'Église pour un christianisme plus émotif et spiritualisé, nous pouvons lire sa deuxième Lettre aux fidèles :

Nous devons aussi fréquenter les églises et vénérer le clergé, non pas tant pour lui-même, s'il est pécheur, mais pour sa fonction et l'administration du Corps et du Sang très saints du Christ, qu'il sacrifie sur l'autel, reçoit et administre. Sachons tous avec certitude que nul ne peut être sauvé si ce n'est par les saintes paroles et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, que le clergé prononce, proclame et administre. Et lui seul doit exercer son ministère, et non celui d'autrui.

Enfin, n'oublions pas François, amoureux de la nature. Chaque année, autour de sa fête, les églises chrétiennes de toutes confessions offrent une bénédiction aux animaux. Il est vrai que François aimait les animaux et la nature. Mais comme le note à juste titre son biographe André Vauchez, l'attitude de François « ne découlait pas d'une compassion sentimentale ni d'une quelconque ferveur panthéiste » qui caractérisent les mouvements de défense des droits des animaux et les mouvements écologistes radicaux d'aujourd'hui. Au contraire, son célèbre Cantique des Créature, cité en ouverture de l'encyclique Laudato Si du pape François , affirme clairement que la splendeur de la nature réside dans son reflet de Dieu : « Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur Lune et les étoiles, que tu as faites dans les cieux brillantes, précieuses et belles. Loué sois-tu, mon Seigneur, par frères Vent et Air. »

Pour François, la nature et les animaux ne sont pas une fin en soi, mais un rappel de la gloire de Dieu. Tel était son état d'esprit lorsqu'il maudit une truie pour avoir tué un agneau, dont le sacrifice rappela à François le Christ : la truie tomba immédiatement malade et mourut trois jours plus tard.

Comment, alors, retrouver le véritable François ? En lisant ses écrits. Nous y trouverons non pas un spiritualiste de Woodstock, mais un homme fidèle et dévoué à la sainte Église de Dieu ; non pas un minimaliste en matière religieuse, mais un maximaliste qui veillait à ce que les églises et les autels brillent pour Dieu ; non pas un sentimentaliste, mais un amoureux de la sainte Eucharistie ; non pas un membre fondateur de PETA, mais un homme qui comprenait la hiérarchie de la création ; non pas un homme « tolérant » envers toutes les religions, mais convaincu que le catholicisme était la seule vraie religion ; non pas un homme enclin aux subtilités, mais à la mortification et à la souffrance pour le Christ dont il lui fut demandé de porter les cinq plaies dans sa propre chair.

Au XIIIe siècle, Dieu a appelé François à reconstruire son Église. Si nous voulons reconstruire notre propre Église en ruine au XXIe siècle, la seule voie à suivre est celle du véritable François d'Assise.

Note de l'éditeur : cet essai a été initialement publié par CWR le 3 octobre 2020.)

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