Priorité aux pauvres et à l'environnement : la lettre de Leon XIV sur l'éducation (29/10/2025)

De Nico Spuntoni sur la NBQ :

Priorité aux pauvres et à l'environnement : la lettre de Leon XIV sur l'éducation

La lettre apostolique « Tracer de nouvelles cartes de l’espérance » a été publiée hier . Elle aborde notamment la centralité de la personne, la formation spirituelle des enseignants et la contribution de l’Église à l’histoire de l’éducation. Elle met également l’accent sur la justice sociale et environnementale.

29/10/2025
Le roi Léon XIV signe un document sur l'éducation le 27 octobre 2025.

Soixante ans après la déclaration conciliaire Gravissimum Educationis (28 octobre 1965), la lettre apostolique de Léon XIV, intitulée « Tracer de nouvelles cartes de l’espérance  », est consacrée à l’éducation et a été publiée hier, le 28 octobre. Elle évoque notamment le prévôt privé, rappelant « avec joie (…) les années passées dans le cher diocèse de Chiclayo, à visiter l’Université catholique de San Toribio de Mogrovejo ». L’évêque de l’époque s’adressait à la communauté universitaire, affirmant qu’« on ne naît pas professionnel ; toute carrière universitaire se construit pas à pas, livre après livre, année après année, sacrifice après sacrifice ».

Dans sa nouvelle lettre apostolique, le pape Léon XIV souligne la place centrale de la personne dans l'éducation. « L'école catholique, écrit-il, est un milieu où la foi, la culture et la vie sont intimement liées. » Dès lors, « elle n'est pas simplement une institution, mais un lieu de vie où la vision chrétienne imprègne chaque discipline et chaque interaction », et « les éducateurs sont appelés à une responsabilité qui dépasse leur contrat de travail : leur témoignage est aussi précieux que leur enseignement. » Ce n'est pas un hasard si le pape évoque le rôle crucial de la formation spirituelle des enseignants, au-delà des seules formations scientifiques, pédagogiques et culturelles. Ce document, à l'instar de son introduction (l'exhortation apostolique Dilexi te), met l'accent sur la sollicitude envers les pauvres et la protection de l'environnement. Le Pape tire la sonnette d’alarme : « Oublier notre humanité commune a engendré divisions et violences ; et lorsque la terre souffre, les pauvres souffrent davantage. » Il ajoute : « L’éducation catholique ne peut rester silencieuse : elle doit unir justice sociale et justice environnementale, promouvoir la sobriété et des modes de vie durables, former des consciences capables de choisir non seulement ce qui est commode, mais aussi ce qui est juste. » Réaffirmant la dimension écologique de son enseignement, Mgr Prevost déclare : « Chaque petit geste – éviter le gaspillage, faire des choix responsables, défendre le bien commun – est une forme d’éducation culturelle et morale. »

Confirmant le rétablissement de la tradition – abandonnée par François – de la signature publique des documents, Léon XIV a signé la nouvelle lettre apostolique le lundi 27 octobre, peu avant la messe du Jubilé mondial de l’Éducation, aux côtés du cardinal José Tolentino de Mendonça, préfet du Dicastère pour la Culture et l’Éducation. Le Pape, empreint de douceur et louant la bienveillance, exhorte les communautés éducatives à apaiser leurs tensions par les mots, car « l’éducation ne progresse pas par la polémique, mais par la douceur de l’écoute ». Léon XIV a rendu hommage à l’histoire de l’éducation catholique, évoquant également « son » saint Augustin qui, en intégrant la sagesse biblique à la tradition gréco-romaine, « a compris que le véritable maître éveille le désir de vérité, éduque la liberté de déchiffrer les signes et d’écouter sa voix intérieure ». Une tradition perpétuée par le monachisme dans les lieux les plus reculés, « où, pendant des décennies, les œuvres classiques ont été étudiées, commentées et enseignées, à tel point que, sans ce travail discret au service de la culture, tant de chefs-d'œuvre n'auraient pas survécu jusqu'à nos jours ». Il s'agit là de la reconnaissance d'une contribution souvent négligée dans l'histoire de l'éducation, à l'instar de celle de l'Église dans la naissance des premières universités.

Se tournant vers des périodes plus récentes, Léon XIV cite  saint Jean Bosco qui, « par sa méthode préventive, a transformé la discipline en raison et en proximité », ainsi que des figures féminines. Le document cite Vicenta Maria López y Vicuña, Francesca Cabrini, Giuseppina Bakhita, Maria Montessori, Katharine Drexel et Elizabeth Ann Seton, reconnues pour avoir « ouvert des portes aux filles, aux migrants et aux plus vulnérables ». Le guide, écrit le pape, demeure la déclaration conciliaire Gravissimum educationis , qui « désigne la famille comme la première école de l’humanité » et enseigne que « l’éducation ne mesure pas sa valeur uniquement à l’aune de l’efficacité : elle la mesure à l’aune de la dignité, de la justice et de la capacité à servir le bien commun ». Cette vision anthropologique globale « doit rester la pierre angulaire de la pédagogie catholique » et renvoie à la pensée de saint John Henry Newman, également citée par Léon XIV, qui le proclamera Docteur de l'Église le 1er novembre.

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