Deux prêtres italiens, martyrs sous le nazisme en 1944, seront béatifiés (22/11/2025)
D'Alessandro Di Bussolo sur Vatican News :
Deux prêtres italiens, martyrs sous le nazisme en 1944, seront béatifiés
L'Église aura bientôt deux nouveaux bienheureux, deux jeunes prêtres italiens martyrs, tués par les nazis en 1944 en Émilie-Romagne, pendant l'occupation allemande. Lors de l'audience accordée ce vendredi 21 novembre au cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère des Causes des Saints, Léon XIV a autorisé la promulgation des décrets concernant le martyre, en haine de la foi, de Don Ubaldo Marchioni, 26 ans, économe de la paroisse de San Martino di Caprare, et du père Martino Capelli, religieux dehonien, 32 ans, aumônier à San Michele di Salvaro, qui n'ont pas voulu abandonner les communautés de fidèles qui leur étaient confiées, tragiquement touchées par les rafles des SS.
Les décrets reconnaissant les vertus héroïques de quatre serviteurs de Dieu, qui deviennent ainsi vénérables, ont également été promulgués. Il s'agit de l'archevêque Enrico Bartoletti, pasteur à Lucques et secrétaire de la CEI ; Don Gaspare Goggi, prêtre de la Petite Œuvre de la Divine Providence de Don Orione ; Sœur Maria del Sacro Cuore, de son vrai nom Maria Glowrey, médecin et religieuse australienne de la Société de Jésus Marie Joseph, fondatrice de la Catholic Health Association of India ; Maria de Lourdes Guarda, Brésilienne, laïque consacrée de l'Institut séculier Caritas Christi.
Don Ubaldo, tué par les nazis sur l'autel
Le premier prêtre martyr, Don Ubaldo Marchioni, originaire de Vimignano di Grizzana Morandi, dans la province de Bologne, est né en 1918. Il entre au séminaire diocésain à l'âge de dix ans et est ordonné prêtre à 24 ans dans la cathédrale de Bologne. Curé à San Nicolò della Gugliara, il est ensuite nommé, en mars 1944, économe spirituel à San Martino di Caprara, paroisse située à proximité de la zone occupée par les troupes allemandes, engagées dans des combats avec les partisans locaux. Pendant ces mois de guerre, Don Ubaldo reste aux côtés de ses paroissiens, partageant avec eux les risques de l'occupation et des représailles nazies. Le 29 septembre 1944, alors qu'il se rend à l'Oratoire des Anges Gardiens de Cerpiano pour célébrer la messe, il s'arrête à l'église Santa Maria Assunta de Casaglia pour mettre en sécurité le pain et le vin de l’Eucharistie et donner refuge à une petite foule de personnes effrayées par l'arrivée des soldats allemands. Don Marchioni invite les hommes à se réfugier dans les bois, ne gardant dans l'église que les femmes et les enfants, mais les négociations avec les nazis pour les libérer échouent: ils sont tous emmenés au cimetière et tués. Don Ubaldo est ramené à l'église puis assassiné d'une balle dans la tête, devant l'autel. Cela révèle le mépris des nazis de la SS pour la religion chrétienne, et le fait que le corps du serviteur de Dieu ait été particulièrement martyrisé démontre la prévalence du martyre in odium fidei, «en haine de la foi». Il s'agit également d'un martyre ex partae victimae, «du côté des victimes», car le jeune prêtre, tué à l'âge de 26 ans, avait consciemment pris le risque de mourir en choisissant de rester aux côtés des fidèles, alors qu'il avait la possibilité de se mettre en sécurité.
Père Capelli, martyr à Pioppe di Salvaro
Le deuxième prêtre martyrisé par les nazis est le père Martino Capelli. Né à Nembro, dans la province de Bergame, en 1912, il est baptisé sous le nom de Nicola Giuseppe et, à 17 ans, il commence son postulat à la Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus (Dehoniens) dans la maison d'Abisola Superiore (Savone). Comme novice, il prend le nom de Martino, en mémoire de son père, et après des études de théologie à Bologne, il est ordonné prêtre en 1938, à l'âge de 26 ans. À Rome, il étudie à l'Institut biblique pontifical, à l'Université de Propaganda Fide et suit les cours de l'École vaticane de paléographie. Appelé à enseigner l'Écriture Sainte et l'histoire de l'Église à l'internat des Missions des Dehoniens à Bologne, puis à Castiglione dei Pepoli, il s'installe pendant la guerre avec ses étudiants à Burzanella, dans les Apennins toscans-émiliens. Au cours de l'été 1944, le père Capelli rejoint Salvaro pour aider le vieux curé de San Michele dans son ministère pastoral au village, bien que la région soit le théâtre d'affrontements armés entre les militaires allemands, les Alliés et les groupes de partisans. Il ne rejoint pas la communauté comme le lui ont demandé les Dehoniens, qui craignent pour sa vie, mais reste aux côtés de la population du village. Lorsque l'armée allemande occupe en force la région de Marzabotto et de Monte Sole, où elle exterminera plus de 770 personnes, le 29 septembre 1944, après le massacre perpétré par les nazis dans la localité voisine appelée «Creda», le père Martino se précipite pour apporter du réconfort aux agonisants. Il est emprisonné et contraint de transporter des munitions. Avec le salésien Don Elia Comini, qui collaborait avec lui à Salvaro, et une centaine d'autres personnes, dont d'autres prêtres (qui ont ensuite été remis en liberté), il est emmené dans une écurie à Pioppe di Salvaro, où il réconforte et confesse les autres prisonniers. Le soir du 1er octobre 1944, il est assassiné avec Don Comini et un groupe de personnes considérées comme «inaptes au travail», près de la citerne de la filature de Pioppe di Salvaro. Son corps, comme celui des autres victimes, est jeté dans les eaux du fleuve Reno. Il est considéré comme un martyr in odium fidei, sa mort étant liée au mépris des troupes nazies envers son ministère sacerdotal. Mais il s'agit également d'un martyre ex parte victimae, car, conscient des dangers, alors qu'il pouvait rentrer avec ses confrères à Bologne, il décide de rester pour assister les agonisants du massacre de Creda et les prisonniers de Pioppe di Salvaro.
Mgr Bartoletti, «passeur» de l'après-Concile
Né en 1916 à Calenzano, près de Florence, dans une famille très religieuse, il entre à 11 ans au séminaire de Florence et à 22 ans, il est ordonné prêtre par le cardinal Dalla Costa. À Rome, à l'Institut biblique pontifical, il approfondit l'étude de la Parole de Dieu, puis de retour à Florence, il devient recteur du petit séminaire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il collabore avec le cardinal Dalla Costa pour protéger des Juifs, qu'il héberge dans les locaux du séminaire, ce qui lui vaut d'être brièvement arrêté par les nazis et les fascistes. À partir de 1955, pendant trois ans, il est recteur du Grand Séminaire et entre en contact avec des personnalités telles que Mgr Giulio Facibeni, fondateur de l'Opera Madonnina del Grappa, Don Divo Barsotti, le père Ernesto Balducci, Giorgio La Pira, le futur cardinal Silvano Piovanelli et le père David Maria Turoldo. En 1958, il est nommé évêque auxiliaire de Lucques, aux côtés de l'archevêque Torrini, puis participe au Concile Vatican II. D'abord administrateur, puis coadjuteur de l'archevêque malade, c'est Mgr Bartoletti qui promeut la mise en œuvre des décisions conciliaires dans le diocèse, mais en septembre 1972, saint Paul VI le nomme secrétaire de la Conférence épiscopale italienne. En janvier 1973, à la mort de Mgr Torrini, il lui succède comme archevêque de Lucques, mais après quelques mois, il doit quitter ses fonctions pour se consacrer exclusivement à la CEI, dans une période historique très difficile pour l'Italie. Au cours de ses trois années de service en tant que secrétaire, il s'occupe du lancement des Orientations pastorales sur «l'évangélisation et les sacrements» et de la préparation du premier Congrès ecclésial national sur «l'évangélisation et la promotion humaine». Victime d'une crise cardiaque, il meurt subitement à Rome le 5 mars 1976, à l'âge de 59 ans seulement. Mgr Bartoletti est considéré comme un «pasteur» de l'Église postconciliaire, doté d'une grande capacité de médiation, mise au service de la communion ecclésiale et de son renouveau conciliaire.
Don Gaspare, le jeune disciple de saint Orione
Né dans la province d'Alba, à Pozzolo Formigaro, en 1877, Gaspare Goggi rencontre à l'âge de 15 ans saint Luigi Orione, qui l'accueille dans la naissante Petite Œuvre de la Divine Providence et l'exhorte à poursuivre ses études jusqu'à l'obtention d'une licence en lettres et philosophie à l'université de Turin. Il y rassemble un groupe d'étudiants qui professent courageusement leur foi dans un contexte anticlérical. À 26 ans, il est ordonné prêtre et prononce ses vœux perpétuels entre les mains de Don Orione, qui l'envoie d'abord à Sanremo, puis à Rome, comme recteur de l'église Sant'Anna dei Palafrenieri au Vatican. Il y est apprécié comme confesseur infatigable et recherché, même par de nombreux prélats. Il dirige un cercle de prière et de culture et se consacre à aider les pauvres de Borgo Pio et des environs, leur apportant du pain et des paroles de réconfort. Malgré une santé fragile, il poursuit son généreux apostolat, affrontant la maladie avec dignité, patience et humilité. En 1908, sa santé se détériore rapidement: il retourne dans le Piémont pour tenter de reprendre des forces en se reposant, mais son état de faiblesse avancé l'oblige à être hospitalisé. Le 4 août, à seulement 31 ans, il meurt à l'hôpital d'Alexandrie et une foule de fidèles se presse à ses funérailles, célébrées par Don Orione. De son vivant, il était déjà considéré comme «un petit saint» par les paroissiens de Sant'Anna et au sein de la Petite Œuvre de la Divine Providence.
De docteure en Australie à religieuse missionnaire en Inde
Née en 1887 à Birregurra, dans le district de Victoria en Australie, dans une famille d'origine irlandaise, sœur Maria del Sacro Cuore, de son vrai nom Maria Glowrey, obtient son diplôme de médecine en 1910 et commence à travailler à l'hôpital Saint-Vincent, géré par les Sœurs de la Charité. Inspirée par la figure d'Agnes McLaren, une femme médecin d'origine écossaise qui, après s'être convertie au catholicisme, s'est installée en Inde pour soigner les femmes et les enfants de ce pays asiatique, elle décide de faire le même choix de vie. Elle est également motivée par le besoin de personnel médical féminin, car pour des raisons culturelles, les femmes indiennes ne se font pas soigner par des hommes. Elle s'installe dans le diocèse de Madras, où elle est accueillie à partir de février 1920 au couvent de Guntur d'une congrégation néerlandaise, la «Société de Jésus, Marie et Joseph». Elle s'occupe des soins d'une population majoritairement hindoue, dans un dispensaire adjacent au couvent, dans un contexte social très pauvre, dominé par le système des castes, où les femmes n'ont aucun droit. Désireuse de servir ses frères en se consacrant au Seigneur, elle demande à entrer dans la «Société de Jésus Marie Joseph» et prononce ses vœux perpétuels en novembre 1924, prenant le nom de sœur Marie du Sacré-Cœur. Modèle exemplaire de femme chrétienne, consacrée et engagée dans la profession médicale au service des plus démunis, elle associe à son activité médicale un engagement fort en faveur de l'évangélisation des plus fragiles, en se consacrant principalement aux femmes et aux enfants. Elle réussit à développer le dispensaire jusqu'à en faire l'actuel hôpital Saint-Joseph, qui soigne les malades de toute la province, et s'occupe également de la formation du personnel médical, infirmier et obstétrique, en transmettant les principes de l'éthique médicale catholique. En 1943, elle fonda l'Association catholique de la santé en Inde, qu'elle présida jusqu'en 1951, et, en raison de la démographie croissante, elle s'intéressa également aux méthodes de contrôle des naissances en collaborant avec le professeur John Billings, créateur d'une méthode naturelle de régulation de la fertilité. Elle fonda également l'Association catholique des hôpitaux. Atteinte d'un cancer du sein, elle mourut le 5 mai 1957 à Bangalore.
Maria de Lourdes, apôtre des personnes handicapées depuis son lit
Née en 1926 à Salto, dans l'État de São Paulo au Brésil, dans une famille d'origine italienne, Maria de Lourdes Guarda, a été contrainte de rester alitée pendant près de cinquante ans en raison d'une grave lésion à la colonne vertébrale, ce qui l'a empêchée d'entrer dans la Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Chambéry, mais pas de participer aux retraites spirituelles et aux réunions de l'Institut séculier Caritas Christi, auquel elle s'est consacrée en 1970. À seulement 21 ans, en février 1948, elle est paralysée du bas du corps et contrainte de vivre dans un corset en plâtre. Hospitalisée, elle entame une relation spirituelle intense avec les Sœurs Apôtres du Sacré-Cœur de Jésus et offre au Seigneur ses souffrances, qui s'aggravent en raison d'une maladie rénale et d'une gangrène, qui entraînent l'amputation d'une jambe. Grâce à une pratique intense de la prière, elle trouve la force de réagir avec foi à sa grave infirmité, et sa chambre d'hôpital devient un centre de réunion pour coordonner les différentes activités apostoliques. Dans la contemplation de l'Eucharistie, Maria trouve la consolation et la paix qu'elle parvient ensuite à insuffler à son prochain. Elle offre conseils et encouragements à ceux qui lui rendent visite et, pendant dix ans, elle est coordinatrice nationale de la «Fraternité des personnes handicapées», s'engageant pour l'intégration des personnes handicapées dans la société et la reconnaissance de leurs droits.
Ses souffrances s'intensifient au cours des dernières années de sa vie et, atteint d'un cancer de la vessie, elle décède le 5 mai 1996. Sa réputation de sainteté, déjà présente de son vivant, s'est accentuée après sa mort.
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