Dernier jour de la visite du Pape au Liban : un dénouement positif, même d’un point de vue œcuménique (03/12/2025)
De Nico Spuntoni sur la NBQ :
L'étreinte du Liban conclut le premier voyage de Léon XIV.
Une homélie à Beyrouth sur « la rare beauté dont le Seigneur a enrichi votre terre » et un vibrant appel à la paix aux « chrétiens du Levant » : c’est sur ces mots que Prévost fait ses adieux au Pays des Cèdres. Un dénouement positif, même d’un point de vue œcuménique.
– L’unité des Libanais, premier pas vers la construction de la paix, par Elisa Gestri

L’accueil au Liban conclut le premier voyage apostolique du nouveau pontificat. La journée a débuté par une visite à l’hôpital de la Croix, fondé par le bienheureux Yacoub el-Haddad, où Léon XIV a été accueilli par un groupe d’enfants vêtus de la soutane papale, des cardinaux et des gardes suisses. Cet établissement, l’un des plus importants du Moyen-Orient pour les personnes handicapées mentales, est géré par les Sœurs Franciscaines de la Croix du Liban. La supérieure générale, Mère Marie Makhlouf, a souhaité la bienvenue à l’illustre hôte à l’hôpital, qui, a-t-elle déclaré, « ne choisit pas ses patients mais accueille avec amour ceux que personne d’autre n’a choisis ». Outre les patients, Léon XIV a salué le personnel soignant, dont il a loué la présence, « signe tangible de l’amour compatissant du Christ ». De ce lieu, conçu par son fondateur pour les plus vulnérables de la société, le Pape a lancé un appel à toute l’humanité. « Ce que nous vivons ici », a déclaré Prevost, « est un avertissement pour tous, pour votre pays, mais aussi pour toute l'humanité », car « nous ne pouvons oublier les plus vulnérables ; nous ne pouvons imaginer une société qui court à toute allure, s'accrochant à de faux mythes de bien-être, ignorant tant de situations de pauvreté et de fragilité. »
Quittant Jal Ed Dib pour le port de Beyrouth, le pape a prié en silence sur le site de l'explosion de 2020 qui a fait plus de 200 morts et plus de 7 000 blessés. L'un des moments les plus émouvants a été sa rencontre avec les familles des victimes et les survivants. Son dernier engagement au Liban a été la messe célébrée sur les quais de la capitale devant 150 000 fidèles accueillis par le pontife lors de sa visite en papamobile. S'adressant au peuple libanais, Léon XIV a évoqué la « rare beauté dont le Seigneur a enrichi votre terre », où, cependant, « vous êtes aussi, spectateurs et victimes, de la façon dont le mal, sous ses multiples formes, peut ternir cette magnificence ». Son homélie a souligné les difficultés que traverse actuellement le Liban, en proie à l'instabilité politique et à la crise économique. « Dans un tel contexte », a observé Prévost, « la gratitude cède facilement la place au désenchantement, le chant de louange ne trouve pas sa place dans le désespoir du cœur, la source d'espoir se tarit sous l'effet de l'incertitude et du désarroi ». Il a exhorté le peuple libanais à ne pas se laisser submerger par ces souffrances. « La Parole du Seigneur », a déclaré le Pape, « nous invite à trouver les lueurs d'espoir au cœur de la nuit, à la fois pour nous ouvrir à la gratitude et pour nous inciter à un engagement commun envers cette terre. »
Ses derniers mots, cependant, étaient consacrés à la paix. À la fin de la messe, s'adressant aux « chrétiens du Levant », Léon XIV a déclaré : « Lorsque les résultats de vos efforts de paix tardent à se manifester », nous devons « lever les yeux vers le Seigneur qui vient ». Selon le pape, « le Moyen-Orient a besoin d'une nouvelle attitude, de rejeter la logique de la vengeance et de la violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix ». Il a lancé un appel à changer de cap, à emprunter la voie de la paix et à abandonner « la voie de l'hostilité mutuelle et de la destruction dans l'horreur de la guerre ».
Sur le vol de retour vers Rome, le pape a répondu aux questions des journalistes. Il a évoqué le conclave et a révélé qu'au moment de son élection, il avait pris une profonde inspiration et s'était dit : « Te voici, Seigneur, tu es aux commandes et tu guides le chemin. » Concernant son prochain voyage, il a indiqué vouloir se rendre en Afrique, probablement en Algérie, sur les traces de saint Augustin. Concernant les conflits au Moyen-Orient, il a déclaré vouloir préserver la confidentialité des efforts de médiation du Saint-Siège. Interrogé sur le message que lui avait adressé le Hezbollah libanais, il a affirmé que « la proposition de l’Église est qu’ils déposent les armes et recherchent le dialogue ». Au sujet de la guerre en Ukraine, le pape a soutenu que « le rôle de l’Italie pourrait être crucial ». Ses propos sur le Chemin synodal allemand étaient significatifs. « Je crains, a-t-il dit, que de nombreux catholiques en Allemagne estiment que certains aspects du Chemin synodal célébré jusqu’à présent en Allemagne ne correspondent pas à leurs espoirs pour l’Église ni à leur manière de vivre l’Église ». Pour Prevost, « il est nécessaire de poursuivre le dialogue et l’écoute en Allemagne même, afin qu’aucune voix ne soit exclue, afin que les voix des plus puissants ne fassent pas taire celles de ceux qui, bien que très nombreux, n’ont pas la possibilité de s’exprimer. Afin que leurs voix et leurs expressions de participation à la vie de l’Église soient entendues. »
Le premier voyage apostolique de Léon XIV s'est achevé sur une note positive, notamment sur le plan œcuménique, où le nouveau pape semble réserver un dialogue privilégié aux Églises orthodoxes, à l'instar de son prédécesseur Benoît XVI. En se rendant dans un pays majoritairement musulman comme la Turquie, le pontife américain a démontré sa capacité à interpréter l'appel au dialogue interreligieux sans recourir à des gestes théâtraux ou à la flatterie. C'est dans cette perspective que doit s'inscrire sa décision (courageuse) de ne pas accepter l'invitation du muezzin Asgin Tunca à s'arrêter pour prier près du mihrab .Ils ont préféré se limiter à une visite respectueuse du lieu de culte. Un point noir du voyage, malheureusement, fut la scène observée à bord de l'avion papal, due aux tentatives habituelles de certains journalistes pour attirer l'attention, avec des cadeaux de mauvais goût et des flatteries excessives. Il serait souhaitable de voir plus de sobriété et moins de folklore en ces occasions, afin de garantir l'impartialité nécessaire à la couverture médiatique du Pape et du Vatican.
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