Françoise-Xavière Cabrini : sainte patronne des migrants et première sainte catholique des États-Unis (22/12/2025)

De Thomas Belleil sur 1000 raisons de croire :

Françoise-Xavière Cabrini, une vie donnée sans mesure

Fondatrice des Sœurs missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus à la fin du XIXe siècle, Françoise-Xavière (Francesca Saverio) Cabrini implanta des hôpitaux, des orphelinats et des écoles aux quatre coins du monde. Cette missionnaire à la santé fragile mais au cœur enflammé se dépensa corps et âme au service des Italiens immigrés aux États-Unis, qui vivaient dans la misère, jusqu’à mourir d’épuisement le 22 décembre 1917. Canonisée en 1946 par le pape Pie XII, elle devint la sainte patronne des migrants et la première sainte catholique des États-Unis.


Les raisons d'y croire

  • Née prématurée le 15 juillet 1850, sujette à la fièvre maligne, Francesca Saverio souffrit toute sa vie d’une santé très fragile, au point qu’elle ne sera acceptée dans aucun couvent. Pourtant, malgré sa faible constitution, Francesca traversera trente fois l’océan, établissant des fondations de la congrégation qu’elle fonda aux confins du monde. L’ampleur de l’œuvre missionnaire de sœur Cabrini et l’énergie dont elle fit preuve pour secourir les pauvres sont proprement surnaturelles au regard des forces physiques limitées qui étaient les siennes depuis sa naissance.
  • Dès son plus jeune âge, Maria Francesca se sentit appelée à la vie religieuse et vécut, tout au long de sa vie, une intimité profonde avec Dieu, particulièrement à partir de sa confirmation, où elle fit l’expérience sensible de l’Esprit Saint. Très tôt, elle perçut cet appel du Christ à se donner sans partage « pour le Royaume des cieux » ( Mt 19,12 ). À l’âge de onze ans, répondant librement à cette grâce, elle se consacre à Dieu par un vœu de chasteté, engageant toute sa vie dans un don radical au Seigneur.
  • Intensément active dans l’évangélisation et l’œuvre sociale, sœur Cabrini accorda toujours une grande place à la vie de prière, source de la fécondité de son action. Avant même d’être religieuse, Maria Francesca faisait oraison cinq heures par jour. Son rayonnement spirituel fut tel qu’il attira autour d’elle une multitude de jeunes femmes qui rejoignirent sa congrégation.
  • Toute sa vie, et même dès l’enfance, Francesca fut dévorée d’un profond amour du prochain, enraciné dans son amour du Christ. Elle n’hésita pas à quitter le confort de son Italie natale pour donner sa vie au service des plus miséreux, dans un pays qui lui était inconnu.
  • Sœur Cabrini fit preuve toute sa vie d’une bonté et d’un dévouement aux autres proprement extraordinaire, malgré les nombreuses épreuves qu’elle traversait elle-même. Supérieure d’une congrégation au rayonnement mondial, elle fut toujours disponible pour chacune de ses sœurs. À la veille de sa mort, gagnée par l’épuisement, Françoise-Xavière donna ses dernières forces pour distribuer aux enfants défavorisés des cadeaux de Noël. Sa vie entière donne chair à la parole du Seigneur : « Aimer son prochain comme soi-même. »
  • Refusée de tous les monastères où elle postula, en raison de sa santé précaire, sœur Cabrini fonda sa propre congrégation : les missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus. Elle fut envoyée en Amérique pour remédier à la détresse matérielle, spirituelle et morale des 50 000 Italiens émigrés aux États-Unis. Partant de rien, arrivée à New York avec six sœurs dans une maison misérable, Maria Francesca, véritable génie de l’organisation, fonda des hôpitaux, des écoles et des orphelinats dans toute la Nouvelle Italie, puis dans l’ensemble des États-Unis, sur tout le continent américain, et même au-delà. Aujourd’hui, la congrégation de sœur Cabrini continue à servir l’Église dans le domaine de l’éducation, des soins médicaux et de l’évangélisation, en Amérique, en Europe, en Australie, aux Philippines et en Afrique.
  • En 1921, dans un hôpital new-yorkais fondé par Françoise-Xavière Cabrini, Peter Smith devient aveugle quelques heures après sa naissance, lorsqu’une infirmière projette par accident du nitrate d’argent dans ses yeux, détruisant ses cornées. La directrice de l’établissement pose une relique de sœur Cabrini sur les yeux du nourrisson, tandis que les religieuses prient toute la nuit. Le lendemain, contre toute attente, l’enfant est totalement guéri, sans séquelles. Devenu adulte, Peter Smith assiste à la béatification et à la canonisation de Françoise-Xavière Cabrini, avant de devenir prêtre.

En savoir plus

Née le 15 juillet 1850 à Sant’Angelo Lodigiano, près de Milan, Maria Francesca Cabrini grandit dans une famille de cultivateurs profondément croyante, au sein de laquelle la prière, la charité et l’écoute des récits missionnaires nourrissent très tôt l’imaginaire et le cœur des enfants. Lors des veillées familiales, on évoque les terres lointaines où l’Évangile est annoncé au prix de grands sacrifices. La jeune Maria Francesca, fascinée par la figure de saint François Xavier , contemple souvent une mappemonde, rêvant de porter un jour le Christ aux nations lointaines, et notamment à la Chine.

Orpheline à l’âge de vingt ans, elle cherche naturellement à répondre à cet appel intérieur en entrant dans la vie religieuse. Mais ses démarches se heurtent à des refus répétés. Ces épreuves, loin de l’abattre, orientent progressivement sa vocation vers une voie inattendue. Elle embrasse la profession d’institutrice, puis accepte, sur la demande de ses pasteurs, une mission délicate à la Maison de la Providence de Codogno, où elle est chargée à la fois de former des jeunes filles et de restaurer une vie communautaire fragilisée. Là, sous son impulsion, se dessine peu à peu une véritable communauté religieuse, structurée autour d’une vie de prière intense, d’une discipline simple et d’un profond esprit de charité.

Avec l’appui de l’évêque de Lodi, Maria Francesca prononce ses vœux avec quelques compagnes et se voit confier la responsabilité de supérieure. Lorsque la Maison est contrainte de fermer, l’évêque l’invite à fonder elle-même un institut missionnaire. Elle accepte sans hésitation, convaincue que Dieu ouvre un chemin là où les portes semblent se refermer. Le 14 novembre 1880 naît ainsi l’institut des Sœurs missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus, placé sous le patronage de saint François Xavier et entièrement orienté vers la glorification du Cœur du Christ et le service des plus pauvres.

L’institut se développe rapidement. Son immense confiance en Dieu lui permit de surmonter des obstacles et de relever des défis colossaux : « Avec Dieu, tout est possible ! », disait-elle sans cesse. De nouvelles fondations voient le jour, des orphelinats et des écoles ouvrent leurs portes, et les vocations affluent. Désireuse d’assurer un avenir solide à son œuvre, mère Cabrini se rend à Rome, où elle obtient, non sans épreuves, l’approbation des règles de sa congrégation par le pape Léon XIII. C’est à cette période qu’elle rencontre Mgr Scalabrini, profondément préoccupé par la détresse matérielle et spirituelle des milliers d’Italiens émigrés aux États-Unis. Sur l’invitation pressante du Saint-Père, elle accepte de quitter l’Europe pour se rendre en Amérique.

Arrivée à New York en 1889 avec six sœurs, mère Cabrini découvre une situation humaine et ecclésiale extrêmement difficile. Mal accueillie, privée de ressources, elle choisit néanmoins de demeurer, convaincue d’agir par obéissance et par fidélité à la volonté de Dieu. Très vite, elle se met au service des familles italiennes déracinées, ouvrant des œuvres éducatives et caritatives adaptées à leurs besoins. Son sens pratique, sa ténacité et sa foi inébranlable permettent à la congrégation de prendre un essor remarquable. Des hôpitaux, des écoles, des pensionnats et des orphelinats se multiplient dans les grandes villes américaines, puis sur tout le continent.

Malgré l’ampleur de ses responsabilités, mère Cabrini demeure une femme profondément intérieure. Elle exhorte sans cesse ses sœurs à cultiver l’esprit de prière, l’union fraternelle et l’abandon confiant dans la Providence. Très maternelle, attentive à chacune, elle entretient avec elles une correspondance suivie et veille à leur bien-être physique et spirituel. Sa charité, enracinée dans le Cœur du Christ, s’exprime aussi bien dans les grandes décisions que dans les gestes les plus simples du quotidien.

Épuisée par des années de labeur et de voyages incessants, Françoise-Xavière Cabrini s’éteint à Chicago le 22 décembre 1917, après avoir consacré ses dernières forces au service des plus pauvres. Son œuvre, cependant, lui survit largement. La congrégation des Sœurs missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus poursuit aujourd’hui encore sa mission dans de nombreux pays, au service de l’éducation, des soins et de l’évangélisation. Béatifiée en 1938 puis canonisée en 1946, sainte Françoise-Xavière Cabrini demeure pour l’Église un modèle de confiance audacieuse, de charité concrète et de fidélité missionnaire.

Thomas Belleil, auteur de livres de spiritualité, diplômé en sciences religieuses à l’École Pratique des Hautes Études et en théologie au Collège des Bernardins.


Aller plus loin

Alejandro Monteverde, Sur les pas de la première sainte américaine, mère Cabrini, SAJE, 2024.


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