TEPCO, fauteur d'apocalypse (16/03/2011)

Patrice de Plunkett (ICI) commente sur son blog les informations faisant état des graves négligences dont le géant de l'industrie nucléaire japonaise s'est rendue coupable avec les conséquences que l'on sait...

Un vent de panique nucléaire se lève sur le Japon. Bruxelles parle d'« apocalypse ». Les médias occidentaux rapatrient leurs envoyés spéciaux. Les navires de guerre US venus prêter main-forte repartent vers le large. Et les habitants de Tokyo (stoïques jusqu'ici) donnent les premiers signes d'affolement. Tepco, la multinationale opératrice de la centrale de Fukushima Dai-ichi, vient en effet de déclarer que « des brèches » s'ouvrent dans l'enceinte extérieure du bâtiment du réacteur n°4, libérant directement de la radioactivité dans l'atmosphère.

On découvre alors que Tepco, géant de l'industrie nucléaire (premier producteur mondial d'électricité), est une firme suspecte depuis des années.

Fondée en 1951, Tokyo Electric Power Company,(3 centrales nucléaires, plus des centrales hydroélectriques, des parcs éoliens et une centrale géothermique) a été plusieurs fois accusée de et de falsification de documents. En avril 2003, le gouvernement japonais ordonnait à Tepco de fermer tous ses réacteurs nucléaires pour un contrôle de sécurité après la découverte de documents falsifiés.

Le 16 juillet 2007, le séisme de Chuetsu-oki (magnitude 6,8) endommageait une centrale nucléaire de Tepco dans la région de Niigata. On constatait alors que les concepteurs de la centrale avaient sous-estimé des deux tiers la puissance des séismes possibles, et minimisé en proportion les investissements de sécurité. Un rapport sévère était déposé en ce sens par le sismologue Katsuhiko Ishibashi, conseiller du gouvernement pour la sécurité nucléaire anti-séismes.

En ce mois de mars 2011, après le séisme-tsunami et pendant la catastrophe nucléaire de Fukushima Dai-ichi (l'une des 25 plus grandes du monde), Tepco envoie des informations contradictoires à l'AIEA et donne au public japonais des renseignements vagues et parcimonieux. Or Fukushima Dai-ichi est la première centrale japonaise à avoir été entièrement conçue par Tepco. Construisant cette centrale au bord des eaux les plus dangereuses de la planète, Tepco a-t-elle sous-estimé la puissance possible des tsunami comme elle avait sous-estimé celle des séismes ? C'est la rumeur qui monte au Japon. Rappelons qu'en 1986, lors de la catastrophe de Tchernobyl (dont celle de Fukushima pourrait devenir l'équivalent), les idéologues libéraux martelaient comme une évidence : «Ce n'est pas un accident nucléaire, c'est un accident soviétique. Ce qui est en train d'arriver au Japon montre que les multinationales du capitalisme ne sont pas plus fiables que la défunte URSS. A une différence près : l'URSS était une puissance pauvre ; les multinationales sont des puissances aveugles.

[1] Le Figaro, 14 mars 2011 : Quand le géant du nucléaire japonais cachait des incidents.

07:09 | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook | |  Imprimer |