La Libre Belgique a jugé Monseigneur Léonard (13/10/2011)

Le mensuel « Pastoralia » (revue du diocèse de Malines-Bruxelles) publie depuis le mois de mai une série d’articles de Mgr Léonard sur le sacrement du mariage. Dans le numéro d’octobre, l’archevêque aborde le problème des personnes divorcées et remariées. Il écrit notamment que ces derniers « peuvent et même doivent participer à la vie de l’Église sous ses divers aspects. Ils ne sont en aucune manière excommuniés! ». Mais ajoute ensuite qu’ « Ils éviteront cependant de solliciter des tâches qui les mettraient en position délicate de porte-à-faux, comme l’enseignement de la religion, par exemple, ou la direction d’une école catholique. »

 L’archevêque rappelle simplement ici une loi morale imprescriptible de l’Eglise de Dieu : les divorcés remariés sont en contradiction objective et publique avec le prescrit de l’évangile (cfr St Marc, ch. 10, 1-12) relatif au mariage. Lorsqu’il leur demande de s’abstenir de communier au corps du Christ dans cet état ou, sur un autre plan, d’assumer une fonction impliquant une responsabilité spécifique dans le témoignage de la Parole du Christ, le pasteur s’adresse à leur conscience de chrétiens. Ceci est particulièrement vrai pour les éducateurs en charge d’un cours de religion ou de la direction d’une école catholique.

 En Europe occidentale,  où la foi s’évapore toujours plus depuis la fin des années 1960, ces propos font évidemment scandale (en Belgique, un mariage sur deux au moins se termine aujourd’hui par un divorce).

 Comme le rapporte la Libre Belgique de ce jour, les responsables des secrétariats flamand et francophone (Segec) de l’enseignement catholique s’offusquent de conserve avec l’Union des fédérations des associations de parents de l’enseignement catholique (Ufapec) et le professeur Edouard Delruelle (Ulg) co-directeur du centre pour l’égalité des chances. Dans une réaction totalement biaisée le Segec déclare notamment "Ces propos nous semblent difficilement compatibles avec le droit du travail. Il ne peut y avoir de discrimination à l’embauche » et poussant l’intimidation encore plus loin, le professeur Delruelle ajoute : « On pourrait considérer qu’avec l’autorité morale qui est sienne, l’archevêque a fait une sorte d’injonction aux PO de discriminer les divorcés. Dans ce cas, ses propos pourraient être considérés comme une incitation à la discrimination sur base de l’état civil, selon la loi de 2007 »

 A ce point de caricature on se demande qui est vraiment discriminé : le rappel de l’archevêque n’est pas une injonction adressée aux pouvoirs organisateurs de l’enseignement catholique mais, dans le cadre d’une catéchèse religieuse, un rappel de la loi divine à  la conscience des chrétiens divorcés remariés. Comme l’a très bien remarqué Jeroen Moens s’exprimant au nom de Mgr Léonard  celui-ci «  a surtout voulu insister sur le problème de conscience qui peut se poser aux chrétiens convaincus qui ont connu les affres d’un divorce : leur situation nouvelle est-elle conciliable avec la transmission du message ? S’ils estiment en âme et conscience pouvoir remplir leur mission en donnant le cours de religion ou en dirigeant une école catholique, il ne s’opposera pas en tant quel à leur nomination » et il en va de même pour la réception de l’eucharistie : « Aucun prêtre ne refusera en tant que tel de donner le Corps du Christ et Mgr Léonard sait comment ça se passe sur le terrain. Mais il estime personnellement qu’il doit le déconseiller" de même que "beaucoup se scandalisent - et ils n’ont pas tort - de voir s’approcher de la communion des baptisés connus pour leur comportement moral, social, économique ou politique contestable. Par exemple, des personnes vivant manifestement en concubinage sans être mariées ou des personnes malhonnêtes en affaires, etc. Par son enseignement, l’Eglise doit éclairer la conscience de ces personnes et les avertir de la nécessité et du pardon avant de recevoir le Corps du Christ"

 Le Centre pour l’égalité des chances  s’immiscera-t-il aussi demain, au nom de la défense des personnes discriminées, dans la réglementation relative à la réception de la communion ?  

 Plaisanterie mise à part, la vraie question est de savoir si un successeur des apôtres doit plaire à Dieu ou sacrifier aux dieux de la  « religion séculière » qui s’installe dans les pays post-chrétiens. Certains ont déjà choisi.

 Le coup de pied de l’âne est dans le titre de l’article signé par Christian Laporte : Divorcés : Mgr Léonard dérape

 

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