Réaffecter ou élargir l’affectation des bâtiments du culte ? (26/10/2011)

Salle Bourgie.jpgCe jeudi 27 octobre un projet de réaffectation de l’église Sainte-Foy à Liège sera présenté, à titre informatif, au Comité de quartier de Saint-Léonard de la métropole wallonne. Selon l’organiste Serge Schoonbroodt, promoteur de ce projet, il s’agirait de transformer cette église en un lieu « de rencontre, de culture et de foi » et de mixité communautaire où chacun respecte la pensée de l'autre.

Voici l’exposé des motifs de ce projet :

« Liège compte de nombreuses églises, la plupart toujours en activité, d'autres désacralisées, certaines abandonnées. Force est de constater que la fréquentation des églises par les fidèles est en diminution constante. Depuis longtemps on se pose la question de l'utilisation future de certains de ces lieux. La question se pose surtout pour des églises au caractère patrimonial mineur, à l'architecture moins remarquable, qui n'attirent l'attention ni des autorités publiques ni du grand public.

Et pourtant les bâtiments existent et sont aussi des témoins d'un temps révolu. Entretenir, restaurer et conserver ces églises demandent des moyens considérables qui se justifient difficilement dans le contexte de la diminution de la fréquentation du culte, mais aussi des contingences de la crise économique actuelle. Du projet de restaurer le splendide orgue Pereboom est venue l'idée de faire de Sainte-Foy un lieu culturel, un espace dans lequel cohabiteraient culture et culte. Sainte-Foy ouvrirait ainsi davantage encore ses portes et accueillerait la diversité culturelle et sociale que reflète son quartier. D'autres pays, d'autres sanctuaires ont adopté l'idée. Ici ce serait le premier du genre à Liège : faire cohabiter en un seul et même lieu des cultures et pensées différentes. En clair, on aménage l'église tout en conservant sa structure originale. Des éléments nouveaux se greffent sur les parties anciennes.Les paroissiens devraient voir très favorablement pareil partage de l'espace et l'activité liturgique ne pourrait qu'en être stimulée. D'un autre côté, les autres participants à l'expérience trouveraient à Sainte-Foy un lieu d'accueil. La réalisation de ce projet dépend de la bonne volonté des autorités religieuses et civiles, mais aussi des différents acteurs culturels du quartier ».

A première vue et jusqu'à plus informé, ce projet s’apparente plus à la transformation d’une église en un immeuble à appartements, où chacun des cohabitants entretiendrait des relations de bon voisinage avec les autres, qu’à un véritable projet intégré autour d’une finalité proprement religieuse.

Face à la désertification des lieux de la foi dans nos contrées, trois solutions sont en effet possibles : les plus radicales consistent à les démolir ou à les réaffecter (photo) -entièrement ou partiellement- à des fonctions purement séculières : c’est la tentation d’une Eglise malade qui désespère de guérir.

Ceux qui n’ont pas  "laissé toute espérance", comme Dante au seuil du troisième Chant de l’Enfer,  choisissent de doter simplement le sanctuaire d’un parvis des gentils pour accueillir des activités culturelles (expositions, conférences, concerts, cours de chant etc.) en symbiose avec la finalité cultuelle proprement dite. Ce ne peut être qu’une pierre d’attente, celle du jour où nos diocèses en crise s'ouvriront enfin, sans réticence, à l’œuvre missionnaire des pays ou des congrégations nouvelles qui ont reçu la grâce qui leur a été retirée.   

C’est un peu en ce sens que, voici bientôt 8 ans, l’ asbl « Sursum Corda » a choisi, avec l’aide de trois cents amis, de relever un défi auquel l’évêché de Liège s’est refusé à faire face : sauver, au cœur de la Ville du Saint-Sacrement, l’église du même Nom, qui est spécialement dédiée à l’adoration eucharistique. Ce bel édifice classé du XVIIIe siècle, l’asbl a d’abord du payer son rachat (300.000 €) à l’association diocésaine qui l’avait mis en vente au plus offrant. Ensuite, elle a entrepris de mettre en œuvre l’objectif convenu : organiser et pérenniser l’affectation de l’église au triple service du culte, de la culture et de la conservation du patrimoine religieux liégeois. Pareil engagement (un peu à rebours de la désacralisation ambiante) a peut-être –qui sait ?- quelque chose de prophétique pour répondre aux problèmes que pose le désamour entre la religion et la société sécularisée d’aujourd’hui. Pour en savoir plus sur cette expérience lire ici : Sursum Corda: le rapport annuel

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