"Encadrer" les blogueurs catholiques ? (26/11/2011)

Jean-Marie Guénois (http://blog.lefigaro.fr/religioblog) se penche sur les problèmes de communication que rencontre l'Eglise. Il déplore notamment le caractère pesant du style de l'exhortation "Africae munus" peu susceptible d'être accessible à un large public alors que les messages du pape lors de son voyage au Bénin sont clairs et directs. Il revient également sur la journée consacrée à la "com" au Vatican avec la participation de cinq journalistes et où les responsables du Vatican ont passé au crible de la critique le mode de communication durant les trente dernières années. C'est bien nécessaire quand on se souvient de plusieurs circonstances où, faute de communication adéquate, des déclarations ou des décisions de Rome se sont heurtées à l'incompréhension, sinon à l'hostilité, générale. Enfin, le journaliste du Figaro fait écho à une déclaration assez surprenante du Père Gagey (Institut catholique de Paris) lors de la dernière Assemblée des évêques de France à Lourdes concernant les blogueurs catholiques qu'il conviendrait de "former". Laissons la parole à Jean-Marie Guénois qui, mieux que nous pourrions le faire, défend l'indépendance des blogueurs en question :

"Parmi les multiples sujets de cette assemblée, un groupe de travail, « Internet et l'Eglise », était particulièrement intéressant.

Mais les conclusions de la conférence de l'expert théologique, le P. Henri-Jérôme Gagey de l'institut catholique de Paris m'ont laissé perplexe quand il a affirmé et confirmé en conférence de presse, qu'il convenait « de former les blogueurs catholiques ».

"Il existe en effet, comme dans toutes les religions, une petite centaine de blogueurs catholiques en France, un phénomène très actif à prendre en compte. Ils sont particulièrement dynamiques et de sensibilité plutôt classique. Ils échappent en tout état de cause à la hiérarchie épiscopale. Ce qui n'est pas sans inquiéter les évêques quand il s'agit de prêtres. Un évêque remarquait en effet qu'un curé blogueur dépasse de loin, par ce qu'il écrit, sa responsabilité canonique territoriale paroissiale...

RISQUE DE CAPORALISME

Etrange idée toutefois que de vouloir « former » des blogueurs catholiques. Le P. Gagey pense-t-il que ces blogueurs ne pensent pas comme il faut ? Cela serait inquiétant. Ou s'inscrit-il dans un schéma ecclésial totalement dépassé, celui de « l'encadrement » où la structure entend non seulement formater une pensée mais aussi exercer son contrôle?

Beaucoup d'évêques ont heureusement aussitôt compris l'inanité de cette idée en mettant en garde le P. Gagey contre le risque de « caporalisme » (sic). Il n'a pas lieu d'être dans l'Eglise catholique. Il est surtout totalement impraticable, pour qui connaît le sujet, sur la toile internet caractérisée par la liberté absolue et l'initiative individuelle.

Cette armée d'électrons libres peut certes déplaire à l'Eglise catholique, l'embarrasser ou la gêner tels des aiguillons. Mais elle lui rend un service qu'elle n'imagine pas sur la toile en assurant une présence « catholique » non officiel et très tonique. Car le propre des blogs et autres tweets est justement leur « a-institutionnalité ». Ils sont nés libres et doivent le rester.

Loin de s'opposer, ils complètent la communication institutionnelle - elle-même en cours de réforme - de l'Eglise catholique comme évoqué en première partie de ce blog. J'observe que cette grosse institution a saisi que les règles avaient changé.

Plus encore que d'autres institutions internationales comparables, l'Eglise catholique - mais aussi les autres religions  - parce qu'elles relient des gens et des communautés partageant une même foi sont particulièrement traversées et perméables par nature, à cette nouvelle culture de rapidité, de partages, et d'échanges d'informations, et surtout d'horizontalité qui caractérisent les réseaux sociaux."

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