Italie : une nouvelle sortie du cardinal Martini (03/04/2012)

martini_152.jpgL’ancien archevêque de Milan, le jésuite Carlo Maria Martini (85 ans) fait partie de la vieille garde conciliaire. Il vient de se déclare en faveur de la reconnaissance par l'Etat des "mariages" entre homosexuels. Ceci a été rapporté ces derniers jours par de nombreux journaux italiens, donnant un grand relief à la nouvelle.

Commentaire de Mario Palmaro dans « La Bussola Quotidiana » du 30 mars, relayée par notre consoeur du blog « Benoît et moi (extraits) :

« (…) Qu'a écrit, exactement, le cardinal Martini? Le texte est tiré du livre 'Credere e conoscere' (croire et connaître), publié par Einaudi, écrit en dialogue avec l'ancien sénateur du PD (Partito Democratico, gauche) Ignazio Marino.(…). Voici le passage incriminé: "Je crois que la famille doit être défendue parce que c'est vraiment ce qui soutient la société de manière stable et permanente, et pour le rôle fondamental qu'elle exerce dans l'éducation des enfants. Toutefois, il n'est pas mauvais qu'à la place de rapports homosexuels occasionnels, deux personnes aient une certaine stabilité et, par conséquent, en ce sens, l'Etat pourrait aussi les favoriser" (…)

Le cardinal Martini écrit précisément que l'Etat doit aider les homosexuels à stabiliser leur relation. Il théorise une page inédite du catéchisme catholique, en soutenant que - touts comptes faits - plutôt que d'avoir des relations occasionnelles et superficielles, les personnes homosexuelles s'engagent de manière sérieuse et prolongée, grâce à une institution mise en place par l'Etat. C'est plus clair comme cela.

La Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié non pas un, mais deux documents pour enseigner le contraire, et dire qu'un politicien, a fortiori catholique, ne peut pas soutenir une proposition de loi qui prévoit la reconnaissance des unions homosexuelles. Ergo: Martini et l'Eglise enseignent des choses différentes. (…). Et c'est là que s'insère la grave erreur de fonctionnement du monde catholique officiel: faite de silences gênés, de défenses douloureuses dans une tentative impossible d'homogénéiser ce qui a été dit par le cardinal et ce qui est enseigné par l'Eglise durant toutes ces années (…). Si un pasteur enseigne des choses fausses dans une matière qui ne souffre pas de discussion - et sans aucun doute, c'est le cas ici - les fidèles ont le droit d'être aidés à reconnaître l'erreur, et l'auteur de l'erreur doit être démasqué pour le bien de chaque croyant. Plus: seules les personnes de mauvaise foi ou les idiots peuvent prétendre ne pas remarquer que les sorties "aperturistes" dont le cardinal Martini [est coutumier] secouent l’'Eglise dans tous ses replis, et rendent encore plus fertile le sous-bois déjà luxuriant des petites et grandes hérésies paroissiales.
Désormais, les prêtres et les catéchistes, les religieuses et les théologiens qui veulent être "possibilistes" sur les unions entre personnes du même sexe ont l'appui des paroles d'autorité du "bibliste Martini"; et ils offriront le livre écrit à quatre mains avec Marino aux conseils de paroisse, "car alors au moins, ils se feront une idée et auront droit à la provocation". Et ils inviteront le médecin-Marino ("qui est catholique, entendons-nous") à tenir quelque belle conférence avec Enzo Bianchi. (ndlr prieur de la communauté interconfessionnelle de Bose en Italie). Sans exagération et sans animosité, nous disons nous, catholiques de Voghera: Rome, nous avons un problème. Faites vite, aidez-nous »  L’article complet ici : Quand un cardinal est en désaccord avec l'Eglise

En 2002, atteint par l’âge de la retraite,  Martini s’était, selon ses dires, «  retiré à Jérusalem pour prier et se consacrer à ses études bibliques ». Mais lors du conclave de 2005, à 78 ans, il était toujours cardinal électeur et éligible au souverain pontificat : les progressistes avaient espéré qu’il succède à Jean-Paul II, alors qu’il souffrait déjà de la maladie de Parkinson, celle-là même qui avait emporté le pape Wojtyla. En 2008, Martini quitte la Terre Sainte et rentre en Italie : sa maladie, qui s’est aggravée, se conjugue néanmoins toujours avec une logorhée contestataire portée par tous les anciens combattants inspirés par l’esprit du concile.

Les Jésuites utilisent, paraît-il, une très belle expression pour indiquer le rôle de ceux qui sont à la retraite : "ils prient pour la Compagnie". Le P. Scalèse, un peu cruel, conclut en commentaire d’une précédente sortie de Martini sur des sujets de société : « A plus forte raison, un Cardinal jésuite devrait, selon moi, faire vraiment cela : prier pour l'Église et pour ses Ordres religieux, plutôt que d'aller chercher de nouvelles chaires médiatiques pour y pontifier »

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